Alors que les bombardements incessants sur la bande de Gaza occupée entrent dans leur quatrième journée [30 décembre], le nombre de morts et de blessés monte à plus de 2 000. Intervenant par Skype, le correspondant d’Electronic Intifada, Rami Almeghari, nous dépeint la situation près de chez lui, dans le camp de réfugiés d’al-Maghazi, dans le centre de la Bande de Gaza.
Je suis dans le camp de réfugiés d’al-Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza. Cet après-midi, des drones israéliens ont tiré trois missiles sur une maison d’al-Maghazi. Heureusement, il n’y a pas eu de victimes, mais malheureusement, il y a beaucoup de victimes ailleurs dans la bande de Gaza où ils ciblent les maisons et les mosquées.
Je suis sorti de la maison pour régler quelques questions urgentes aujourd’hui. Mais se déplacer est vraiment très risqué actuellement. Toute personne qui se déplace est une cible potentielle pour les avions israéliens qui grondent au-dessus de nos têtes en permanence. Vous ne savez pas qui sera la prochaine cible. C’est épouvantable, horrible pour la population ici.
La plupart des boutiques et des commerces sont fermés. Seuls, un petit nombre de magasins d’alimentation sont restés ouverts. Il y a très peu de mouvements dans les rues. Très peu de voitures, par exemple, dans la rue Salah al-Din, la principale artère qui traverse la bande de Gaza. Les gens restent dans leurs maisons, dans leurs quartiers. Ce qui se passe est sans précédent depuis qu’Israël a occupé la bande de Gaza en 1967. Partout règnent la peur, l’inquiétude, l’anxiété.
Heureusement, nous avons accès à Internet, mais les pannes de courant sont très longues. En ce moment, je vous parle au moyen d’un générateur alimenté à l’essence ; mais l’essence est un produit très rare, si rare que je pourrais être coupé du monde.
Certains magasins d’alimentation et boulangeries ouvrent, mais juste quelques heures par jour. Ils se saisissent de tout pour pouvoir faire du pain pour les gens. Ce matin, je suis allé dans une boulangerie près du camp de réfugiés de Nusseirat, avec l’intention d’acheter du pain pour mes enfants et ma famille. Ils ont dit : « Il n’y a pas de pain en ce moment, peut-être après 20h ce soir ». Ils attendent que l’électricité revienne pour pouvoir cuire.
Ces deux derniers jours, il y a eu quelque livraisons par bateaux dans la bande de Gaza, mais en quantités très limitées – bien moins que ce qu’il faut pour répondre aux besoins d’un million cinq cent mille personnes. Chaque ménage représente en moyenne 7 ou 8 personnes, aussi les besoins sont importants.
Vous ne trouverez pas trace de gouvernement ici. La plupart des immeubles du gouvernement ont été détruits par les avions israéliens. Par exemple, tout le complexe de bâtiments ministériels de Gaza ville – comprenant les ministères des Finances, de l’Intérieur, de l’Enseignement et les autres – a été complètement détruit.
Il ne s’agit pas de sites « terroristes » ou militaires. Ce sont des bâtiments civils au service de la population pour régler des questions civiles. Ils n’ont rien à voir avec des objectifs militaires comme le prétend à chaque fois Israël. Même les postes de police qu’ils ont pris pour cibles ces jours derniers, ce n’étaient que des postes de police, pour la sécurité des gens, pour régler la circulation et ainsi de suite. Les gens qui travaillent dans ces postes de police étaient de jeunes chômeurs qui profitaient d’une occasion pour vivre et nourrir leur famille.
Israël a bombardé la station TV al-Aqsa du Hamas, il y a tout juste une heure, d’après un porte-parole cagoulé des brigades Izzedin al-Qassam, la branche militaire du Hamas, qui s’y est exprimé à partir d’un endroit tenu secret. Malgré les attaques répétées des Israéliens, les tirs de roquettes se poursuivent sur Israël. Ainsi, Israël ne détruit pas le Hamas, il détruit la population civile.
2 janvier 2009 – Info-Palestine