Sept Palestiniens, dont un commandant de la branche armée du Hamas, et un soldat israélien ont été tués dimanche dernier après l’entrée d’un commando sraélien dans la bande de Gaza, probablement pour la première fois depuis la guerre de 2014.
L’objet de ce raid, qui a provoqué une poursuite, un sauvetage par hélicoptère et des heures de frappes aériennes israéliennes, restait un mystère, tandis qu’il suscitait de nouvelles violences, le Hamas lançant des roquettes en représailles sur le sud d’Israël, au milieu des frappes aériennes sur Gaza lundi soir.
Cette tournure inhabituelle des événements, ont déclaré les habitants de la ville de Khan Younès, dans le sud du pays, a commencé vers 21 heures dimanche soir, lorsque plusieurs membres des Brigades Izz al-Din al-Qassam – la branche armée du Hamas – ont aperçu un bus Volkswagen stationné dans une zone isolée et ont été rendus méfiants.
Un combattant palestinien a raconté à Middle East Eye que Nour Baraka, commandant de terrain âgé de 37 ans, et son assistant ont intercepté le véhicule et demandé aux passagers de montrer leurs papiers d’identité. Des coups de feu coups ont alors été tirés, sur le site d’informations israélien Walla.
Les passagers et Baraka ont échangé des coups de feu et Baraka a été tué et son assistant et un soldat israélien ont été blessés. L’assistant a communiqué par radio avec les autres membres du groupe pour leur donner des détails sur le bus et leur demandé de le poursuivre, a raconté le combattant.
Alors que les membres des brigades al-Qassam poursuivaient la fourgonnette, les drones et les F-16 envahissaient le ciel aux alentours de 21h30, frappant Khan Younis au moins 40 fois, probablement pour donner une couverture aux forces israéliennes, a-t-il encore déclaré.
Amar Khalil, un Palestinien vivant à Khuza, a déclaré à MEE : «Nous avons soudainement entendu une énorme explosion. Les drones volaient à un niveau très bas. Tout ce que nous avons entendu, c’était des coups de feu, et les F-16 sont intervenus avec des frappes aériennes. La maison tremblait.”
Plus ils poursuivaient le bus, plus de Palestiniens étaient tués. À la fin de la nuit, Baraka et six autres personnes – Naji Abu Khater, 21 ans, Mohammed Majid Moussa al-Qara, 23 ans, Alaa al-Din Mohammed Qwaider, 22 ans, Mustafa Hassan Mohammed Abou Odeh, 21 ans, Mahmoud Attallah Musabeh, 25 ans, et Alaa Fawzi Mohammed Fseifes, 19 ans – étaient assassinés.
Un soldat druze israélien, identifié dans les médias israéliens comme le lieutenant-colonel M, âgé de 41 ans, a également été tué.
De retour à Gaza, le fourgon est arrivé à Abasan al-Kbira, une ville située à environ quatre kilomètres de Khan Younis, près de la barrière séparant la bande de Gaza d’Israël. Un hélicoptère a atterri, évacuant les Israéliens, et les frappes aériennes se sont poursuivies jusqu’à minuit, a déclaré Khalil.
“La région s’est soudainement transformée en zone de guerre. Le ciel était rouge. Nous avons entendu l’hélicoptère atterrir pour évacuer l’équipe du commando”, a-t-il déclaré.
Tôt lundi matin, les habitants ont découvert trois véhicules utilisés lors de l’opération que les forces israéliennes ont détruites lors de frappes aériennes, abandonnées à Khuza. L’une d’entre elles était entièrement équipée avec du matériel électronique, ce qui aurait aidé les Israéliens à collecter des informations au cours de la mission, selon des témoins direct et un caméraman sur place.
La fourgonnette Volkswagen disposait d’une réserve de nourriture, de lits, de tentes, de fauteuils roulants, de câbles électriques et de dispositifs de communication, ont-ils déclaré. Le troisième véhicule a été gravement endommagé.
“Les trois véhicules ont été bombardés par les forces israéliennes pour dissimuler les lieux du crime et endommager des outils technologiques que les Palestiniens auraient pu utiliser à l’avenir”, a déclaré le combattant d’Al-Qassam à MEE.
Les brigades al-Qassam ont fermé la zone concernée dimanche soir, ont pris tous les objets laissés par le commando israélien et interdit aux journalistes et aux résidents de prendre des photos, à l’exception des voitures endommagées.
Une opération ratée ?
Lundi, alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait été rappelé de Paris à la suite de l’attaque, les responsables israéliens ont refusé de révéler des détails précis sur l’opération, mais ont déclaré qu’ils n’avaient pas l’intention de tuer ni d’arrêter qui que ce soit.
Un ancien général israélien a déclaré à la BBC qu’il pensait que l’incident était probablement une opération de collecte de renseignements qui avait mal tourné.
Les opérations terrestres israéliennes à Gaza sont très rares. La dernière fois que des forces spéciales israéliennes sont entrées dans la bande était pendant la guerre en 2014.
Les habitants de Gaza ont été choqués lundi, disant à MEE qu’ils n’avaient jamais imaginé que les forces israéliennes entreraient dans l’enclave. Comment les Israéliens ont-ils pu se rendre à Gaza sur trois kilomètres avec un véhicule, se demandaient-ils. Est-ce que c’était déjà arrivé ? Quel était l’objectif principal ?
Mais c’est aussi le moment choisi pour l’opération de dimanche qui a soulevé des questions. Des pourparlers sur la trêve, négociés entre l’Égypte, les Nations Unies et le Qatar, sont en cours entre le Hamas et Israël, et Netanyahu a critiqué ses rivaux politiques la semaine dernière pour avoir permis au Qatar de transférer 15 millions de dollars pour payer les arriérés de salaires des fonctionnaires palestiniens.
Après l’opération, les brigades al-Qassam ont publié une déclaration dans laquelle elles décrivent ce qui s’est passé comme une opération manquée et une “attaque lâche par Israël”.
Le groupe a souligné qu’Israël devait être dénoncé pour sa réaction et les conséquences fà venir qui en découleraient. Tard lundi, le Hamas [résistance islamique] a lancé plus de 80 roquettes sur le sud d’Israël, frappant un bus, blessant grièvement un Israélien de 19 ans et blessant légèrement six autres Israéliens.
Pendant ce temps, les avions de combat israéliens ont lancé des attaques sur Gaza, assassinant trois Palestiniens.
12 novembre 2018 – Middle East Eye – Traduction : Chronique de Palestine