Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Malki, a salué trois représentations récentes comme des rappels emblématiques de la résistance dans la lutte israélo-palestinienne.
Dans ses remarques à la réunion d’urgence de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur la décision des États-Unis sur Jérusalem jeudi, al-Malki a déclaré: “La fermeté de notre peuple sur ses terres est légendaire et son aspiration à la liberté et à l’intégrité est légitime. et l’espoir d’une vie meilleure pour leurs enfants se renouvelle chaque jour, mais l’agression israélienne vole leurs rêves et leur avenir.”
Il faisait référence aux photos de trois Palestiniens lors de la dernière vague de manifestations en Cisjordanie et dans la bande de Gaza contre la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Les images saisies ont mis en évidence des situations de violence par les forces israéliennes d’occupation avec “un enfant désarmé violenté par un bataillon de soldats, l’assassinat d’un handicapé à Gaza et le kidnapping à son domicile d’une jeune adolescente courageuse”.
La dernière vague de protestations en réponse à la décision américaine de transférer son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem a entraîné la mort de 10 Palestiniens et la détention de plus de 500 personnes.
D’autres images emblématiques ont émergé dans le passé pour faire la lumière sur la situation critique du peuple palestinien sous l’occupation israélienne.
Première et deuxième Intifadas
Dans la première Intifada palestinienne – ou soulèvement de masse – l’image la plus puissante a été transmise par une chaîne de télévision américaine dont le cameraman, en utilisant un téléobjectif, a pu capturer des soldats israéliens brisant les os d’un lanceur de pierres palestinien.
Le cameraman israélien Moshe Alpert, qui travaillait pour la chaîne américaine CBS News, a capturé en 1988 quatre soldats israéliens appliquant les directives du ministre de la Défense Yitzhak Rabin, qui avait mis en place une politique visant à empêcher les Palestiniens de manifester.
Au cours de la deuxième Intifada, la victime de la photo qui a fait alors le tour du monde, portait un nom : Mohammad al-Durrah, un tout jeune garçon palestinien âgé de 12 ans, est mort sur le coup à Gaza après avoir été touché par des tirs israéliens alors que son père tentait de le protéger des balles. Les images ont été capturées par un cameraman de la station française TF2, Talal Abu Rahmeh.
Abu Rahmeh a déclaré sur le site d’information Al-Monitor que son employeur français avait posté sur YouTube toute la vidéo pour mettre un terme aux tentatives de le discréditer en affirmant que les images avaient été mises en scène.
Les images d’Al-Durrah ont eu un énorme retentissement parce qu’elles captaient toute l’émotion humaine, dit-il : “Cela a bouleversé le monde et quiconque l’a vu, parce que [ces images] reflétaient toute la douleur d’un père incapable de protéger son jeune fils.”
De nouvelles images emblématiques
Au cours des trois courtes semaines qui se sont écoulées depuis que Trump a déclaré que Jérusalem était la capitale d’Israël, trois nouvelles images emblématiques ont émergé d’Hébron, de Gaza et du village de Nabi Saleh près de Ramallah.
Deux des sujets sont maintenant dans les prisons israéliennes, et l’un a été assassiné, touché à la tête par un tireur d’élite israélien.
La première image qui est apparue peu de temps après les manifestations a été celle d’Hébron, montrant un garçon de 16 ans entouré d’au moins 20 soldats israéliens. Le garçon est menotté et a les yeux bandés.
Fawzi al-Junaidi, qui est actuellement accusé d’avoir lancé des pierres, a été kidnappé quelques jours après le début des manifestations.
En quelques jours, une autre image a commencé à circuler sur les réseaux.
Ibrahim Abu Thurayyah, un Palestinien de Gaza âgé de 29 ans qui a perdu ses deux jambes lors de l’assaut israélien sur Gaza en 2008, a été frappé d’une balle dans la tête le 15 décembre alors qu’il protestait contre la décision américaine.
La photo prise de lui alors qu’il protestait dans un fauteuil roulant en brandissant un drapeau palestinien a rapidement pris le dessus sur les pages de médias sociaux. Les dessinateurs ont rapidement transformé l’histoire en dessins illustrant la brutalité israélienne et montrant Abu Thurayyah comme ayant des ailes et volant dans le ciel.
Carlos Lattuf, un dessinateur brésilien, a demandé à ses 71 000 suiveurs sur les médias sociaux de transmettre à la famille du Ibrahim Abu Thurayyah la représentation qu’il avait produite de cette nouvelle icône palestinienne.
Peu de temps après, une troisième image a commencé à circuler.
Une jeune Palestinienne de 16 ans qui a tenu tête aux soldats israéliens après que sa maison ait été saccagée et son cousin gravement blessé par une balle israélienne dans la tête, a été filmée en train de défier les soldats israéliens et de leur crier de partir.
Les soldats n’ont pas réagi, et l’image de leur non-réaction a été considérée comme humiliante par les Israéliens alors que l’histoire a fait les gros titres dans les principaux médias.
L’armée israélienne a réagi rapidement en ordonnant l’enlèvement et la détention d’Ahed Tamimi, qui a été sortie de force de sa maison aux premières heures du matin, le 19 décembre.
Lorsque sa mère a tenté de la voir en détention, elle a également été arrêtée.
Tamimi a été rapidement dépeinte comme une héroïne. Encore une fois, son image a été transformée en dessins animés et en courtes vidéos en anglais et en arabe.
Le prince jordanien Ali bin Hussein a même fait l’éloge de l’adolescente palestinienne sur son compte Twitter.
22 décembre 2017 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine