Adnan, âgé de 40 ans, ancien prisonnier et symbole national de la résistance palestinienne, a été en grève de la faim à quatre reprise depuis 2004, dont une grève longue de 67 jours.
Randa a déclaré avoir vu son mari pour la dernière fois le 22 octobre – le 51e jour de sa grève de la faim – au tribunal militaire de Salem, près de la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée. Il a été emmené dans la salle d’audience à bord d’un véhicule de l’armée israélienne appelé Bosta, a-t-elle dit.
“Son visage était pâle, sa barbe et ses cheveux étaient longs. Ils ne lui ont pas permis de prendre une douche, de se changer ou de se couper la barbe, voulant le contraindre à mettre fin à sa grève de la faim”, a déclaré Randa à MEE.
Adnan a entamé sa grève de la faim le 2 septembre, moins d’un an après son arrestation le 10 décembre 2017 et son incarcération sans accusation.
Le système judiciaire militaire israélien a reporté son procès 17 fois depuis. Sa prochaine audience est prévue pour le 29 octobre.
“Aucun médecin n’a été autorisé à vérifier son état de santé, mais j’ai pu constater qu’il avait perdu la moitié de son poids et que son audition était faible”, a déclaré Randa. “Il est entré dans la salle d’audience en fauteuil roulant et était (trop) faible pour se tenir sur ses jambes.”
Un symbole de la résistance palestinienne
Adnan a été emprisonné onze fois depuis 2004 pour son appartenance au groupe du Jihad islamique en Cisjordanie. Militant de base, il est également porte-parole des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes.
Lorsqu’il a lancé sa grève de la faim, le service pénitentiaire israélien a réagi en le plaçant à l’isolement, d’abord à Rimon, puis à Jalama, deux prisons israéliennes en Cisjordanie occupée, a déclaré Randa.
“Personne n’a été autorisé à lui rendre visite, ni un avocat ni une organisation de défense des droits de l’homme. Le 31ème jour de sa grève de la faim, la Croix-Rouge lui a rendu visite et le 37ème jour, il a été transféré à l’hôpital de Ramle où il se trouve maintenant,” explique-t-elle à MEE.
Adnan a lancé sa première grève de la faim, qui a duré 25 jours, en 2004 pour protester contre sa détention administrative, une procédure qui permet à Israël de détenir des Palestiniens sans inculpation ni jugement pendant six mois.
Ces périodes de détention peuvent être renouvelées indéfiniment et les prisonniers palestiniens peuvent passer des années en prison en détention administrative.
La deuxième grève de la faim d’Adnan, qui a duré 67 jours, a pris fin en 2012, tandis que la troisième s’est déroulée en 2015 et a duré 54 jours, après quoi il a été libéré de prison.
Sa deuxième grève de la faim a inspiré une vague de prisonniers palestiniens également placés en détention administrative et ils ont mené une grève de la faim à ses côtés.
“Ils veulent briser Adnan”, a déclaré Randa, “car il est devenu un symbole de victoire en Palestine et dans le monde entier”.
26 octobre 2018 – Middle East Eye – Traduction : Chronique de Palestine