Les prisonniers politiques palestiniens entament leur quatrième semaine de grève de la faim

Photo : Ahmad Al-Bazz/ActiveStills
Les Palestiniens de la ville de Naplouse, en Cisjordanie, manifestent en solidarité avec les prisonniers politiques le 16 avril, la veille de la Journée des prisonniers palestiniens et d'une grève massive de la faim dans les prisons israéliennes - Photo : Ahmad Al-Bazz/ActiveStills
Ma’an News – Une grève de la faim de masse en cours dans les prisons israéliennes a atteint sa troisième semaine dimanche, alors que les autorités israéliennes ont appliqué de dures mesures répressives contre les prisonniers qui refusent de s’alimenter, alors que l’état de santé de nombreux grévistes de la faim continue de décliner.

Un nombre croissant de grévistes souffrent de perte d’équilibre, d’atrophie musculaire et d’une fatigue importante.

Depuis environ 1500 prisonniers politiques ont entamé la grève de la faim je Jour des prisonniers palestiniens le 17 avril, revendiquant des droits fondamentaux. Le Service pénitentiaire israélien (IPS) a depuis imposé une série de mesures répressives visant à briser la grève de la faim .

De nombreux grévistes se sont notamment retrouvés en isolement cellulaire, et d’autres ont été dispersés dans le réseau israélien de prisons. Les transferts arbitraires d’une prison à l’autre sont une tactique habituelles de l’IPS visant à casser la résistance des prisonniers palestiniens.

Certains prisonniers ont été transférés quatre fois depuis le début de la grève, selon le réseau de solidarité des prisonniers palestiniens Samidoun.

Le Comité palestinien des affaires des prisonniers a rapporté dimanche que 30 prisonniers palestiniens ont été transférés depuis diverses prisons d’Israël vers la prison d’Ashkelon dans le district sud d’Israël [Palestine de 1948].

Parmi ceux qui ont été transférés se trpuvaient le secrétaire général du Front populaire pour la libération de la Palestine (PFLP), Ahmad Saadat, le responsable du comité des prisonniers du Hamas, Abbas al-Sayyid, l’ancien gréviste de la faim et journaliste Muhammad al-Qiq, le prisonnier palestinien le plus ancien Nael Barghouthi, et le dirigeant du PFLP, Ahed Abu Ghoulmeh – qui ont tous rejoint la grève ce jeudi, le 18ème jour.

Samidoun a également signalé que l’IPS avait prévu de transférer dimanche 10 prisonniers de la prison d’Ohalei Kedar à la section 10 de la prison d’Eshel.

Le Comité des médias de la grève de la faim a en outre déclaré que les responsables de l’IPS dans la prison de Ramle avaient refusé d’envoyer à l’hôpital des prisonniers en rève de la faim dont la santé s’était sérieusement détériorée.

Le Comité a cité les prisonniers de la faim Ammar Mardi et Ratib Hreibat, que l’avocat du PPS a pu visiter à Ramle pour la première fois dimanche, affirmant que l’IPS a incarcéré les grévistes de la faim dans des “cellules de prison qui ne remplissent pas les conditions minimum pour la vie humaine”.

Les deux prisonniers ont déclaré à leur avocat que les forces de l’IPS ont envahi violemment leurs cellules tous les jours dans le but de “les épuiser, les provoquer et les contraindre à mettre fin à leur grève de la faim”.

Les prisonniers ont ajouté qu’ils n’avaient été autorisés à sortir dans la cour de la prison que trois fois depuis le début de leur grève il y a trois semaines.

Pendant ce temps, une cour militaire israélienne a accusé dimanche les avocats palestiniens de servir de “canaux de communication” entre les dirigeants emprisonnés de la grève de la faim pour coordonner le mouvement de masse, a rapporté le site d’information en langue hébraïque NRG.

En plus des transferts forcés et de la mise en isolement, les grévistes de la faim ont également fait face à des agressions, des raids nocturnes dans leurs cellules, la confiscation de biens personnels, y compris le sel – car les grévistes ne consomment que du sel et de l’eau – des conditions d’incarcération infra-humaines et l’interdiction de voir un avocat et leurs familles.

Samer Issawi, un représentant des grévistes de la faim affiliés au Front démocratique pour la libération de la Palestine (DFLP), a déclaré qu’il ne participerait pas aux négociations avec l’IPS – bien qu’il ne soit pas clair si les autorités israéliennes avaient réellement tenté de l’engager dans des négociations.

Néanmoins, Issawi a affirmé dans un communiqué transmis par le DFLP que le seul autorisé à mener les négociations était le dirigeant de la grève de la faim, le prisonnier affilié au Fatah, Marwan Barghouthi.

Issawi a confirmé son attachement à l’unité de la grève de la faim derrière ses dirigeants, tandis que Ibrahim Mansour, le responsable du comité des prisonniers affiliés au DFLP a affirmé que les prisonniers continueraient leur grève de la faim jusqu’à ce que leurs demandes soient satisfaites.

Issawi avait déjà annoncé que les prisonniers affiliés au DFLP commenceraient à refuser l’eau dimanche si l’IPS continuait à ignorer les demandes des grévistes de la faim, mais on ne savait pas ce dimanche si les prisonniers du DFLP avaient commencé à le faire.

Pendant ce temps, les responsables d’une mission de l’Union européenne à Jérusalem et Ramallah ont déclaré samedi qu’ils “suivaient avec inquiétude la poursuite de la grève de la faim des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, en protestation contre leurs conditions de leur détention”.

Les chefs de mission de l’UE ont appelé au plein respect du droit international humanitaire et des obligations en matière de droits de l’homme envers tous les prisonniers, notant que la détention de Palestiniens a enfreint la Quatrième Convention de Genève, qui interdit le transfert de prisonniers en dehors du territoire occupé, ce qui peut entraîner une interdiction pour les familles de visiter leurs parents détenus.

La déclaration a également réitéré la “préoccupation de longue date de l’UE concernant l’utilisation intensive par Israël d’une détention administrative sans accusations formelles” – l’une des principales politiques contestées par la grève de la faim en cours. “Les détenus ont le droit d’être informés des accusations à l’origine de toute détention, doivent avoir accès à l’assistance juridique et ont droit à un procès équitable dans un délai raisonnable, ou être libérés”, ont insisté les responsables de mission.

Les grévistes de la faim dénoncent également la torture, les mauvais traitements et la négligence médicale des prisonniers palestiniens aux mains des autorités israéliennes.

Dimanche, le Comité national de la grève de la faim des prisonniers palestiniens a demandé à l’Autorité palestinienne de suspendre les élections municipales prévues pour le 13 mai et d’arrêter sa coordination répressive contestée avec Israël, laquelle est accusée d’envoyer les Palestiniens dans les prisons israéliennes.

Le comité a également appelé les Palestiniens à continuer à appuyer les grévistes de la faim, ainsi que de boycotter tous les produits israéliens, d’arrêter de travailler en Israël et dans les colonies israéliennes et de participer à une grève générale prévue pour ce jeudi [11 mai].

Les autorités israéliennes ont kidnappé environ un million de Palestiniens depuis la création de l’état d’Israël en 1948 et l’occupation, qui a suivi la guerre de 1967, de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza, selon les organisations palestiniennes.

Selon l’organisation des droits des prisonniers Addameer, quelque 6300 Palestiniens étaient détenus dans les prisons israéliennes ce mois d’avril.

7 mai 2017 – Ma’an News – Traduction : Chronique de Palestine