L’envoyé de l’ONU au Moyen-Orient a qualifié le meurtre d’un Palestinien par les colons israéliens en Cisjordanie occupée de “choquant et inacceptable”.
Nikolay Mladenov a appelé dimanche Israël à “mettre fin à la violence des colons et à traduire les responsables en justice”.
Hamdi Naasan, âgé de 38 ans, a succombé à ses blessures samedi près du village d’Al Mugheir après que des colons israéliens de la colonie illégale d’Adei Ad, située à proximité, aient tiré des coups de feu.
Selon le ministère palestinien de la Santé, Naasan aurait reçu une balle de fusil dans le dos. Selon l’agence de presse Maan, au moins 30 autres Palestiniens ont été blessés, dont six par des tirs à balles réelles.
Des milliers de personnes se sont rassemblées dans le village d’al-Mugheir pour assister aux funérailles de Naasan.
L’armée israélienne a temporairement empêché les personnes en deuil d’atteindre le lieu de sépulture en érigeant un barrage routier entre l’autoroute et une route menant au village. Lors d’un affrontement qui a suivi, l’armée israélienne a kidnappé deux adolescents palestiniens.
Hamdi Naasan laisse derrière lui sa femme et ses quatre enfants – le plus âgé de 10 ans et le plus jeune, un bébé âgé d’un an.
Al-Mugheir, un village d’environ 4000 habitants, est entouré de quatre colonies israéliennes, considérées comme illégales par le droit international.
“Ils sont venus pour tuer”
Ataf Naasan, le cousin du Palestinien assassiné, a déclaré à Al Jazeera qu’un groupe de colons armés avait attaqué les abords de leur village samedi à midi.
Des témoins directs ont déclaré à Al Jazeera que Naasan avait été tué alors qu’il transportait l’un des blessés dans une ambulance.
“Quand nous sommes arrivés, ils ont commencé à nous tirer dessus”, a raconté Ataf. “Ils ont visé à hauteur de la tête et de l’abdomen. Ils tiraient au hasard.”
“Au moment où Hamdi Naasan déposait [le blessé], ils l’ont abattu”, a déclaré Ataf.
Ataf a souligné que les colons transportaient des cartouches de munitions en réserve.
“Je n’ai jamais vu cela auparavant,” dit-il. “Ils étaient préparés, et ils sont venus pour tuer.”
Les habitants d’Al-Mugheir ont raconté à Al Jazeera que l’armée israélienne avait été témoin des événements à une distance de 2 km mais n’était pas intervenue.
“L’armée [d’occupation] n’est pas venue jusqu’à ce que les colons aient épuisé leurs munitions. Puis ils ont commencé à tirer sur nous avec des grenades de gaz lacrymogène et des balles en acier enrobées de caoutchouc”, a déclaré Ataf. “Pouvez-vous croire cela ? Ils nous ont attaqués au lieu d’arrêter les colons !”
L’armée israélienne d’occupation a prétendu dans un communiqué qu’un colon de la colonie israélienne voisine d’Adei Ad avait eu un “affrontement physique” avec plusieurs Palestiniens et qu’il était légèrement blessé.
“Peu de temps après, un conflit a éclaté entre des civils israéliens [des colons] et des Palestiniens dans le secteur, au cours duquel des civils ont été touchés par des tirs à balles réelles”, indique le communiqué.
Amin Abu Alya, chef du conseil du village d’al-Mugheir, a déclaré samedi que les colons avaient ouvert le feu avant que l’armée n’intervienne.
“Au début, c’étaient les colons qui tiraient, puis l’armée est venue et a tiré des gaz lacrymogènes”, a-t-il déclaré à l’agence de presse AFP par téléphone.
Lorsqu’on lui a demandé qui avait tiré sur Naasan, il a répondu qu’il s’agissait de colons.
“Des pierres contre des fusils”
Le village d’al-Mugheir est depuis longtemps victime d’attaques par des colons juifs, au cours desquelles des extrémistes religieux pénètrent dans le village et endommagent des biens palestiniens.
Le 17 janvier, des colons ont coupé des oliviers vieux de 35 ans avec des scies électriques et en peignant des étoiles de David sur les rochers d’une oliveraie appartenant à Abed al-Hai Naasan, un habitant du village, a rapporté le journal israélien Haaretz.
La violence à al-Mugheir a augmenté ces deux derniers mois. Les villageois ont commencé à organiser des marches pacifiques tous les vendredis pour protester contre l’installation d’un nouvel avant-poste illégal, Mevo Shiloh, dans une base militaire israélienne désaffectée du secteur.
Les villageois ont dénoncé l’armée israélienne et l’administration civile d’occupation pour avoir promis d’évacuer l’avant-poste – illégal au regard de la loi de l’occupant – et de ne pas avoir tenu leurs promesses.
“Ils ont simplement laissé les [colons] faire ce qu’ils veulent”, a déclaré Ataf. “Il n’y a pas de différence entre l’armée et les colons.”
“Mais nous n’avons pas peur d’eux”, a-t-il déclaré. “Nous continuerons à résister jusqu’à ce qu’ils partent. Des pierres contre armes à feu. Nous les combattrons avec notre torse nu.”
Quatre Palestiniens assassinés en l’espace de deux jours
Naasan est le quatrième Palestinien à être assassiné au cours des deux derniers jours.
Samedi, Ayman Hamed, 18 ans, a été enterré dans son village de Silwad, en Cisjordanie occupée, après que l’armée israélienne l’ait abattu la veille. L’armée israélienne a prétendu qu’il jetait des pierres.
La police israélienne a assassiné un autre Palestinien, Riyad Shamasneh, lors d’une poursuite près de la porte de Damas dans la vieille ville, à Jérusalem-Est occupée, samedi matin.
Ehab Abed, un habitant de Gaza âgé de 25 ans, a été tué par des tirs israéliens lors des manifestations hebdomadaires du vendredi, près de la barrière israélienne.
La violence à al-Mugheir survient quelques jours après qu’Israël ait inculpé un adolescent juif d’homicide involontaire pour la mort d’une femme palestinienne en Cisjordanie occupée.
Plus de 600 000 colons vivent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées, territoires capturés par Israël lors de la guerre de 1967.
28 janvier 2019 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine