Les soldats israéliens ont assassiné des dizaines de prisonniers lors de l’une des guerres où combattaient les FDI, durant les premières décennies de l’existence d’Israël. L’officier qui a donné cet ordre de tuer les prisonniers a été jugé, mais il s’en est tiré avec une peine ridiculement légère. Son commandant a été promu à de hautes fonctions et toute l’affaire a été étouffée.
Ces dizaines de prisonniers étaient des soldats de l’une des armées ennemies. Ils s’étaient rendus après avoir combattu et posé leurs armes. Certains d’entre eux étaient grièvement blessés.
Les soldats israéliens, qui avaient auparavant pris le contrôle de l’endroit où ils se sont rendus, les ont rassemblés dans une cour intérieure entourée d’un mur, ils leur ont donné de la nourriture et ont parlé avec eux de leur vie et de leur service militaire.
Quelques heures plus tard, ces soldats ont été affectés à une autre mission, et une autre force israélienne a été envoyée pour les remplacer sur le site où les prisonniers étaient détenus. Ce changement de gardiens a soulevé des questions chez les officiers du site quant à ce qu’il convenait de faire des soldats ennemis captifs, parce que la force arrivante refusait d’en prendre la responsabilité, et que la force partante n’avait pas les moyens de transporter les prisonniers.
Le commandant de compagnie, qui était l’officier en charge du site, a alors ordonné à ses soldats de tuer les prisonniers. Selon un témoignage obtenu par Haaretz, les prisonniers ont reçu l’ordre de se mettre en file et de se retourner, avant d’être abattus dans le dos. Un officier ennemi qui avait servi de traducteur a voulu fuir, mais il a été abattu par les soldats de la force arrivante qui était en jeep. Après l’assassinat, un bulldozer de l’armée a empilé les corps dans une fosse improvisée.
Deux témoignages oculaires de l’assassinat des prisonniers ont été remis à un journaliste de Haaretz, il y a de nombreuses années. Selon l’un de ces témoignages, par un homme qui dit avoir refusé d’obéir à l’ordre, le commandant lui a ordonné de descendre de jeep et de tuer les prisonniers blessés. Il a refusé parce que peu avant, les prisonniers lui avaient demandé s’ils allaient être tués, et qu’il leur avait répondu non.
Le commandant l’a menacé alors de passer en cour martiale pour désobéissance à un ordre, mais il a maintenu son refus. Puis un autre homme – le deuxième témoin – s’est levé et s’est porté volontaire pour exécuter l’ordre.
La déposition du deuxième témoin, qui a avoué avoir participé à l’assassinat des prisonniers avec trois de ses camarades, concorde plus ou moins avec celle du premier témoin, bien qu’ils n’aient pas été mis en contact l’un avec l’autre et qu’aucun d’eux ne savait que l’affaire était discutée avec l’autre. Une différence est que le deuxième homme affirme qu’il a, lui aussi, d’abord refusé d’obéir à l’ordre, mais quand son commandant a insisté, il a accepté de l’exécuter. Il ajoute qu’après avoir tiré sur les prisonniers, il s’est approché d’eux et a tiré à nouveau sur eux à une distance de seulement cinq mètres pour s’assurer qu’ils étaient tous morts.
Les forces de défense israéliennes (FDI) ont lancé une enquête de la police militaire sur l’incident, et l’enquête a pris fin avec le passage en jugement du commandant de compagnie pour assassinat. Il a été condamné à trois années de prison, et il a été libéré après seulement sept mois.
Le commandant de compagnie a affirmé avoir reçu l’ordre de tuer les prisonniers par son supérieur, lequel supérieur a atteint par la suite un poste très élevé au sein des FDI. On ne sait pas si ce supérieur a fait l’objet d’une enquête, mais ce qui est certain, c’est qu’il n’a jamais été jugé. Le commandant de compagnie a travaillé comme guide touristique après avoir quitté l’armée, et quand il a été questionné sur le sujet par un journaliste de Haaretz, un an plus tard, il a répondu que « l’affaire était classée » et il lui a dit d’adresser ses questions aux « services de sécurité ».
Cet assassinat de dizaines de prisonniers est l’un des plus sérieux crimes de guerre de l’histoire des FDI, mais l’armée a été blanchie et elle s’est tue. En rendre public les détails reste important, même aujourd’hui, afin de comprendre l’histoire de l’éthique de combat des FDI, et d’en tirer les leçons sur son pouvoir, son enseignement et son commandement pour l’avenir.
17 septembre 2016 – Ha’aretz – Traduction : JPP pour le Collectif Solidarité Palestine de la Région nazairienne