La chambre basse du parlement irlandais – le Dail – a voté hier en faveur d’un projet de loi interdisant l’achat de tous les biens et services des colonies israéliennes en Cisjordanie, considérées illégales par le droit international. Le projet de loi avait déjà été adopté par la chambre haute du parlement – le Seanad – avant d’être présenté à la chambre basse et de recueillir une majorité de 78 voix contre 45, a expliqué Al Jazeera.
Le projet de loi – connu officiellement sous le nom de projet de loi sur le Contrôle de l’Activité Économique (Territoires occupés) – doit encore franchir plusieurs étapes avant d’être intégré dans la loi irlandaise, mais il devrait aboutir grâce à son large soutien des partis de l’opposition irlandaise.
Une fois la loi approuvée, des amendes pouvant aller jusqu’à 250 000 euros (284 000 dollars) ou à cinq ans de prison seraient infligées pour les personnes reconnues coupables d’importation ou de vente de biens ou de services originaires des colonies de Golan, de Jérusalem-Est ou de Cisjordanie, a rapporté le Jerusalem Post.
Bien que selon les estimations, la valeur des exportations de produits issus des colonies vers l’Irlande se situe entre 580 000 et 1,1 million de dollars par an, la valeur symbolique du projet de loi et son potentiel à inciter les autres pays européens à faire de même ont été salués comme une victoire de la campagne pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS). Mustafa Barghouti, secrétaire général du parti de l’Initiative nationale palestinienne, a déclaré que ce projet de loi constituait “une grande victoire pour le mouvement BDS” et a promis de chercher “à faire adopter des lois similaires dans un certain nombre de pays européens dans un avenir proche”.
Des personnalités irlandaises ont également salué cette initiative, et la sénatrice irlandaise Frances Black a tweeté : “L’Irlande défendra toujours le droit international et les droits de l’homme, et nous sommes sur le point de faire l’histoire. En avant!” Elle a ajouté: “Nous avons maintenant uni tous les partis d’opposition derrière ce projet de loi, parce que ce n’est pas une demande radicale : nous voulons concrétiser les dispositions fondamentales du droit international [international] et des droits de l’homme.”
Cependant, Israël a réagi avec colère face à ce projet de loi, invitant l’Ambassadrice d’Irlande, Alison Kelly, à se faire sermonner.
Dans un communiqué, le bureau du Premier ministre israélien a éructé qu’ “Israël est scandalisé par la législation présentée dans le Dail contre lui, qui est révélatrice d’hypocrisie et d’antisémitisme”. Il a ajouté: “Au lieu que l’Irlande condamne la Syrie pour le massacre de centaines de milliers de civils, la Turquie pour l’occupation de la partie nord de Chypre et les organisations terroristes de l’assassinat de milliers d’Israéliens (?), l’Irlande s’en prend à Israël, la seule démocratie au Moyen-Orient. Quelle disgrâce.”
Dans le même temps, le ministère israélien des Affaires étrangères a qualifié le vote “d’expression de pure hostilité de la part de ses initiateurs”, ajoutant: “C’est une expression claire de discrimination obsessionnelle qui devrait être rejetée avec dégoût.”
L’Irlande soutient depuis longtemps le mouvement BDS. En octobre, RTÉ, le radiodiffuseur national irlandais, a annoncé qu’il ne sanctionnerait aucun membre du personnel refusant de se rendre en Israël à l’occasion du concours Eurovision de la chanson, qui se tiendra à Tel-Aviv en mai. La décision de RTÉ est intervenue après que la Campagne de solidarité Irlande-Palestine (IPSC) ait appelé à un boycott du concours “en raison de l’oppression d’Israël par le peuple palestinien”.
D’autres organisations irlandaises ont également exprimé leur soutien au BDS, le conseil municipal de Dublin ayant voté une résolution en avril pour soutenir le mouvement. En mars, les étudiants de l’une des universités les plus prestigieuses du pays, le Trinity College de Dublin, ont voté en faveur du BDS, ce qui signifie que la Students Union soutiendra le mouvement et “se conformera aux principes du BDS dans toutes les points de vente, commerces, entreprises et toutes autres activités de l’Union.”
25 janvier 2019 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine