Pourquoi Israël craint Ahed Tamimi !

Ahed Tamimi - Photo : extraction Facebook
Ahed Tamimi - Photo : extraction Facebook

Par Marion Kawas

Le récit d’Ahed Tamimi, qui est récemment devenu le visage des enfants prisonniers palestiniens, a atteint un nouveau creux le premier jour de 2018.

Israël a insisté sur le fait qu’ils accuseraient l’adolescente et vu le record de la « justice israélienne », cela veut dire qu’Ahed va presque certainement purger une peine d’emprisonnement. Le destin d’Ahed est le même que celui de tous les jeunes détenus palestiniens, nés dans l’occupation et la tyrannie, ayant vécu une « enfance massacrée ».

L’histoire d’Ahed me rappelle la jeune fille, ayant peut-être 12 ou 13 ans, qui a animé une grande partie du film « Jénine, Jénine » et fait face à la caméra à la fin du film pour nous dire dans les termes les plus froids qu’elle planifie se battre pour son peuple et qu’elle n’oubliera jamais et n’abandonnera jamais. Elle ajoute aussi : « J’ai vu des cadavres, j’ai vu des maisons détruites, j’ai vu des scènes qui ne peuvent être décrites… et maintenant, après qu’ils ont ruiné tous mes rêves et mes espoirs, il ne me reste plus de vie! » Cette séquence du film est restée avec moi depuis que je l’ai vue pour la première fois en 2003.

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Et c’est vraiment le point le plus crucial entourant le cas d’Ahed Tamimi et ce que le cas représente. Ces enfants, forcés d’être matures au-delà de leurs années, n’ont jamais eu autre choix que celui d’être sous occupation et colonisation israélienne. Ils ont eu leur enfance volée, leurs vies brutalisées depuis le premier jour par des soldats israéliens, leurs familles décimées et harcelées par l’État israélien. Donc, la question de comment et pourquoi une jeune fille résisterait à ses oppresseurs israéliens est redondante, nous pourrions seulement nous émerveiller qu’elle a toujours l’espoir que la communication avec le monde en vaut la peine. Qu’elle a encore l’espoir que le monde ait une conscience!

Parce que jusqu’à présent, la communauté internationale a été pire que négligente en appelant Israël à rendre compte de ses abus contre les prisonniers politiques, mais surtout contre les enfants prisonniers. Et dans le cas d’Ahed, il y a de nombreuses preuves que ses geôliers lui souhaitent du mal, de la part du ministre israélien de l’« Éducation » qui lui demande de purger une peine à perpétuité, par rapport à des suggestions voilées d’agressions sexuelles d’un journaliste israélien. À quelques exceptions près, les pays qui pourraient exercer une influence sur Israël ont été ouvertement complices (comme le Canada et les États-Unis) ou se sont livrés à la pire forme d’hypocrisie comme les nations européennes, avec des platitudes qui sonnent bien.

Je me souviens de la citation infâme de l’ancienne Première ministre israélienne, Golda Meir, qui a déclaré : « Nous pouvons pardonner aux Arabes d’avoir tué nos enfants. Nous ne pouvons pas leur pardonner de nous forcer à tuer leurs enfants. Nous n’aurons la paix avec les Arabes que quand ils aimeront leurs enfants plus qu’ils ne nous haïssent ».

Quel niveau profond d’arrogance, et de racisme! Il est presque impossible de comprendre le niveau implicite de suprématie dans ce sentiment. Et maintenant, bien sûr, avec le soutien total du gouvernement américain, cette arrogance est associée à l’impunité.

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Nous pourrions demander plus correctement : Quand les parents israéliens cesseront-ils d’envoyer leurs enfants à la chair à canon pour un état militariste devenu fou furieux, les forçant à commettre des crimes de guerre contre d’autres enfants encore plus jeunes? Et quand Israël accordera-t-il plus d’importance à ses enfants qu’à la menace démographique et existentielle supposée du peuple et de la nation palestiniens?

Les paroles de la jeune fille dans le film Jénine, Jénine voulaient « damner la poursuite de l’occupation et son inhumanité » plus que les dégâts physiques dévastateurs au camp de réfugiés de Jénine. Et c’est aussi l’impact réel d’Ahed Tamimi. Ses mots, son histoire, son harcèlement par l’armée israélienne sont une mise en accusation de tout ce qui ne va pas avec ce qu’Israël représente. Le monde n’a pas bien écouté en 2002 la jeune fille de Jénine; vont-ils faire attention cette fois à l’adolescente de Nabi Saleh?

* Marion Kawas est membre de l’Association Canada Palestine et co-animatrice de Voice of Palestine. Elle a publié cet article àPalestineChronicle.com. Visitez : www.cpavancouver.org

2 janvier 2018 – The Palestine Chronicle – Traduction : PAJU (Palestiniens et Juifs Unis)