Par Ramzy Baroud
Mais si l’attention est concentrée sur les actions malfaisantes des États-Unis, peu de temps a été consacré à la question des réponses, options et stratégies de l’AP.
Les dernières mesures punitives prises par Washington ont été appliquées le 3 mars, lorsque les États-Unis ont fermé leur consulat à Jérusalem, dégradant ainsi le statut de sa mission diplomatique en Palestine. Le consulat a longtemps servi d’ambassade américaine de facto auprès des Palestiniens. A présent, le personnel du consulat va fusionner dans l’ambassade américaine en Israël qui a été officiellement transférée à Jérusalem en mai dernier – en violation du consensus international concernant le statut de la ville occupée.
Robert Palladino, porte-parole du département d’État américain, a voulu justifier cette décision dans un communiqué, affirmant que “cette décision a été motivée par nos efforts à l’échelle mondiale pour accroître l’efficacité et l’efficience de nos engagements et opérations diplomatiques”.
Foutaises diplomatiques mises à part, «l’efficience et l’efficacité» n’ont rien à voir avec la fermeture du consulat. La décision n’est que la poursuite des mesures américaines successives visant à «retirer Jérusalem de la table» – selon les propres termes de Trump – de toute négociation future.
Le droit international, qui reconnaît Jérusalem-Est en tant que ville palestinienne occupée, n’a aucune pertinence pour l’administration Trump qui a totalement perdu tout semblant d’équilibre dans la mesure où elle adhère désormais pleinement à la position israélienne sur Jérusalem.
Pour amener les Palestiniens à s’aligner et forcer leurs dirigeants à accepter n’importe quelle version de “la paix” que le gendre de Trump, Jared Kushner, a en tête, les États-Unis ont déjà pris plusieurs mesures visant à intimider l’Autorité palestinienne. Ces mesures comprennent la réduction de 200 millions de dollars de l’aide directe à Gaza et à la Cisjordanie et le gel de 300 millions de dollars supplémentaires versés chaque année à l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).
Ces mesures ainsi que la fermeture du bureau de l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP) à Washington, le 10 septembre dernier, étaient tous les signes nécessaires à une bonne compréhensions de la nature de l’ultimatum lancé aux dirigeants palestiniens : accepter nos conditions ou en subir les conséquences.
Ce n’est un secret pour personne que divers gouvernements américains ont été les bailleurs de fonds, voire les soutiens politiques de l’Autorité palestinienne à Ramallah. L’Autorité palestinienne n’a pas toujours été au diapason de la politique étrangère américaine mais sa survie était restée jusqu’à récemment une priorité absolue.
L’Autorité palestinienne a aidé Washington à maintenir sa prétention d’être un “honnête courtier pour la paix”, jouissant ainsi d’une position de leadership politique dans toute la région du Moyen-Orient.
En outre, en acceptant d’aider l’armée israélienne à maintenir l’ordre dans les Territoires occupés par le biais d’une “coordination de la sécurité” financée en grande partie par les États-Unis, l’Autorité palestinienne a prouvé à ses bienfaiteurs américains qu’elle était digne de confiance.
Alors que l’Autorité palestinienne restait attachée à cet accord de fait, Washington a retiré ses billes.
Du point de vue de la coalition gouvernementale israélienne d’extrême droite menée par Benjamin Netanyahu, Mahmoud Abbas – le chef de l’AP – n’en fait tout simplement pas assez.
Du point de vue politique israélien, “en faire assez” signifie que les Palestiniens abandonnent toute revendication sur Jérusalem-Est occupée en tant que future capitale de la Palestine, et acceptent que les colonies juives en Cisjordanie – toutes illégales en regard du droit international – doivent rester en place quel que soit un éventuel “accord de paix”, et d’abandonner également toute revendication juridique ou morale concernant le Droit au retour des réfugiés palestiniens.
Alors que l’Autorité palestinienne a maintes fois prouvé sa soumission politique et morale par le passé, il existe certaines lignes rouges que même Abbas lui-même ne peut pas franchir.
Il reste à voir comment la position de l’Autorité palestinienne évoluera à l’avenir en ce qui concerne le “deal du siècle” qui sera annoncé prochainement.
Cependant, étant donné que le soutien aveugle de Trump à Israël a été clairement appliqué au cours des deux dernières années, on est déconcerté par le fait qu’Abbas et son gouvernement n’aient guère agi pour contrecarrer la nouvelle stratégie agressive de Washington à l’égard des Palestiniens.
Hormis quelques “victoires” très symboliques aux Nations Unies et dans des instances apparentées, Abbas n’a guère agi par le biais d’une action palestinienne concrète et unifiée.
Franchement, reconnaître un État palestinien sur le papier n’est pas une stratégie en soi. La demande d’une plus grande reconnaissance est en cours depuis la conférence de l’OLP à Alger en 1988, lorsque le Conseil national de la Palestine a déclaré un État palestinien à la joie de millions de personnes dans le monde. De nombreux pays, en particulier ceux du Sud, ont rapidement reconnu l’État de Palestine.
Mais au lieu d’exploiter une telle déclaration symbolique comme élément d’une stratégie plus vaste visant à réaliser cette indépendance sur le terrain, l’Autorité palestinienne a tout simplement envisagé de reconnaître la Palestine comme une fin en soi. Aujourd’hui, 137 pays reconnaissent l’État de Palestine. Malheureusement, Israël a volé beaucoup plus de terres palestiniennes pour étendre ou construire de nouvelles colonies exclusivement juives sur les terres désignées pour faire partie de ce futur État.
Il aurait dû être clair maintenant que placer un drapeau palestinien sur une table lors d’une conférence internationale, ou même d’avoir un responsable palestinien à la coalition des pays en développement du G77 à l’ONU, ne saurait se substituer à une véritable stratégie de libération nationale.
Les deux principales factions palestiniennes, le parti du Fatah et le Hamas, sont toujours aussi divergents. En fait, Abbas semble concentrer plus d’énergie sur l’affaiblissement de ses rivaux politiques en Palestine que sur la lutte contre l’occupation israélienne. Ces dernières semaines, Abbas a pris des mesures financières encore plus drastiques visant divers secteurs de la société de Gaza. La punition collective touche même les familles des prisonniers et des personnes tuées par l’armée israélienne.
Sans un front commun, une véritable stratégie ou toute forme de résistance tangible, Abbas est maintenant vulnérable à davantage de pressions et de manipulations américaines. Pourtant, au lieu d’agir rapidement pour consolider le front palestinien et rechercher de véritables alliés au Moyen-Orient et dans le reste du monde pour contrer la campagne américaine acharnée, Abbas ne fait rien.
Le dirigeant palestinien continue de chasser les mirages politiques, profitant de toutes les occasions pour déclarer plus de victoires symboliques dont il a besoin pour maintenir encore un peu plus longtemps sa légitimité auprès des Palestiniens.
La douloureuse vérité, cependant, est la suivante : ce n’est pas seulement l’intimidation américaine qui a poussé l’Autorité palestinienne dans cette position peu enviable, mais malheureusement la nature intéressée et la banqueroute politique des dirigeants palestiniens eux-mêmes.
* Ramzy Baroud est journaliste, auteur et rédacteur en chef de Palestine Chronicle. Son prochain livre est «The Last Earth: A Palestine Story» (Pluto Press). Baroud a un doctorat en études de la Palestine de l’Université d’Exeter et est chercheur associé au Centre Orfalea d’études mondiales et internationales, Université de Californie. Visitez son site web: www.ramzybaroud.net.
13 mars 2019 – RamzyBaroud.net – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah
Je comprends bien la problématique, je n’arrête pas de le répéter, le problème ne vient pas de l’extérieur, il faut que les populations palestiniennes s’entendent, leurs dirigeants sont des traitres et freinent la libération de la Palestine. Il faut démanteler « l’autorité palestinienne » et il faut se débrouiller pour organiser des élections pour avoir un autre représentant auprès d’instance internationales. Il faut être décidé à expulser l’occupant, pour cela il faut l’entente nationale (habitants, armée et police) sans compromis aucun pour les sionistes, laïcs comme religieux, gentils comme méchants et violents. Cela ne pourra malheureusement pas se faire sans Intifaadha.
Israël n’a jamais été puni pour crime(s) par l’ONU que ce soit pour le phosphore blanc…je tiens à rappeler que la Palestine a quelques roquettes et beaucoup de pierres comme armes sachant que les tunnels sert principalement à la nourriture .La Palestine est limitée en eaux ,en zone de pêche …
La Palestine est une terre colonisée ou les enfants vont même en prison… Oui ils restent des colons en ce monde.
Israël a une politique sioniste et elle est soutenue par beaucoup de pays (même l’ONU)
La Palestine libre et Israël libre c’était ce qui était prévu …