Une source du CICR a dit à Ma’an que l’organisation internationale avait été avertie que les visites aux prisonniers palestiniens seraient interdites jusqu’à nouvel ordre en réaction à la grève de la faim, qui était suivie par quelques 1500 prisonniers, selon une information publiée mardi par l’agence de presse palestinienne officielle, Wafa.
Un porte–parole de l’IPS a confirmé l’information à Ma’an, précisant que les visites n’étaient suspendues « que pour les prisonniers grévistes de la faim détenus pour raison de sécurité nationale. »
Amnesty international a déclaré avant le début de la grève de la faim la semaine dernière que « la politique d’Israël qui consiste depuis plusieurs décennies à détenir des palestiniens de Cisjordanie et de Gaza dans des geôles en Israël et de les priver de visites familiales régulières n’est pas seulement cruelle mais aussi une violation flagrante du droit international. »
Entre temps, le dirigeant du Comité palestinien pour les affaires des prisonniers, Issa Qarage a informé Ma’an que les autorités israéliennes avaient empêché les avocats de rendre visite aux prisonniers mardi, et que l’IPS avait décrété l’état d’urgence dans les centres de détention où des prisonniers palestiniens étaient détenus.
Le président de la Société des prisonniers palestiniens (PPS) Qaddura Fares a dit à Ma’an que les mesures étaient une procédure « punitive » de la part des autorités israéliennes, ajoutant que l’IPS avait déplacé des prisonniers grévistes de la faim à l’intérieur des établissements pénitentiaires afin de les séparer des prisonniers qui n’avaient pas pris part à la grève de la faim.
La station de radio Sawt al-Asra (La voix des prisonniers) a rapporté mardi matin que 35 Palestiniens avaient été transférés de la section 11 à la section 13 de la prison Bafha, après que des prisonniers eurent pris des mesures non spécifiées pour soutenir les grévistes de la faim.
Sawt al-Asra a ajouté que les prisonniers transférés étaient affiliés au Fatah et avaient exprimé leur décision de se joindre au mouvement de grève de la faim le 24 avril.
L’IPS a réprimé la grève de la faim lundi – qui marque la Journée des prisonniers palestiniens – lorsque des centaines de détenus palestiniens ont commencé à refuser de s’alimenter à l’appel du dirigeant du Fatah emprisonné Marwan Barghouthi.
L’appel avait été initialement lancé à l’adresse des prisonniers affiliés au Fatah, mais des prisonniers palestiniens de l’ensemble du spectre politique se sont depuis engagés à observer la grève, suivie selon certaines estimations par plus de 2000 détenus lorsqu’elle a débuté lundi à minuit.
Le porte parole du ministère des affaires étrangères israélien Emmanuel Nahshon a déclaré dans un communiqué lundi que les Palestiniens détenus par Israël « n’étaient pas des prisonniers politiques, » mais « des terroristes et des meurtriers condamnés, » affirmant qu’ « ils sont traités correctement en vertu du droit international. »
Cependant, les grévistes de la faim ont dénoncé la torture, les mauvais traitements des prisonniers aux mains des autorités israéliennes, et le manque de soins médicaux, ainsi que le recours généralisé à la détention administrative – l’internement sans procès ni accusations – qui n’est autorisée en droit international que dans des circonstances extrêmement limitées.
Lundi soir, le Comité palestinien pour les affaires des prisonniers a publié une déclaration disant que des responsables de l’IPS ont placé un certain nombre de prisonniers – y compris M. Barghouti et Karim Yunis – en cellule d’isolement, confisqué les effets personnels et les vêtements des grévistes de la faim, et interdit aux prisonniers de regarder la télévision.
Le comité a aussi rapporté que M. Barghouthi serait « poursuivi devant une cour disciplinaire » comme châtiment pour sa tribune libre publiée dans le New York Times de lundi, qui expliquait en détails le combat des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes et les revendications des grévistes de la faim.
Les autorités israéliennes ont descendu le New York Times en flammes pour ne pas avoir initialement qualifié M. Barghouthi – qui est l’une des figures politiques les plus populaires parmi les Palestiniens – de « terroriste » et de « meurtrier de civils israéliens, » bien que le journal américain ait ultérieurement rectifié l’article pour y inclure les chefs d’accusation pour lesquels M. Barghouti a été reconnu coupable par Israël.
« Le journal s’est désavoué après que nous le leur ayons fait remarquer, » a déclaré le premier ministre Benjamin Netanyahou dans un communiqué, disant que parler du « terroriste par excellence » Barghouthi « c’est comme qualifier Assad de ‘pédiatre’ » — référence au président syrien Bashar al-Assad, ancien médecin qui est accusé d’avoir superviser des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité contre des civils syriens.
« Nous ne perdrons jamais notre sens de la lucidité parce que nous sommes du côté de la justice et ils sont du côté qui n’est ni juste ni moral, » a déclaré M. Netanyahou.
Pendant ce temps, selon le Comité pour les affaires des prisonniers, les autorités de l’IPS ont installé un hôpital de campagne dans la prison Ktziot pour y recevoir les grévistes de la faim, tout en interdisant le transfert à l’avenir des grévistes de la faim, dont la santé se sera détériorée vers aucun des hôpitaux civils israéliens – qui ont jusqu’ici refusé de nourrir de force les détenus palestiniens grévistes de la faim, après une décision de la Cour suprême statuant que la mesure était constitutionnelle, en violation de l’éthique médicale internationale.
Le réseau de solidarité des prisonniers palestiniens Samidoun a averti qu’il était « fortement probable » que l’objectif de l’hôpital de campagne d’Erdan était « une tentative d’imposer l’alimentation forcée à tous les détenus grévistes de la faim en dehors du cadre médical civil. »
Des milliers de Palestiniens ont défilé lundi pour marquer la Journée des prisonniers palestiniens à travers le Territoire palestinien occupé, tandis que les forces israéliennes réprimaient une manifestation dans la ville occupée de Bethlehem au sud de la Cisjordanie, et arrêtaient quatre jeunes Palestiniens lors une autre manifestation dans le district de Ramallah au centre de la Cisjordanie.
Les autorités israéliennes d’occupation ont emprisonné environ un million de Palestiniens depuis l’établissement de l’état d’Israël en 1948 et l’occupation ultérieure de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est, et de la Bande de Gaza en 1967, selon une déclaration commune publiée samedi par des organisations palestiniennes.
19 avril 2017 – Ma’an News – Traduction : Chronique de Palestine – MJB