Par Rasha Abu Jalal
Quelles sont les chances pour qu’une telle confrontation débouche sur un nouveau conflit entre les factions de la résistance et Israël, le principal allié des États-Unis contre l’Iran au Moyen-Orient ?
Après que l’Iran a abattu un drone américain le 20 juin, les chances d’une confrontation militaire américano-iranienne ont atteint leur maximum.
Le président américain Donald Trump a annoncé le 22 juin que l’armée américaine était sur le point de lancer des frappes militaires contre l’Iran en réponse à l’incident, mais que l’attaque a été reportée à la dernière minute.
Depuis la révolution iranienne de 1979, l’Iran est le principal soutien des organisations palestiniennes, notamment du Hamas et du Jihad islamique. Il leur offre un soutien financier et militaire, en plus de son expertise pour développer leurs capacités en matière de missiles, entre autres moyens.
Les relations entre les factions palestiniennes et l’Iran s’étaient un moment refroidies, avec un déclin du soutien de l’Iran en raison d’un différend sur les conflits syrien et yéménite qui sévissent respectivement depuis 2011 et 2015. En mars 2019, l’Iran – qui est largement impliqué dans les deux conflits – a repris son soutien aux organisations palestiniennes, mais dans une moindre mesure selon le journal Al-Quds.
Le premier dirigeant du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, s’est félicité du soutien financier, politique et militaire iranien ainsi que du transfert d’expertise en direction des factions palestiniennes à Gaza lors de la Conférence internationale sur le soutien à l’Intifada palestinienne, organisée chaque année par l’Iran dans l’enclave assiégée.
Yahya Moussa, dirigeant du Hamas, a déclaré à Al-Monitor: “L’Iran et le Hamas ont une alliance politique qui remonte à longtemps et qui est basée sur le parti pris iranien en faveur des droits des Palestiniens; mais cette alliance n’implique pas que le Hamas s’engage dans une guerre au service de l’Iran.”
Il a aussi insisté sur le fait que par sa résistance contre Israël, le Hamas veut rétablir les droits des Palestiniens, ajoutant : “Aucune confrontation militaire entre Israël et la résistance n’a jamais eu d’objectifs en dehors [de la Palestine]”, en rappelant que le Hamas tenait fermement à sa position de ne recevoir aucun soutien financier ou militaire soumis à condition. “Nous ne devons pas être entraînés dans une guerre avec Israël si l’Iran fait face à une attaque militaire.”
Alors que plusieurs dirigeants du Jihad islamique ont refusé de se prononcer devant Al-Monitor concernant leur position en cas d’action militaire contre l’Iran, l’un des leaders du mouvement a déclaré à Al-Monitor sous couvert d’anonymat : “Le Jihad islamique est fermement aux côtés de ceux qui l’ont soutenu et lui ont fourni des moyens d’affronter Israël.”
La même source a ajouté : “Notre action contre Israël restera limitée à l’application des droits des Palestiniens tels que le retour des réfugiés, la récupération de Jérusalem, la libération des détenus et la libération des territoires palestiniens occupés. Mais si Israël décide de s’allier aux États-Unis pour s’engager dans un affrontement militaire contre l’Iran, nous adopterons une position différente que nous dévoilerons le moment voulu”.
“Le Jihad islamique n’abandonnera pas le pays qui l’a soutenu [l’Iran] dans sa lutte contre Israël, si cette partie doit faire face à une attaque.”
Hassan Abdo, un analyste politique proche du Jihad islamique, a déclaré que les factions de la résistance – en particulier le Hamas et le Jihad islamique – “n’hésiteront pas à s’engager dans une confrontation militaire contre Israël. Une telle confrontation pourrait impliquer le lancement de centaines ou de milliers de missiles sur des villes israéliennes si l’Iran était confronté à l’agression américaine et/ou israélienne.”
Il a noté que les factions palestiniennes interviendraient si l’Iran était attaqué, “pas pour défendre l’Iran, mais pour se défendre et défendre leur existence. Il n’y a pas de résistance sans l’Iran, qui est la colonne vertébrale de toute résistance militaire anti-israélienne en Palestine et au Liban.”
Abdo n’a pas exclu la coordination à haut niveau entre les organisations palestiniennes et l’Iran pour faire face à toute attaque américaine ou israélienne contre ce pays.
Le ministre iranien des Services de renseignement, Mahmoud Alavi, a rencontré le 16 juin à Beyrouth une délégation du Hamas conduite par le chef adjoint de son bureau politique, Saleh al-Arouri, afin de discuter des moyens de faire face aux menaces israélo-américaines à la cause palestinienne.
Le 13 avril, Alavi avait déjà rencontré des représentants d’organisations palestiniennes, principalement du Jihad islamique et du Front populaire pour la libération de la Palestine (Commandement général) à l’ambassade d’Iran à Damas, pour discuter du rôle de ces organisations face à Israël.
Dans une déclaration publiée après la réunion et dans Asharq al-Awsat le 14 avril, les organisations de la résistance ont rappelé “le rôle interdépendant de tous les axes des forces de résistance et des pays de la région dans la lutte contre les menaces et les programmes visant l’Iran, la Syrie, la Palestine et le Liban”.
Iyad Qara, journaliste au journal Felestin, affilié au Hamas, a déclaré à Al-Monitor : “Les factions à Gaza ne resteront pas silencieuses dans le cas d’attaques militaires contre l’Iran qui augmenteraient les chances d’une nouvelle confrontation avec Israël”.
Il a ajouté que l’Iran et les organisations palestiniennes doivent maintenir leurs relations dans le cadre de leur alliance, car l’Iran est le seul pays à avoir continué à les soutenir avec des armes et des fonds. Toute attaque contre l’Iran les impliquerait également. “De même, l’Iran estime que les factions à Gaza sont les seules prêtes à s’engager dans un affrontement militaire contre Israël”.
Talal Okal, journaliste au journal al-Ayyam, a déclaré à Al-Monitor qu’il était peu probable que la résistance à Gaza réagisse par une attaque militaire contre Israël si l’Iran était ciblé militairement. “Je pense que les relations entre l’Iran et les factions palestiniennes ne vont pas jusqu’à participer en commun à des affrontements militaires”, a-t-il déclaré. “Durant toutes les guerres précédentes entre Israël et les Palestiniens, l’Iran n’a jamais réagi militairement.”
Okal a ajouté : “En outre, la résistance palestinienne veut atteindre des objectifs purement palestiniens, tels que la levée du blocus israélien sur Gaza, la libération des détenus et la fin de l’occupation.”
Il a conclu que les nouvelles sanctions américaines contre l’Iran ne feraient que réduire davantage le soutien de l’Iran aux organisations palestiniennes, qui sont aux prises avec des crises financières profondes depuis des années.
Auteur : Rasha Abu Jalal
* Rasha Abou Jalal est auteure et journaliste à Gaza. Elle couvre les événements politiques et les questions humanitaires et elle a produit des reportages sur des questions sociales pour le journal local Istiklal pendant six ans. Rasha a également été membre du jury de l'événement annuel sur la liberté de la presse dans la bande de Gaza, Press House, en 2016. Son compte Twitter.
28 juin 2019 – Al Monitor – Traduction : Chronique de Palestine
Il n’y a pas de “e” a la fin d'”auteur” donc vous auriez dû écrire “Articles du même auteur” et pas “Articles de la même auteure”, même si c’est une femme.
C’est une faute de français suivie d’une faute d’orthographe en plus d’être une aberration lexicale, comme tout les autres néologisme.
Bien cordialement.
Salam aleykoum.
Merci de votre vigilance. Finalement j’ai opté pour “la même auteur”, sachant que le débat n’est sans doute pas clos.
Bien cordialement, le webmestre ( un autre néologisme 🙂 )