Par Samidoun
Khader Adnan, prisonnier et dirigeant politique palestinien, est en grève de la faim depuis 40 jours dans les prisons israéliennes, exigeant sa libération de sa détention sans procès ni jugement. Adnan, un ancien gréviste de la faim, a recueilli le soutien des Palestiniens et de la communauté internationale pour ses grèves de la faim contre les emprisonnements répétés sans inculpation ni jugement en vertu d’une ordonnance israélienne de détention administrative.
Depuis qu’il a annoncé sa grève, il est maintenu en isolement et a été transféré à plusieurs reprises, plus récemment à la prison de Jalameh. La femme d’Adnan, Rand, a dénoncé ce qu’elle a qualifié de “black-out médiatique” concernant sa grève, affirmant qu’il n’avait reçu une visite d’un avocat qu’à une seule occasion, et une seule visite du Comité international de la Croix-Rouge depuis le début de sa grève. La Croix-Rouge devait lui rendre visite le lundi 8 octobre, mais il lui a été dit qu’Adnan Khader était “ailleurs” et la visite a été reportée.
Elle a appelé à une plus grande solidarité avec le gréviste de la faim qui non seulement exige sa libération, mais veut également placer la lutte des prisonniers palestiniens au premier plan des objectifs politiques.
Dans une lettre envoyée par Adnan depuis les prisons israéliennes, celui-ci a déclaré que “la liberté et la dignité sont plus précieuses que la nourriture”. Il a raconté sa dernière arrestation le 11 décembre 2017, soulignant que les forces d’occupation avaient agressé son épouse, ses deux filles et son père. Il a été menotté les mains dans le dos et a eu les yeux bandés avant d’être piétiné et frappé à coups de crosse de fusil dans le véhicule militaire.
Il a déclaré avoir été amené à un interrogatoire ainsi que dans des pièces avec des collaborateurs pour tenter d’extorquer des aveux, mais qu’il avait refusé de donner des réponses ou des informations. Pour cette raison, il est resté détenu sans inculpation ni jugement en détention administrative ou sur la base des aveux d’autres personnes au titre de la loi dite “Tamir”, qui permet à l’occupant de juger et condamner les Palestiniens uniquement sur la base des aveux d’autres personnes.
La lettre d’Adnan soulignait également qu’il ne reconnaissait ni l’occupation ni ses tribunaux, affirmant que les grèves de la faim individuelles et collectives des prisonniers étaient un moyen de lutter pour la liberté et un prolongement de toutes les formes de résistance que les Palestiniens pratiquaient en dehors de la prison.
Le père d’Adnan a également pris la parole lors d’une manifestation organisée le lundi 8 octobre, appelant à la libération de son fils et en signe de solidarité avec la protestation des prisonnières contre les caméras de surveillance. Il a déclaré que l’occupant israélien empêchait les avocats et la Croix-Rouge de voir son fils et il avait demandé aux porte-parole officiels de l’Autorité palestinienne de mettre fin à leur silence sur le cas d’Adnan. Muhammad Allan, un autre ancien gréviste de la faim de longue date, a dénoncé l’Autorité palestinienne pour la poursuite de sa coordination répressive avec Israël, alors même que les prisonniers font face à de multiples attaques et violations du droit.
Adnan n’est pas le seul prisonnier palestinien en grève de la faim. Omran al-Khatib, âgé de 60 ans, du camp de réfugiés de Jabalya à Gaza est également en grève. Cela fait 66 jours qu’il est en grève pour exiger sa libération. Il a à ce jour passé 21 ans dans les prisons israéliennes et il souffre de graves problèmes de santé.
Le réseau de solidarité des prisonniers palestiniens, Samidoun, appelle à la solidarité avec Khader Adnan en grève de la faim. En 2012, la grève de la faim d’Adnan, qui a duré 66 jours, a inspiré des manifestations et des mobilisations, des grèves de solidarité et des actions dans de nombreux pays et sur les campus du monde entier. Aujourd’hui, il est tout aussi crucial de faire connaître la lutte des prisonniers palestiniens confrontés à la détention administrative – un emprisonnement sans accusation ni jugement – et de soutenir tous les prisonniers engagés dans leur résistance derrière les barreaux israéliens. Les tribunaux militaires et la détention administrative représentent le même cadre – un mécanisme arbitraire pour la détention de militants et de dirigeants palestiniens.En savoir plus sur bdsmovement.net.
Agissez !
1. Protestez devant les consulats ou les ambassades d’Israël pour Khader Adnan et tous les prisonniers palestiniens. Apportez des affiches et des dépliants expliquant la détention administrative et les objectifs des grévistes de la faim palestiniens. Organisez une manifestation ou rejoignez une manifestation avec ces importantes informations. Organisez un événement communautaire ou une discussion, ou incluez ce cas dans votre prochain événement sur la Palestine et la justice sociale.
2. Boycott, désinvestissement et sanctions. Tenez Israël pour responsable de ses violations du droit international. N’achetez pas de produits israéliens et faites campagne pour mettre fin aux investissements dans les entreprises qui tirent profit de l’occupation.
12 octobre 2018 – Samidoun – Traduction : Chronique de Palestine