Ce sera bientôt l’anniversaire des 100 ans de la Déclaration de Balfour.
La déclaration faite par le gouvernement britannique pendant la Première Guerre mondiale, approuvait «l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif». Elle déclarait également que “rien ne doit être fait qui pourrait porter préjudice aux droits civils et religieux des communautés non juives existantes en Palestine” – réduisant la population palestinienne indigène à une “population non juive” d’un simple coup de crayon. Un siècle plus tard, il ne peut pas être plus clair que la dernière partie de la déclaration a été totalement négligée.
La semaine dernière, Israël a été condamné pour la détérioration des conditions de vie des Palestiniens à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza dans un nouveau rapport de l’ONU. Le texte énumère parmi les violations : le vol de ressources naturelles, le chômage élevé et une économie palestinienne affaiblie tout au long d’une occupation de 50 ans.
“Pour le peuple palestinien, il s’agissait de cinq décennies de développement, de potentiel humain supprimés et de déni du droit humain fondamental au développement, sans fin en vue”, indique le rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) .
Plus tôt cette année, une sous-secrétaire générale aux Nations Unies a été contraint de démissionner pour un rapport accusant l’État israélien de “régime d’apartheid qui opprime et domine le peuple palestinien dans son ensemble”.
Ces rapports mettent en évidence les violations du droit international et des droits humains fondamentaux pour lesquels les Palestiniens se battent depuis longtemps. Le deuxième rapport a même appelé les gouvernements internationaux à “soutenir les activités de Boycott, de Désinvestissement et de Sanctions (BDS) et de répondre positivement aux appels à de telles initiatives”.
Cet appel à la solidarité a été lancé en 2005 par un consortium de 170 syndicats palestiniens et d’autres organisations politiques, dont des réseaux de réfugiés, des organisations de femmes, des associations professionnelles, des comités de résistance populaire et d’autres organismes de la société civile palestinienne.
Les exigences sont claires:
1) Mettre fin à l’occupation et la colonisation par Israël des terres arabes, et démanteler le mur.
2) Reconnaître les droits fondamentaux des citoyens palestiniens d’Israël à une égalité totale, ainsi que le respect, la protection et la promotion des droits des réfugiés palestiniens pour retourner dans leurs foyers et recouvrer leurs biens, conformément à la Résolution 194 de l’ONU.
Les campagnes BDS ont bénéficié d’un soutien à l’échelle mondiale depuis qu’elles ont commencé à appliquer les tactiques de la lutte contre l’apartheid sud-africain. Le gouvernement du Royaume-Uni a néanmoins tenté constamment de limiter ces développements, allant même jusqu’à vouloir interdire aux mairies locales de décider d’un boycott.
Ces tentatives témoignent de la longue tradition de complicité de l’État britannique dans l’expropriation et l’oppression du peuple palestinien, qui a commencé par la Déclaration de Balfour. En dépit de la continuation de l’annexion des terres palestiniennes, de la plus grande population de réfugiés au monde, du siège de Gaza, de l’extension continue des colonies illégales et des nombreuses lois ciblant spécifiquement les citoyens palestiniens en Israël, notre gouvernement continue de défendre Israël et a même facilité l’accès d’Israël aux fourniture d’armes.
Dans ce contexte, il n’est peut-être pas surprenant que ce même gouvernement refuse activement de reconnaître, encore moins, s’excuse pour la Déclaration de Balfour. Au lieu de cela, nos dirigeants sont parmi ceux qui célèbrent cette partie de l’histoire. Au bout de cent ans, les politiciens britanniques célèbrent le rôle du Royaume-Uni qui a jeté les bases d’un des conflits les plus durables au monde, et du déplacement forcé et de la dépossession de millions personnes.
Pour ces raisons, il nous appartient de construire un centenaire alternatif – celui qui, pour l’avenir, reconnaît les fautes du passé et se tourne vers la justice et la libération. La solidarité que nous impulsons grâce au soutien continu et à la mise en œuvre du BDS dans nos conseils locaux, les syndicats d’étudiants, les universités, les collèges, les lieux de travail et les syndicats est cruciale. Le centenaire de la déclaration de Balfour est une occasion importante de multiplier nos efforts et de faire savoir clairement que nous condamnons les crimes de nos dirigeants – historiques et contemporains.
L’opposition à notre mouvement au Royaume-Uni est forte – depuis des institutions officielles jusqu’au gouvernement. Plusieurs événements BDS ont été menacés ou annulés, alors que des campagnes de dénigrement ont été lancées contre des militants pro-palestiniens […].
Les efforts menés par l’État pour réduire la solidarité se développent car l’élan se construit également à l’échelle mondiale. Les rapports eux-mêmes en sont une claire indication.
Que les institutions et les organismes aussi importants que l’ONU comparent de plus en plus le traitement israélien des Palestiniens aux politiques d’apartheid, montre les effets du mouvement populaire dirigé par les Palestiniens. Alors que nous avons subi beaucoup d’agressions lors de la Semaine de l’apartheid israélien à travers les campus et les communautés locales, de la part du Parlement et de la Charity Commission, sa signification ne fait que se renforcer.
Marquons ce centenaire en mettant en avant 100 ans de dépossession coloniale, d’expulsion et d’oppression contre le peuple de Palestine et en construisant une résistance populaire. Avec comme slogan et un seul plan d’action : le boycott, le désinvestissement, les sanctions.
* Malia Bouattia est une militante, ancienne présidente du Syndicat national des étudiants et cofondatrice de Students not Suspects/Educators not Informants Network. elle peut être suivie sur @MaliaBouattia.
18 septembre 2017 – The New Arab – Traduction : Chronique de Palestine