Par David Sheen
Dans les prochaines semaines, le gouvernement israélien va lancer un ultimatum à des milliers de réfugiés africains, les intimant à quitter le pays sous 90 jours sous peine d’être emprisonnés à vie.
Si les dirigeants israéliens parviennent à leurs fins, ce sera le couronnement de la série d’infamies perpétrés, au fil des années, par les chefs de file du racisme anti-noir, des personnalités et des institutions que j’ai dénoncées à chaque fois comme étant à l’origine des efforts de l’État pour débarrasser le pays des réfugiés d’Afrique.
S’ils réussissent, il ne sera plus nécessaire de documenter la guerre que mène actuellement Israël contre les réfugiés africains, car cette guerre aura été « gagnée » – et ce, à un coût humain très élevé.
10. Ophir Toubul, militant
Dans la société israélienne, où le pouvoir politique dépend non seulement du statut socio-économique, mais aussi de la race et de la religion, les groupes marginalisés comptent souvent sur le peu d’influence qu’ils ont pour essayer d’améliorer leur sort.
Il y a des juifs marginalisés qui attribuent leurs difficultés aux gouvernements israéliens passés et présents, ainsi qu’aux élites économiques que ces gouvernements servent. Ils voient d’autres groupes défavorisés de la société israélienne non pas comme des rivaux qui se battent pour les miettes dans une guerre à somme nulle, mais comme de potentiels alliés dans la lutte pour l’équité et un meilleur niveau de vie pour tous les habitants du pays.
Mais il y en a d’autres qui ont choisi de s’en prendre à ceux qui sont encore plus mal lotis qu’eux.
Ophir Toubul appartient à cette dernière catégorie.
En 2016, Toubul a fondé l’Âge d’or, une organisation qui vise à promouvoir les intérêts des Juifs Mizrahi en Israël, un groupe originaire des pays arabes et historiquement marginalisé.
Au lieu de lutter pour de meilleures conditions de vie pour tous, Toubul a fait cause commune avec un gouvernement israélien qui veut débarrasser le pays des réfugiés.
Avant qu’Israël ne construise un mur frontalier qui bloque l’entrée des réfugiés africains dans le pays, il envoyait les nouveaux demandeurs d’asile à la gare routière centrale située au sud de Tel-Aviv, dans un quartier où vivent beaucoup de Mizrahi, sans y améliorer les services publics déjà insuffisants.
Le gouvernement a monté les deux communautés l’une contre l’autre, puis a utilisé la rage des juifs comme une arme dans sa guerre contre les réfugiés africains. Les législateurs de droite se sont mis à aller régulièrement au sud de Tel-Aviv, pour convaincre ses résidents israéliens que les nouveaux arrivants africains étaient la cause de leurs problèmes. Des élus ont ensuite affirmé que le sentiment anti-africain des résidents israéliens d’origine, qu’ils avaient eux-mêmes provoqué, justifiait l’expulsion des réfugiés du pays.
Toubul est déterminé à aller encore plus loin. Il a soutenu dans un article de Facebook en février dernier qu’il était temps de démanteler le ghetto africain qui s’était constitué dans le sud de Tel-Aviv.
Il a ajouté: « Il est temps de mettre fin au carnaval des groupes qui aident les réfugiés et d’exiger qu’ils quittent le sud de Tel-Aviv. »
Le rappeur et activiste palestinien Tamer Nafar a condamné Toubul et Miri Regev, le ministre israélien qui a été à l’origine du pogrom de 2012 contre les réfugiés africains au sud de Tel-Aviv, dans un article d’opinion publié dans le quotidien Haaretz:
« Miri Regev et Ophir Toubul ne sont pas les Nouveaux Mizrahim. Notez bien ce que je vous dis : l’Âge d’or [l’organisation de Toubul] et Regev sont en fait les Nouveaux Blancs. Ce n’est pas un hasard s’ils ressemblent à Donald Trump. »
9. Sheffi Paz, militante
Il y a des gangs qui patrouillent dans les villes israéliennes et persécutent les non-juifs pour les forcer à partir.
Le groupe Lehava qui milite officiellement contre le métissage et les mariages inter-raciaux et qui sévit principalement à Jérusalem, cible particulièrement les Palestiniens. Le Front de libération de Tel-Aviv Sud, dirigé par Sheffi Paz, concentre ses efforts sur l’expulsion des réfugiés africains.
Paz et ses alliés harcèlent les Noirs dans les lieux publics et leur intiment de quitter immédiatement le pays. Les noirs savent que, s’ils protestent de quelque manière que ce soit, Paz appelera la police et les fera arrêter sous de fausses accusations. Ainsi, les malheureux demandeurs d’asile, qui mènent déjà une existence précaire, subissent généralement en silence ces persécutions dont rien ni personne ne les protège.
Des militants du Front de libération de Tel-Aviv Sud abordent les Africains et les Africaines dans la rue pour leur donner de force des préservatifs en proclamant publiquement et sans aucune honte, que le taux de natalité africaine en Israël devrait être de zéro.
La haine du Front de libération de Tel Aviv-sud s’étend même aux enfants. En se promenant dans un des rares parcs du centre de Tel-Aviv, on peut tomber sur Paz et sa bande en train de malmener des enfants noirs, en toute impunité.
Son leadership de rue a procuré à Paz des financements et de l’influence politique. Cette année, elle a lancé un appel aux Israéliens sur Internet pour récolter des fonds pour intensifier ses provocations racistes. En l’espace de quelques semaines, Paz a réussi à récolter plus que la somme de 122 500 dollars qu’elle s’était fixée.
8. Itzik Braverman, maire
En novembre 2016, des adolescents israéliens ont lynché Babikir Adham-Uvdo, un réfugié africain, dans la banlieue de Tel-Aviv de Petah Tikva.
Il a été frappé au visage avec une telle violence que son propre frère n’a pas pu l’identifier. Ce sont les doigts manquants, perdus autrefois au Darfour d’où il s’était enfui vers Israël, qui ont permis d’identifier sa dépouille.
Adham-Uvdo a été lynché près de la mairie de Petah Tikva. Au lieu d’essayer de rassurer les réfugiés africains dans la ville, dans les mois qui ont suivi le meurtre, le maire Itzik Braverman a pris des mesures pour les expulser. La municipalité s’est mise à couper l’électricité et l’eau potable aux appartements subdivisés pour abriter plusieurs familles de réfugiés africains (à cause des discriminations qu’ils subissent en matière de logement).
La municipalité a affirmé qu’elle ne ciblait pas les réfugiés, mais les violations en matière de construction.
ACRI, l’organisation de défense des droits civils qui représentait les demandeurs d’asile dans cette affaire, a établi que 80 % des résidents des appartements ciblés étaient des Érythréens et des Soudanais.
Un tribunal a statué en août dernier que Braverman pouvait continuer à couper les services de première nécessité aux réfugiés africains.
En 2015, Braverman a écrit une lettre à Silvan Shalom, alors ministre de l’Intérieur, pour lui dire que l’interdiction faite aux réfugiés de vivre à Tel-Aviv et Eilat mais pas à Petah Tikva avait « causé une grande déception parmi les habitants de la ville qui craignaient que leur sécurité personnelle ne soit menacée ».
Mais en février, Braverman a publiquement reconnu que les réfugiés se faisaient rien d’illégal.
« La plupart d’entre eux sont ici légalement et ne font rien de mal », a dit M. Braverman aux résidents de la ville. « Leur participation dans les crimes commis à Petah Tikva est faible. »
Alors, quelle est la vraie raison pour laquelle Braverman veut les chasser?
« Quand vous marchez sur la Place du Fondateur, vous voyez des noirs boire de la bière. Ce n’est pas agréable », a-t-il dit à ses administrés.
En d’autres termes, le véritable crime de ces réfugiés africains – et leur seul crime – c’est la couleur de leur peau.
7. Avi Dichter, membre de la Knesset
Avi Dichter, ancien chef du Shin Bet, la police secrète israélienne, travaille depuis plus de dix ans à expulser les réfugiés africains d’Israël. Il y a dix ans, alors qu’il était ministre de la sécurité intérieure, M. Dichter a décidé que les réfugiés africains qui traversaient la frontière israélienne seraient renvoyés en Égypte.
Bien que plus subtils, les efforts actuels de Dichter pour fournir aux autorités israéliennes des outils pour chasser les réfugiés africains sont probablement tout aussi efficaces.
Depuis 2011, il soutient un projet de loi qui garantirait que les efforts du gouvernement pour expulser tous les réfugiés africains ne soient pas contrecarrés, même temporairement, par la Haute Cour israélienne. Le projet de loi, qui aurait la même force qu’un amendement constitutionnel, subordonnerait la démocratie et les droits civils individuels aux intérêts d’un État juif.
Ces dernières années, la Haute Cour d’Israël a rejeté les amendements à la législation anti-réfugiés du pays parce qu’ils violaient les principes démocratiques.
Cependant, une fois la nouvelle loi de Dichter adoptée, ces considérations seront automatiquement subordonnées à ce que l’on appelle les « intérêts juifs ».
De l’avis du premier ministre Benjamin Netanyahou, la réduction du nombre de non-juifs dans le pays fait partie de ces intérêts juifs.
Lorsque les réfugiés africains ont commencé à arriver en Israël il y a dix ans, Dichter ne faisait pas beaucoup d’efforts pour cacher son dédain à leur égard.
En juillet 2007, à Hadera, une ville du nord d’Israël, une « patrouille de sécurité » mise en place par le maire a fait une descente dans un verger et arrêté un groupe de réfugiés africains, les a contraints physiquement à monter dans des autobus, les a chassés de la ville et les a abandonnés dans un parc public situé à plus de 100 kilomètres.
En 2011, une cour de justice israélienne a condamné le maire et le conseil municipal de Hadera à une amende d’environ 80 000 dollars pour cet incident illégal.
Mais Dichter a fait l’éloge du maire de Hadera et de la « patrouille de sécurité ». Il était alors ministre de la Sécurité intérieure et il a demandé instamment que ces patrouilles soient mises en place dans tout Israël.
6. Le député Moti Yogev, et le mouvement Derech Chaim
Comme Avi Dichter, Moti Yogev est un député israélien qui parraine un projet de loi qui empêcherait la Haute Cour d’annuler, et même d’édulcorer, toute législation adoptée par le Parlement israélien, la Knesset.
Mais la loi proposée par Yogev est encore plus draconienne que celle de Dichter.
Le projet de loi sur « l’État-nation » de Dichter interdirait à la Haute Cour israélienne d’annuler des lois contraires aux principes démocratiques, mais le projet de loi proposé par Yogev priverait la Haute Cour de sa capacité d’annuler toute loi votée à la Knesset, quelle qu’en soit la raison.
Si le projet de loi sur « l’État-nation » a pour but de promouvoir les intérêts sectaires juifs, le projet de loi proposé par Yogav a pour but de promouvoir les intérêts religieux juifs.
Même si Yogev défend le projet de loi au parlement israélien, c’est le mouvement Derech Chaim et son leader, le rabbin Yitzchak Ginsbourgh, qui l’a initié.
Derech Chaim vise à transformer l’ethnocratie israélienne – un État semi-séculier qui favorise les juifs ethniques – en théocratie, un État dont les lois sont la Torah et le Talmud, sans séparation entre la synagogue et l’État. Ginsburgh est un gourou de l’extrême-droite israélienne qui a écrit l’introduction à la Torah du roi, un tract religieux qui permet le meurtre de bébés non juifs en arguant du fait qu’ils pourraient représenter une menace si on les laissait grandir.
Pour promouvoir son projet de loi, Yogev signe ainsi : « Fais revenir nos juges comme autrefois et nos conseillers comme avant et détourne de nous l’angoisse et la tristesse et règne vite sur nous, toi seul », ce qui est considérée dans les cercles religieux comme un appel pour que le peuple juif soit gouverné par des rois et des religieux non élus.
Yogev ne fait pas mystère de la logique raciste qui sous-tend son nouveau projet de loi.
En mars 2013, Yogev a cofondé un lobby parlementaire israélien qui avait pour objectif de renvoyer les demandeurs d’asile africains dans leur pays d’origine. En octobre de la même année, Yogev a téléchargé une vidéo de lui-même en train de se promener autour d’Ashdod, et de dire que les réfugiés africains « infestaient » la ville. Cette façon de comparer les réfugiés africains à des insectes qui doivent être chassés ou exterminés, est hélas très courante dans la société israélienne.
En Juillet 2015, Yogev a dit qu’« Il fallait envoyer un D-9 (un bulldozer) raser la Haute Cour. » Un mois plus tard, il a déclaré que sa sortie avait été provoquée par la décision de la Haute Cour d’interdire à Israël d’emprisonner indéfiniment des réfugiés africains pour les forcer à partir d’eux-mêmes, au lieu d’être expulsés par l’État.
Mais, étant donné la pression extrême du gouvernement d’extrême droite israélien, cette décision de la Haute Cour ne protégera pas longtemps les réfugiés.
5. Ayelet Shaked, ministre de la Justice
Pendant des années, le schéma a été le même: le gouvernement israélien adoptait une mesure anti-africaine draconienne à la Knesset, les groupes locaux de défense des droits de l’homme la contestaient et la Haute Cour l’annulait.
La ministre de la Justice, Ayelet Shaked, a pris une série de mesures pour modifier l’équilibre des pouvoirs entre les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire du gouvernement – ou pour priver purement et simplement le tribunal de ses pouvoirs.
Miriam Naor, la présidente sortante de la Haute Cour d’Israël, s’est opposée à certains des efforts de Shaked pour faire main basse sur le pouvoir judiciaire, en disant que les efforts de la ministre pour remplir la Haute Cour de juristes de droite revenaient à « poser un revolver sur la table ». Mais Naor vient de prendre sa retraite et le reste des juges de la Cour semble avoir intériorisé le message de Shaked.
En août dernier, Naor, elle-même s’est mise à utiliser le qualificatif calomniateur d’« infiltrés », au tribunal, pour parler des réfugiés africains, comme le fait le gouvernement.
Le mois suivant, le tribunal a statué qu’il était interdit au gouvernement d’employer des demandeurs d’asile de l’Érythrée et du Soudan, ce qui risque de faire perdre à des milliers de réfugiés leurs emplois municipaux dans la maintenance et l’entretien
Le tribunal a également statué que l’État peut retenir 20 % des salaires que les demandeurs d’asile perçoivent des employeurs privés, comme les employeurs sont tenus de le faire avec les travailleurs étrangers, même si cela met les réfugiés pauvres dans une situation encore plus précaire.
Les juges de la Haute Cour d’Israël ont également renoncé à sanctionner le gouvernement, en dépit de sa mauvaise volonté manifeste, pour n’avoir pas rempli ses engagements envers la Cour en ce qui concerne le statut des demandeurs d’asile, ce qui a permis à l’État de gagner du temps.
Le gouvernement intensifie ses efforts pour expulser les réfugiés, et les juges se rendent bien compte que leurs jugements seront bientôt sans objet.
Le tribunal a décidé l’année dernière qu’Israël pouvait maintenant renvoyer des réfugiés en Afrique sans leur consentement, si les pays dans lesquels ils étaient déportés acceptaient de les prendre contre leur gré. Les pressions de Shaked ont été couronnées de succès.
Le gouvernement a renégocié son accord avec le Rwanda pour se conformer aux exigences de la Haute Cour, ouvrant ainsi la voie à des expulsions massives.
En décembre, le gouvernement a dit à la Cour qu’il prévoyait de procéder à des déportations massives dans les semaines suivantes.
4. Avi Gabbay, chef de l’opposition
Maintenant que la Haute Cour israélienne a autorisé le gouvernement à expulser des réfugiés africains, la prochaine étape est de faire ratifier le projet par la Knesset.
Le chef du parti travailliste nouvellement élu, Avi Gabbay, a justifié son soutien à la proposition en disant: « Nous n’avons pas à être plus à cheval sur le droit que la Haute Cour de justice. »
Avant de devenir chef du parti, Gabbay n’avait aucune affiliation avec le parti travailliste. Il n’est toujours pas membre du parlement israélien et ne peut pas le devenir avant les prochaines élections nationales, prévues pour 2019.
Le plan d’expulsion n’a pas besoin du soutien du Parti travailliste pour passer, car tous les partis de la coalition gouvernementale ont accepté de le soutenir.
Mais Gabbay a exhorté les législateurs travaillistes à la défendre, car selon lui, ne pas le faire coûterait des voix au parti aux prochaines élections générales.
« Cela nous coûterait cher si nous nous opposions à ce projet de loi », a-t-il dit.
Lors du premier vote de la Knesset sur le projet de loi, 11 législateurs de la coalition travailliste ont voté pour.
Quand le projet de loi a été présenté à la Knesset pour le vote final, la pression des militants antiracistes a convaincu certains députés d’arrière-ban* du parti travailliste de modifier leur vote et de s’opposer à la mesure.
Mais cette résistance de dernière minute n’a servi à rien : les travaillistes n’ont pas été en mesure d’enlever des sièges parlementaires à leurs rivaux les plus ouvertement racistes; Gabbay a démontré qu’il ne pouvait pas diriger efficacement son propre parti, et encore moins un pays tout entier; le projet de loi antiréfugiés est passé facilement au parlement, malgré cela.
3. Moshe Kahlon, ancien ministre des Finances
Comme Gabbay et les leaders de plusieurs autres factions de la Knesset, Moshe Kahlon est arrivé à la tête de son parti Koulanu après avoir travaillé sous la direction du Premier ministre Benjamin Netanyahou et de son parti au pouvoir, le Likoud.
Au début du mois de juillet, le gouvernement israélien s’est penché sur la question de savoir quels convertis au judaïsme seraient reconnus par l’Etat. Dans l’espoir d’éviter une décision de la Haute Cour ordonnant à l’État de reconnaître les conversions effectuées par les courants les plus libéraux du judaïsme, les factions ultra-orthodoxes du gouvernement ont proposé un nouveau projet de loi permettant de maintenir le contrôle exclusif des rabbins conservateurs sur les conversions.
Selon la nouvelle proposition, la conversion au judaïsme à travers ses courants libéraux ne serait pas suffisante pour acquérir la citoyenneté israélienne. Cela fragiliserait les juifs américains dont beaucoup sont affiliés à ces courants libéraux.
Pourquoi Kahlon, qui est habituellement pragmatique, s’est-il rangé aux côtés des ultra-orthodoxes sur cette question au risque de contrarier les Juifs américains?
Selon Kahlon, si Israël reconnaît les conversions des courants libéraux du judaïsme, « il y aura une inondation d’Érythréens ici. »
Au cours de la dernière décennie, un nombre relativement faible mais non négligeable de réfugiés africains – y compris ceux qui entretiennent des relations amoureuses avec des citoyens juifs israéliens – ont demandé à l’État l’autorisation de se convertir au judaïsme. Leurs demandes ont été purement et simplement rejetées.
En 2004, avant l’arrivée de la grande majorité des réfugiés africains, Kahlon avait proposé une loi, qui n’a jamais été promulguée, qui aurait sanctionné quiconque entrait en Israël sans permis en ne leur permettant pas d’acquérir un statut légal avant 10 ans passés à l’extérieur du pays.
2. Aryeh Deri, ministre de l’Intérieur
« En tant que ministre de l’Intérieur, mon devoir est d’expulser tous ceux qui entrent illégalement. »
C’est ce qu’Aryeh Deri a déclaré en juillet à la Commission de l’intérieur et de l’environnement de la Knesset, qui supervise le traitement des réfugiés africains par l’État.
Cela fait maintenant deux ans que Deri dirige ce qu’un chercheur a appelé « le mécanisme anti-immigration irrégulière le plus efficace au monde ».
En avril de l’année dernière, le journal libéral Haaretz a vivement critiqué le gouvernement israélien pour ce mécanisme.
L’éditorial, publié à l’occasion du Jour du Souvenir de l’Holocauste israélien, disait : « Les moyens dont Israël dispose pour rendre la vie impossible aux demandeurs d’asile et, ce faisant, se soustraire à ses obligations juridiques et humanitaires envers eux, se multiplient. »
Quelques mois plus tard, le journal a publié des interviews de réfugiés africains qu’Israël avait contraints à partir « volontairement ». Ils ont confirmé ce que les enquêtes précédentes avaient révélé: les réfugiés africains qu’Israël envoie au Rwanda ne bénéficient pas de la protection de l’État, au contraire on leur prend tous leurs documents, ce qui les oblige à recommencer toute la procédure d’asile depuis le début.
Selon ceux qui ont survécu à cette nouvelle épreuve et qui ont réussi à arriver en Europe, beaucoup de leurs compatriotes chassés par Israël ont trouvé la mort dans des camps de torture libyens ou se sont noyés dans la Méditerranée.
Lors de la publication de ces rapports, l’éditeur d’Haaretz Amos Schocken a tweeté une liste des principaux ministres israéliens qui ont mené la guerre israélienne contre les Africains, en les qualifiant d’« assassins en costume trois pièces ».
Les noms de toutes les personnalités citées sont déjà apparus dans des précédents récapitulatifs annuels de ces meneurs racistes.
Deux d’entre eux sont en tête des listes de 2016 et de 2017: Aryeh Deri et Benjamin Netanyahou.
La seule différence réelle entre les deux dirigeants israéliens est que Deri n’affiche ses préjugés anti-noirs qu’en hébreu, se contentant d’attiser les haines dans son pays natal. Netanyahu, par contre, est maintenant assez impudent pour s’en vanter aussi en anglais.
En janvier, Netanyahu a tweeté en anglais son soutien au projet de Donald Trump de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique, en se vantant de sa propre barrière frontalière anti-africaine qu’il a qualifiée de « grand succès ».
Lorsque la déclaration de Netanyahu a provoqué des frictions avec le Mexique, et que les Juifs mexicains ont rompu le sabbat juif pour protester contre ses invectives anti-immigrants, Deri a supplié le premier ministre de revenir sur ses paroles. Netanyahou a refusé.
1. Benjamin Netanyahu, Premier ministre
« Les réfugiés qui sont arrivés ici du Soudan ont besoin de protection et de refuge, et leur intégration est une obligation morale suprême, à la lumière de l’histoire du peuple juif et des valeurs de la démocratie et de l’humanisme. »
Benjamin Netanyahu – et une majorité des 120 membres de la Knesset – ont signé ce texte il y a dix ans, lorsque Netanyahou était chef de l’opposition au parlement.
Quelques années plus tard, après le retour de Netanyahou comme premier ministre, son gouvernement s’est mis à persécuter les réfugiés africains, en commençant par assortir leurs visas de clauses leurs interdisant de travailler.
Comment Netanyahu – ou qui que ce soit d’ailleurs – a-t-il pu promettre son soutien à ces réfugiés, puis le leur retirer au moment même où il devenait capable de le leur apporter?
Il y a douze ans, des douzaines de groupes juifs américains ont publié une pleine page dans le New York Times, invoquant la souffrance juive dans l’Holocauste nazi et demandant au président américain George W. Bush de prendre des mesures pour mettre fin aux atrocités au Darfour.
Beaucoup, mais pas tous, de ces mêmes groupes juifs ont gardé un silence assourdissant sur la guerre d’Israël contre les réfugiés africains. Qu’en est-il de leur soi-disant solidarité?
Une récente statistique de Gallup sur le traitement des migrants dans le monde a classé Israël au sixième rang mondial en partant de la fin.
Au cours d’une visite à Tel Aviv en août, Netanyahou a pris soin d’inclure dans son entourage Sheffi Paz et d’autres militants du Front de libération de Tel Aviv-sud, et de se faire photographier main dans la main avec eux.
Ces photos ont envoyé au public israélien un message clair: Netanyahu apporte son soutien total aux gangs racistes qui veulent vider le pays de tous les réfugiés africains.
Si rien n’est fait pour l’empêcher, Netanyahou et les autres meneurs racistes d’Israël verront bientôt leurs souhaits se réaliser.
Note :
* Référence au système de Westminster, où un député d’arrière-ban est un député qui n’est ni ministre (s’il fait partie du parti du gouvernement) ni membre du cabinet fantôme (s’il fait partie de l’opposition), ni n’occupe une autre fonction parlementaire comme celles de whip ou de président d’un caucus.
22 janvier 2018 – The Electronic Intifada – Traduction : Chronique de Palestine