Déclaration pour un seul État

Photo : ActiveStills/Ryan Rodrick Beiler
« Gazez les Arabes ! JDL » peint à la bombe sur un mur extérieur de l’école Cordoba près de la rue Shuhada à Hébron, octobre 2012. La version israélienne d'un État unique, pour les seuls juifs ? - Photo : ActiveStills/Ryan Rodrick Beiler
Auteurs multiples soussignés Suite aux déclarations récentes de Donald Trump, selon lesquelles les États-Unis n’étaient plus nécessairement attachés à une solution à deux États, que si un seul État satisfaisait « Bibi » et les Palestiniens, il le satisferait aussi, on peut conjecturer que la version d’un seul État favorisée par la droite israélienne serait l’annexion de la Cisjordanie et de Gaza sans accorder les droits de citoyens aux Palestiniens qui y vivent. Il apparaît donc nécessaire de rappeler la déclaration suivante adoptée en 2007 (note de la traductrice).

Note de la rédaction: La déclaration suivante est issue de la rencontre de Madrid en juillet 2007 sur la question d’une solution à un seul État et de la Conférence de Londres en novembre 2007.

Pendant des décennies, des efforts pour aboutir à une solution à deux États dans la Palestine historique ne sont pas parvenus à procurer justice et paix pour les peuples palestiniens et israéliens juifs, ou à offrir un authentique processus pour y parvenir

La solution à deux États ne tient pas compte des réalités physiques et politiques sur le terrain et suppose une fausse parité de pouvoir et de prétentions morales entre un peuple occupé et colonisé d’une part et un État colonisateur et occupant miliaire d’autre part. Elle est fondée sur le postulat fallacieux que l’on peut aboutir à la paix en accordant des droits nationaux limités aux Palestiniens qui vivent dans les zones occupées en 1967, tout en niant les droits des Palestiniens de l’intérieur des frontières de 1948 et de la diaspora. Ainsi donc, la solution à deux États condamne les citoyens palestiniens d’Israël à un statut de seconde classe permanent à l’intérieur de leur patrie, dans un État raciste qui leur dénie leurs droits en promulguant des lois qui privilégient les juifs sur le plan constitutionnel, juridique, politique, social, et culturel. En outre, la solution à deux États prive les réfugiés palestiniens de leur droit au retour internationalement reconnu.

La solution à deux États ancre et formalise une politique de séparation inégale sur une terre devenue toujours plus économiquement et territorialement intégrée. Tous les efforts internationaux pour mettre en œuvre une solution à deux États ne peuvent masquer le fait qu’un État palestinien n’est pas viable, et que l’Indépendance palestinienne et juive israélienne dans des États séparés ne peut résoudre les injustices fondamentales, dont la reconnaissance et la réparation sont au cœur de toute solution juste.

A la lumière de ces dures réalités, nous affirmons notre engagement envers une solution démocratique qui offrira une paix juste, et donc durable dans un seul État fondé sur les principes suivants :

**   La terre historique de Palestine appartient à tous ceux qui y vivent et à ceux qui en ont été expulsés ou exilés depuis 1948, sans distinction de religion, d’ethnicité, d’origine nationale ou de statut de citoyenneté actuel ;

**   Tout système de gouvernement doit être fondé sur le principe d’égalité en droits civiques, politiques, sociaux et culturels pour tous les citoyens. Le pouvoir doit s’exercer avec une impartialité rigoureuse au nom de toutes les personnes dans la diversité de leur identité ;

**   Il doit y avoir une juste compensation pour les effets dévastateurs de décennies de colonisation sioniste de la période pré et post étatique, y compris l’abrogation de toutes les lois, et la cessation de toutes les politiques, pratiques et systèmes de contrôle militaire et civil qui oppriment et discriminent en fonction de l’ethnicité, de la religion ou de l’origine nationale.

**   La reconnaissance du caractère diversifié de la société, englobant des traditions religieuses, linguistiques et culturelles et des expériences nationales distinctes.

**   La création d’un État non-confessionnel qui ne privilégie pas les droits d’un groupe ethnique ou religieux sur un autre et qui respecte la séparation de l’État et de toute institution religieuse ;

**   L’exécution du Droit au Retour pour les réfugiés palestiniens conformément à la résolution 194 de l’ONU est une exigence fondamentale de justice, et un critère du respect de l’égalité.

**   La création d’une politique d’immigration transparente et non discriminatoire.

**   La reconnaissance des liens historiques entre les diverses communautés à l’intérieur du nouvel État démocratique et leur communauté sœur respective à l’extérieur.

**   En articulant les contours spécifiques d’une telle solution, ceux qui ont été historiquement exclus du processus de décision – en particulier la diaspora palestinienne et ses réfugiés, et les Palestiniens de l’intérieur d’Israël – doivent jouer un rôle central ;

**   La mise en place de structures juridiques et institutionnelles pour la justice et la réconciliation.

La lutte pour la justice et la libération doit s’accompagner d’une vision claire, impérieuse et morale de la destination – une solution dans laquelle tous ceux qui partagent une croyance en l’égalité voient un avenir pour eux-mêmes et les autres. Nous lançons un appel à la discussion la plus large possible, à la recherche et à l’action pour faire progresser une solution démocratique, unitaire et la concrétiser.

Madrid et Londres, 2007

Rédigée par :

Ali Abunimah, Chicago
Naseer Aruri, North Dartmouth, Massachusetts
Omar Barghouti, Jerusalem
Oren Ben-Dor, London
George Bisharat, San Francisco
Haim Bresheeth, London
Jonathan Cook, Nazareth
Ghazi Falah, Akron, Ohio
Leila Farsakh, Boston
Islah Jad, Ramallah
Joseph Massad, New York
Ilan Pappe, Totnes, UK
Carlos Prieto del Campo, Madrid
Nadim Rouhana, Haifa
The London One State Group

Soutenue par :

Nahla Abdo, Ottawa
Rabab Abdul Hadi, San Francisco
Suleiman Abu-Sharkh, Southampton, UK
Tariq Ali, London
Samir Amin, Dakar
Gabriel Ash, Geneva, Switzerland
Mona Baker, Manchester, UK
James Bowen, Cork, Ireland
Daniel Boyarin, Berkeley
Lenni Brenner, New York City
Eitan Bronstein, Tel Aviv
Michael Chanan, London
Lawrence Davidson, West Chester, Pennsylvania
Uri Davis, Sakhnin
Raymond Deane, Dublin
Angelo D’Orsi, Turin
Haidar Eid, Gaza
Samera Esmeir, Berkeley
Claudine Faehndrich, Neuchatel, Switzerland
Arjan El Fassed, Utrecht
As’ad Ghanem, Haifa
Jess Ghannam, San Francisco
Ramon Grosfoguel, Berkeley
Laila al-Haddad, Gaza
Haifa Hammami, London
Alan Hart, Canterbury
Jamil Hilal, Ramallah
Isabelle Humphries, Cambridge, UK
Salma Jayyusi, Boston
Claudia Karas, Frankfurt
Ghada Karmi, London
Hazem Kawasmi, Ramallah
Joel Kovel, New York City
Ronit Lentin, Dublin, Ireland
Malcolm Levitt, Southampton, UK
Yosefa Loshitzky, London
Saree Makdisi, Los Angeles
Nur Masalha, London
Ugo Mattei, Turin
Sabine Matthes, Munich
Walter Mignolo, Raleigh-Durham
Yonat Nitzan-Green, Winchester, UK
Gian Paolo Calchi Novati, Pavia, Italy
Kathleen O’Connell, Belfast
Rajaa Zoa’bi O’mari, Haifa
One Democratic State Group, Gaza
Gabriel Piterberg, Los Angeles
Claudia Prestel, Leicester
Mazin Qumsiyeh, New Haven
Michael Rosen, London
Emir Sader, Buenos Aires/Rio de Janeiro
Guenter Schenk, Strasbourg
Jules Townshend, Manchester, UK
Danilo Zolo, Florence

Chaque signataire a rédigé/soutenu cette déclaration à titre personnel.

29 novembre 2007 – The Electronic Intifada – Traduction: Chronique de Palestine – MJB