En Palestine occupée, nos dirigeants sont les « collabos » de la politique coloniale !

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Macron en pleine embrassade avec le criminel de guerre Netanyahu - Photo : Libération

Par Daniel Vanhove

La liste des plaintes, des blâmes et des condamnations que l’on peut adresser à l’État factice israélien (*) est longue. Très longue. Trop longue même.

A tel point qu’aucun autre État ne pourrait se permettre le 10è, le 100è de ce que l’administration israélienne s’autorise. N’importe quel autre État aurait été soumis depuis longtemps aux sanctions et embargos utilisés comme actuels moyens de coercition sur ceux qui ne respectent pas les Résolutions et décisions prises par l’ensemble des nations lors de leurs réunions à l’ONU… quand ce n’est pas le simple fait de s’opposer à l’empire !

Dans le cas présent, les gouvernements successifs israéliens peuvent tout se permettre. Aucun État de par le monde ne réagit de manière adaptée aux graves infractions que n’importe quel citoyen peut constater, et cela, quelles que soient les tendances « de droite ou de gauche » des États en question.

Pourquoi ? Sinon grâce un sentiment de culpabilité toujours bien présent et d’ailleurs savamment entretenu par ceux qui y trouvent leur intérêt, à savoir les protagonistes et défenseurs de l’idéologie sioniste. Ces derniers utilisent les victimes du génocide perpétré par les nazis lors de la seconde guerre mondiale afin de pousser toujours plus loin leurs exigences. Ce que j’ai appelé dans un précédent article, l’un de leurs « jokers » : dans une attitude victimaire qu’ils maîtrisent à la perfection, ils se servent de ces victimes pour entretenir et alimenter une dette morale des pays qui y ont participé de près ou de loin. Et à ce compte-là, ces pays sont nombreux. Les premiers concernés étant les pays européens où se sont déroulés les pogroms et autres actes proprement ignobles. L’autre « joker » étant l’antisémitisme qu’ils jettent à la tête de tout individu ou association osant se mettre en travers de leur abjecte idéologie coloniale.

La question qu’il serait vraiment temps de se poser est de savoir si ces « jokers » peuvent permettre à cet État factice devenu « terroriste » dans ses pratiques, toute licence pour se comporter depuis des décennies de manière aussi brutale et inhumaine envers les Palestiniens que les nazis de l’époque envers eux. Aux yeux du Droit international, la liste des délits gravissimes commis par l’État factice israélien est impossible à reprendre dans ce billet, tant elle est longue. L’histoire de cette nouvelle entité créée de toutes pièces en 1947 sur les terres palestiniennes n’est qu’une succession de massacres, de bombardements, d’assassinats, de guerres, de spoliations, de destructions massives et diverses tant privées que publiques comme des hôpitaux, des écoles, des ambulances, le port et l’aéroport de Gaza, des mosquées, des centres de jeunesse… sans parler des multiples Résolutions onusiennes dont aucune n’est respectée. Ni que cet État factice en est à appliquer un régime d’apartheid vis-à-vis d’une large partie de la population qui y réside, et qui peut désormais être assimilé à un terrorisme d’État.

Encore une fois, quel État digne de ce nom, pourrait-il à notre époque s’autoriser le 100è de ce que les gouvernements israéliens se permettent ? La réponse est simple : aucun ! Dès lors, l’impunité arrogante dont jouit Israël doit bien trouver sa justification dans certains éléments qui échappent à l’entendement et qui se situent dans ce sentiment de culpabilité insidieusement entretenu d’une part, et peut-être aussi dans un sentiment raciste d’autre part, dans la mesure où ceux-là mêmes qui traitent les uns d’antisémites sont la plupart du temps d’une islamophobie avérée.

Le paradoxe est à son comble dans la mesure où, plus la ainsi nommée “Communauté internationale” recule devant l’accumulation de délits de cet État factice sans prendre de sanctions méritées à son encontre, plus ce dernier se sent autorisé à poursuivre ses exactions. Ce qui, dans les faits, est devenu un véritable cercle vicieux dont il semble de plus en plus difficile de sortir au fil du temps. Ainsi, plus l’ensemble des Nations reste sans réactions concrètes, plus les responsables israéliens se sentent libres d’appliquer n’importe quelle odieuse politique à l’encontre des Palestiniens. Et les gouvernements israéliens le savent : à ce jeu-là et jusqu‘à présent, le temps a joué pour eux.

Sauf que, les paradigmes sont en train de changer. La guerre en Syrie où la colonie israélienne s’est rangée du côté des mercenaires anti-Assad a déjoué tous les plans des stratèges américano-sionistes. Le président Assad n’a pas été démis, et de l’avis général, ressort renforcé de cette terrible épreuve. Tout comme l’Iran et la Russie. Les temps de l’impunité semblent donc arriver à leur terme et le rapport des forces, s’inverser.

En effet, les États-Unis, Israël et leurs sinistres alliés – dont l’UE – sont affaiblis. Cette guerre qui n’est pas encore achevée est un tournant dans le remodelage qu’avaient prévus les USA pour le Moyen-Orient. Il n’en sera pas selon leurs plans, ni ceux de la colonie israélienne qui magnifie à grands cris la décision de D. Trump de déclarer Jérusalem capitale d’Israël pour mieux dissimuler son désarroi face à l’étau qui se resserre lentement mais sûrement.

Certains pensent que la colonie israélienne sort gagnante de ces guerres au Moyen-Orient. Je pense que c’est le contraire. Si l’on veut bien regarder les choses en face, la colonie israélienne n’a cessé de perdre du terrain, chose qu’elle convoite pourtant par-dessus tout ! Contre le sentiment répandu, elle a dû abandonner les colonies qui s’étaient implantées à Gaza ; de même, elle a dû lâcher des terres qu’elle occupait illégalement dans le sud du Liban et les quelques fermes du Chaaba finiront par être récupérées ; suite à sa guerre perdue en Syrie, ses positions sur les hauteurs du Golan sont de plus en plus fragiles et finiront par céder… ce qui finit par faire beaucoup !

Certes, à l’intérieur de la Palestine, les colonies se multiplient, continuent à s’étendre, et Jérusalem vient d’être déclarée par leur soutien majeur que sont les USA de D. Trump, capitale d’Israël… mais à y regarder de près, c’est une bien maigre consolation, toute éphémère, d’autant que le résultat au niveau de l’image internationale de la colonie israélienne n’a, tout comme celle des USA, de cesse de se détériorer au point d’être au plus bas. La perte est donc autant territoriale que morale et se répand au niveau psychologique au sein même de la population israélienne, y compris en son armée où les désertions et suicides sont nombreux.

Ne sachant plus qu’inventer pour briser l’opiniâtre résistance de la population palestinienne, voici ce que les députés psychopathes israéliens ont sorti de leurs kippas : une loi pour condamner à la peine capitale – c’est-à-dire, la peine de mort – tout résistant palestinien qui se verrait qualifié par les autorités de « terroriste ». Ce projet de loi présenté par le ministre d’extrême-droite des Affaires extérieures Avigdor Liebermann a été fermement soutenu par le 1er ministre B. Netanyahu, et est passé en première lecture à la Knesset en ce début d’année. Il doit encore faire l’objet de trois lectures avant son éventuelle adoption. Actuellement, la peine de mort ne peut être décidée que si elle est prononcée à l’unanimité par trois juges militaires. Si la nouvelle loi devait être adoptée, la majorité suffira. Pas belle, « la seule démocratie dans la région » à qui nos éminences européennes déroulent le tapis rouge et multiplient les accords spéciaux ?!

Franchement, jusqu’où faudra-t-il fermer les yeux face à cet État factice qui enfreint toutes les règles du Droit international ?! Jusqu’où nos responsables politiques s’abaisseront-ils pour lécher les bottes d’un occupant qui mène une odieuse guerre coloniale contre une population démunie, privée pour une partie d’entre elle des besoins les plus élémentaires, comme l’électricité, une eau saine et en suffisance, et pour certains, une nourriture qui ne soit pas rationnée ?! Jusqu’où ces ténors politico-médiatiques s’imaginent-ils que les citoyens sont dupes de leur justice à géométrie variable et comment peuvent-ils encore espérer être respectés et pris au sérieux dès lors que dans les faits, eux-mêmes ne respectent en rien les leçons de moralité qu’ils n’ont de cesse de claironner à longueur d’antenne ?!

Décidément, il faut qu’ils soient vraiment incompétents pour ne pas comprendre ce qui fait l’abc de n’importe quel comportement, à savoir : la cohérence ! Vous voulez que les citoyens respectent les lois et adoptent en toutes circonstances un comportement civique ? Commencez donc à être cohérents avec ce que vous prônez pour les autres ! Tant que vous ne le serez pas, ne soyez pas étonnés que des citoyens ne vous suivent pas. Ce n’est que logique… et il ne fait pas avoir fait Bac + 10 pour le comprendre. Tout enfant sent et sait cela, dès le plus jeune âge !

Note:

(*) Je parle « d’État factice » dans la mesure où d’après la Résolution 181 du 29.11.1947 recommandant le partage de la Palestine en deux États, l’un arabe et l’autre juif, la lecture stricte de cette Résolution implique qu’aucun de ces deux Etats ne peut exister sans la reconnaissance explicite de l’autre. Ils sont liés l’un à l’autre par cette Résolution. Si donc, Israël ne reconnaît pas la Palestine selon les frontières comprises dans cette Résolution 181, celle-ci est caduque ce qui entraîne de facto l’inexistence de l’État israélien et le retour à la Palestine historique.

a1* Daniel Vanhove est Observateur civil et membre du Mouvement Citoyen. Il a publié aux Ed. Marco Pietteur – coll. Oser Dire : Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes – 2004 et La Démocratie mensonge – 2008


22 janvier 2018 – Transmis par l’auteur.