Par Hamas
Lors de sa première rencontre avec des journalistes étrangers, le responsable du bureau politique du Hamas à Gaza, Yahya al-Sinwar, a déclaré jeudi que « le peuple palestinien a été déplacé et opprimé pendant les sept dernières décennies ».
Il a ajouté: « Israël a agi en tant qu’État au-dessus de la loi et a ignoré le droit international. La communauté internationale n’a pas réussi à imposer le respect de la loi internationale à propos de la cause des Palestiniens. »
Le dirigeant du Hamas a poursuivi : “La bande de Gaza est soumise à plus d’oppression depuis 2006, car le siège israélien a transformé la vie des habitants de Gaza en un enfer insupportable. Beaucoup d’installations et d’infrastructures dans Gaza ont été détruites et les Nations Unies ont déclaré que Gaza sera inhabitable d’ici 2020. Tout cela a été une punition collective pour notre peuple, à cause de son libre choix démocratique lors des élections de 2006″.
En ce qui concerne la Grande Marche du retour, il a déclaré: “Les Palestiniens se sont mobilisés depuis le 30 mars pour atteindre plusieurs objectifs : réitérer le Droit au Retour, qui est garanti par le droit international, rejeter la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale de l’occupant israélien, rejeter le déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem, imposer le lever immédiat et inconditionnel du siège de Gaza.
Al-Sinwar a souligné que les manifestations de la Grande Marche du Retour ont été et resteront pacifiques. « Ces manifestations ne prendront fin qu’après que nous ayons gagné une vie digne, et elles pourront continuer après les 14 et 15 mai », a-t-il ajouté.
Concernant l’enlèvement de la clôture dans l’est de Gaza, il a déclaré: « Ce n’est pas une frontière internationalement reconnue. Basé sur l’accord d’armistice, Gaza a plus de 200 kms carrés situés derrière la clôture. De plus, notre peuple a le droit de briser les murs de sa grande prison. Le problème n’est pas avec notre peuple, mais avec l’occupant. »
Le haut responsable du Hamas à Gaza a confirmé que le Hamas est à la recherche de solutions « pacifiques et diplomatiques » pour les Palestiniens, mais que si cela s’avérait efficace, alors « nous avons pour nous toutes les autres formes légales de résistance ».
Répondant à une question suggérant que le Hamas utilise l’argent des Palestiniens à Gaza pour améliorer ses capacités militaires, il a déclaré: « Le problème des habitants de Gaza est le siège israélien, qui a détruit toutes les formes de vie décente. Si les habitants de Gaza avaient eu la possibilité d’améliorer leurs conditions de vie depuis les élections de 2006, ils vivraient une situation meilleure que celle d’aujourd’hui qui est tragique. »
« Ensuite, l’argent utilisé par le Hamas est celui qui a été envoyé spécialement par des personnes ou des pays dans le but de promouvoir des capacités de résistance. Tout l’argent envoyé au peuple lui a été distribué. En outre, le Hamas a essayé d’aider les Palestiniens à soulager leurs souffrances, vu leur situation de vie difficile. »
A propos de la réconciliation, Al-Sinwar a déclaré que c’était toujours un “choix stratégique” pour son mouvement. « Nous avons déployé beaucoup d’efforts pour y parvenir, mais il y a des partis qui ne veulent pas que cela réussisse et ils ont fait de leur mieux pour entraver le processus. Les tentatives d’assassinat du général de brigade Tawfiq abu-Naim en 2017 et de M. Rami Hamdallah il y a six semaines faisaient partie des tentatives visant à saboter la réconciliation. Mais nous n’avons pas perdu espoir d’y parvenir. »
Concernant le Conseil national palestinien (PNC), il a déclaré que celui-ci ne représentait pas le peuple palestinien, notant que le Hamas et les autres factions continueraient de travailler pour parvenir à une réunion de consensus PNC et faire de l’OLP une institution qui inclurait tous les Palestiniens. « C’est un devoir national et nous voulons l’appliquer », a-t-il dit, soulignant que le Hamas n’a pas l’intention de créer de nouveaux organes pour remplacer les institutions palestiniennes historiques.
S’exprimant à propos des prisonniers israéliens à Gaza, il a dit que la résistance et lui-même, qui a passé 25 ans dans une prison israélienne, connaissent très bien la signification d’être un prisonnier. « Cependant, nous avons 6000 prisonniers à l’intérieur des prisons israéliennes qui connaissent des circonstances inhumaines et ils n’ont aucun espoir d’être libérés, sauf par le biais d’un échange de prisonniers. »
Pour savoir comment le Hamas traite ses prisonniers, il a dit aux journalistes : « Vous pouvez aller demander à Jilad Shalit qui a passé cinq ans en captivité sous contrôle du Hamas ».
Au sujet de l’agression israélienne contre l’Iran, il a rappelé que l’Iran soutenait la résistance palestinienne. « Nous condamnons toute agression sur un quelconque État arabe, islamique ou autre sans raison », a-t-il dit, « cependant, nous décidons de prendre part à un tel conflit ou non en fonction de nos intérêts. » L’Iran sait si nous pouvons faire partie de ce conflit ou non.
Comment le Hamas peut-il équilibrer ses relations avec l’Arabie saoudite et l’Égypte, et en même temps avec l’Iran, le Qatar et la Turquie ? « Nos intérêts définissent nos relations avec les différentes nations et nous faisons de notre mieux pour maintenir des relations équilibrées avec tous les pays », a-t-il expliqué.
Al-Sinwa a conclu ses propos en soulignant le rôle important joué par les médias dans les conflits. « Nous pensons que vos caméras pourraient sauver la vie de milliers de personnes et empêcher de nombreux massacres avant qu’ils aient lieu », a-t-il dit. « Nous pensons que ces caméras ont été ce qui a empêché l’occupation israélienne d’utiliser beaucoup plus de forces mortelles contre les manifestants pacifiques à Gaza. »
Auteur : Hamas
* Le mouvement Hamas (mouvement de la résistance islamique) est une organisation politique palestinienne issue historiquement de la mouvance de l'islam politique (mouvement des Frères musulmans) et il est officiellement né en 1987 dans le contexte de la Première Intifada palestinienne. Après avoir remporté (sous surveillance internationale) les élections législatives palestiniennes de 2006, ce mouvement s'est retrouvé confronté à une répression renouvelée de la part de l'occupant israélien comme de nombreux gouvernements étrangers, qui ont refusé d'avaliser le résultat des élections.A ce jour le Hamas administre la bande de Gaza, confrontée à un blocus de près de deux décennies, et il représente le courant le plus important dans l’opinion publique palestinienne.
11 mai 2018 – Mouvement Hamas – Traduction : Chronique de Palestine