“C’est la pire crise financière de l’histoire de l’UNRWA”, a déclaré Chris Gunness, porte-parole de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine, à The Electronic Intifada ce mercredi.
Le terrible avertissement de Gunness a été fait au lendemain de l’annonce par l’administration Trump d’une réduction brutale des contributions américaines à l’organisation qui fournit des services de santé, d’éducation et d’aide humanitaire d’urgence à cinq millions de réfugiés palestiniens.
Mardi, le Département d’Etat a annoncé que les États-Unis retenaient plus de la moitié d’un paiement de 125 millions de dollars dû à l’UNRWA ce mois-ci.
Alors que 60 millions de dollars seraient versés immédiatement, la porte-parole du département d’État, Heather Nauert, a déclaré que le reste était “gelé” et “retenu pour futur examen”.
Les États-Unis ont été le plus important donateur de l’UNRWA, fournissant près de 370 millions de dollars du budget de 1,2 milliard de dollars de l’agence en 2016.
Le président Donald Trump et son ambassadeur Nikki Haley ont menacé ces dernières semaines les Palestiniens de couper leurs financements en représailles à l’opposition de l’Autorité palestinienne à la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël, et suite à son refus du parrainage américain d’une paix par d’inexistantes négociations.
Haley aurait plaidé pour que le financement américain soit complètement supprimé, malgré son soutien public au travail de l’agence, y compris une photo-op avec des enfants réfugiés en juin dernier.
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Dans un article sur Twitter, Haley déclarait à l’époque que sa visite dans une école de l’UNRWA lui avait donné “l’occasion de parler avec des filles et des femmes de leurs vies, de leurs espoirs et de leurs rêves”.
Mais selon le Washington Post, le secrétaire d’État Rex Tillerson aurait prévalu sur Haley dans la bataille interne sur le financement.
Tillerson aurait soulevé l’affaire “personnellement avec Trump et obtenu l’accord du président pour soutenir la position du département d’État” que tout le financement ne devait pas être coupé.
Israël avait appelé au démantèlement de l’UNRWA, dans le cadre de sa volonté de faire disparaître tout soutien soutien aux droits des réfugiés palestiniens, lesquels restent en exil en raison du refus d’Israël de leur permettre de rentrer chez eux uniquement parce qu’ils ne sont pas juifs.
La santé et l’avenir des réfugiés palestiniens en jeu
L’impact est susceptible d’être ressenti immédiatement par les réfugiés les plus vulnérables du monde.
“L’accès de 525 000 garçons et filles dans 700 écoles de l’UNRWA et leur avenir sont en jeu”. L’enjeu est la dignité et la sécurité humaine de millions de réfugiés palestiniens qui ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Cisjordanie et dans la bande de Gaza”, a déclaré le commissaire général de l’UNRWA, Pierre Krähenbühl. “L’accès des réfugiés aux soins de santé les plus basiques, y compris les soins prénataux et d’autres services vitaux, est en jeu”.
Krähenbühl a exhorté les autres pays donateurs et les personnes de bonne volonté du monde entier à “se rallier” au travail de l’UNRWA avec des fonds et des dons pour remplacer la contribution américaine.
Il a assuré aux réfugiés palestiniens que “nous travaillons avec une détermination absolue pour assurer la continuité des services de l’UNRWA” et a dit aux étudiants que les écoles resteraient ouvertes “afin que vous puissiez recevoir votre éducation que vous aimez tant”.
Mais malgré ces assurances, l’agence a déjà licencié des dizaines d’enseignants en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et environ 100 travailleurs en Jordanie, a rapporté mardi le journal israélien Haaretz.
L’UNRWA emploie environ 30 000 personnes, dont la grande majorité sont des réfugiés palestiniens.
Face à la crise, Krähenbühl a appelé les médecins, infirmiers, directeurs d’école, enseignants, gardiens, travailleurs sanitaires, travailleurs sociaux et personnel de soutien de l’agence à “être sur votre lieu de travail pour servir la communauté avec le même dévouement et engagement que vous avez toujours montrés.”
Appel au soutien du public
La déclaration de Krähenbühl répond également aux affirmations américaines selon lesquelles l’agence aurait besoin d’une “réforme”. Le porte-parole du département d’État Nauert a déclaré que les États-Unis “examineraient l’UNRWA pour s’assurer que l’argent est dépensé au mieux”.
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“Le gouvernement américain a toujours salué notre impact, notre transparence et notre responsabilité”, a déclaré M. Krähenbühl. “Cela a été réitéré, une fois de plus, lors de ma dernière visite à Washington en novembre 2017, lorsque tous les hauts responsables américains ont exprimé leur respect pour le rôle de l’UNRWA et pour la solidité de sa gestion.”
L’agence a longtemps été la cible de campagnes de diffamation d’Israël et de ses groupes de pression qui croient que c’est sa seule existence qui maintient vivante la question des réfugiés palestiniens – qu’ils considèrent comme une “menace démographique” pour Israël pour la raison tout à fait raciste qu’ils ne sont pas juifs.
Dans le but d’atténuer l’impact financier de l’initiative américaine, l’UNRWA se tourne vers le public pour obtenir son soutien.
Son site Web propose un appel important pour les dons publics en réponse à la “réduction spectaculaire du financement américain” et exhorte les utilisateurs de médias sociaux à soutenir l’agence avec le hashtag #ForPalestineRefugees.
L’UNRWA USA, un organisme de bienfaisance qui soutient le travail de l’UNRWA avec les Palestiniens, a envoyé un courriel mardi pour demander des dons et a lancé une pétition pour exhorter la Maison Blanche à reconsidérer sa décision.
* Ali Abunimah est un journaliste palestino-américain, auteur de The Battle for Justice in Palestine. Il a contribué à The Goldstone Report : The Legacy of the Landmark Investigation of the Gaza Conflict. Il est le cofondateur de la publication en ligne The Electronic Intifada et consultant politique auprès de Al-Shabaka.
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17 janvier 2018 – The Electronic Intifada – Traduction : Chronique de Palestine