Un rapport secret des services de renseignements militaires français révèle l’incompétence saoudienne et l’utilisation répandue des armes françaises et américaines dans la guerre au Yémen. Les informations contenues dans le rapport de 15 pages ont été publiées par Disclose. Des cartes illustrées et des graphiques publiés par l’agence d’investigation montrent les détails de la guerre que le gouvernement français souhaite dissimuler, à savoir la liste détaillée des armes françaises faisant partie de l’arsenal utilisé dans le conflit au Yémen.
Intitulé “Yémen: la situation en matière de sécurité”, le rapport montre que des armes françaises, notamment des chars et des systèmes de missiles à guidage laser vendus à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU) ont été utilisés pour cibler des civils. Le rapport contredit les affirmations du gouvernement Macron, qui insiste sur le fait que les armes vendues à Riyad et aux EAU sont utilisées uniquement à des fins défensives.
Le rapport confirme ce que les observateurs de la guerre ont toujours soutenu, à savoir que la capacité militaire de la coalition du Golfe a été créée et maintenue presque entièrement par le commerce mondial des armes. L’Intercept, qui a obtenu un accès exclusif au rapport, indique qu’en plus des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France, le rapport mentionne des systèmes de radar et de détection de Suède des drones autrichiens, des fusées navales défensives de Corée du Sud, des navires de guerre italiens et même des batteries de lance-roquettes du Brésil.
Selon l’Intercept, le rapport critique sévèrement les capacités militaires saoudiennes au Yémen, décrivant les Saoudiens comme opérant “de manière inefficace” et décrivant leurs efforts pour sécuriser leur frontière avec le Yémen comme “un échec”. Et il laisse enfin supposer que l’assistance des États-Unis avec le ciblage saoudien au Yémen pourrait aller au-delà de ce qui a été reconnu auparavant.
Malgré les affirmations des responsables français selon lesquelles “les armes détenues par les forces de la coalition sont pour la plupart placées dans des positions défensives hors du territoire yéménite ou sous le contrôle de la coalition, mais pas sur la ligne de front”, Disclose a découvert que des chars de combat français, des avions de combat, des systèmes radar, des véhicules blindés transportant des troupes, des hélicoptères et des obusiers montés sur des camions étaient déployés sur la ligne de front lors d’opérations de combat au Yémen, y compris dans des zones civiles.
Une grande partie de la population du Yémen vit sous la menace des armes fabriquées en France. Selon Disclose, les chars français ont pris part à plusieurs grandes offensives de la coalition, notamment l’assaut de Huaydah. En octobre 2018, des chars fabriqués en France se seraient dirigés vers la ville portuaire du Yémen occidental afin d’aider la coalition dirigée par l’Arabie saoudite. Dans la bataille pour le contrôle de Hudaydah, les chars français seraient responsables de la mort de 55 civils.
Des avions de combat français auraient été déployés dans le cadre de frappes – qui sont près de 30 000 – dirigées par la coalition menée par les Saoudiens. Malgré l’insistance des responsables français qui affirment qu’il n’y a pas de responsabilité de leur part dans la mort de 8300 civils, les chasseurs-bombardiers saoudiens ont utilisé une technologie conçue et entretenue par des ingénieurs français.
Une autre révélation qui risque de beaucoup embarrasser Macron est l’utilisation de navires fabriqués en France pour faire respecter le blocus. Disclose a déclaré qu’alors qu’officiellement, les navires de la marine saoudienne et émiratie appliquent un embargo décidé par les Nations Unies contre l’envoi d’armes aux forces houthies, mais ils bloquent en réalité les approvisionnements en nourriture, carburant et médicaments destinés à plus de 20 millions de Yéménites.
Il est question que les Français pourraient être en violation du droit international. Selon Disclose, la France a adhéré au Traité des Nations Unies sur le commerce des armes (TCA), qui lui impose, à l’instar de tous les signataires, l’interdiction de “tout transfert d’armes conventionnelles” si elle savait qu’elles “seraient utilisées” dans des cas de génocide, de crimes contre l’humanité, de violations graves des Conventions de Genève de 1949, d’attaques dirigées contre des objets civils ou de civils protégés en tant que tels, ou d’autres crimes de guerre.”
15 avril 2018 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine