Amnesty International, l’ONG de défense des droits de l’homme, a exprimé mercredi son inquiétude quant à l’état de santé de Muhammad al-Qiq, le prisonnier palestinien qui poursuit sa deuxième grève de la faim.
Amnesty a indiqué avoir été informé qu’Al-Qiq avait été transféré mercredi au centre médical de la prison de Ramle après avoir passé 3 semaines sans nourriture.
“L’avocat d’Al-Qiq pense que c’est une indication que l’état de santé de Muhammad s’est détérioré”, a déclaré Amnesty. “Muhammad doit être immédiatement transféré dans un hôpital civil et recevoir les soins médicaux adaptés dont il a besoin.”
L’avocat d’Al-Qiq, Khalid Zabarqa, a déclaré dimanche à Ma’an qu’il avait finalement été autorisé à visiter le gréviste de la faim, qui, selon lui, était détenu dans une petite cellule qui ressemblait “à une tombe“, sans draps ni vêtements d’hiver pour le protéger du froid.
Sadisme israélien
Israël a délibérément imposé des conditions de détention éprouvantes à Al-Qiq pour le contraindre à mettre fin à sa protestation, a déclaré Zabarqa, ajoutant qu’Al-Qiq souffrait de vertiges, de perte d’équilibre et de mal de dos.
Amnesty a déclaré que le Service pénitentiaire israélien (IPS) avait rejeté la demande de Zabarqa de transférer Al-Qiq à l’hôpital.
Al-Qiq, qui vit à Ramallah et est originaire de Dura, dans le quartier sud d’Hebron occupé en Cisjordanie, a été libéré de prison en mai dernier après être resté sans s’alimenter pendant une éprouve période longue de 94 jours – pour protester contre sa détention administrative.
Cependant, al-Qiq a été à nouveau enlevé par les forces d’occupation à la mi-janvier, après avoir participé à une manifestation demandant la restitution aux familles des corps de Palestiniens tués par l’armée israélienne, et encore une fois placé sous détention administrative – l’internement sans procès ni accusations, et ni limites dans le renouvellement.
Amnesty a appelé les autorités israéliennes à “libérer Muhammad al-Qiq et toutes les autres personnes placées en détention administrative, à moins qu’elles ne soient rapidement inculpées d’un crime internationalement reconnaissable, dans des procédures qui respectent les normes internationales d’équité des procès”.
Pendant ce temps, le Centre palestinien pour le développement et les libertés des médias (MADA) a exprimé mardi sa “grande préoccupation” pour al-Qiq.
“Le MADA appelle toutes les organisations de défense des droits de l’homme et tous les organismes concernés par la liberté d’expression et les libertés des médias à exercer des pressions sur les autorités israéliennes d’occupation pour qu’elles libèrent immédiatement Al-Qiq et cessent d’arrêter les journalistes palestiniens, les plaçant en détention administrative arbitraire, sans accusations”, a déclaré l’organisation dans un communiqué.
L’emprisonnement précédant d’Al-Qiq par Israël – largement condamné par les Nations Unies, Amnesty International et d’autres groupes de défense des droits – et la grève de la faim qui a suivi ont mis en lumière le recours à la détention administrative, l’emprisonnement arbitraire de Palestiniens et le ciblage délibéré des journalistes.
Al-Qiq était l’un des plus connus des grévistes de la faim palestiniens en 2016, aux côtés des frères Balboul qui sont restés sans nourriture pendant 77 et 79 jours, de Malik al-Qadi en grève pendant 68 jours, et Bilal Kayid en grève pendant 71 jours.
Alors que les autorités israéliennes d’occupation prétendent que la dissimulation de preuves pendant la détention administrative – qui autorise la détention pour des intervalles de trois à six mois indéfiniment renouvelables – est essentielle pour les préoccupations de sécurité de l’État, les groupes de défense des droits de l’homme expliquent que cette politique permet aux autorités israéliennes d’emprisonner des Palestiniens pour une durée indéterminée, sans avoir à présenter d’accusations susceptibles de justifier leur détention.
Ces mêmes groupes affirment que la politique de détention administrative d’Israël a pour objectif de perturber les processus politiques et sociaux palestiniens, notamment en ciblant des responsables politiques, des militants et des journalistes palestiniens.
Selon Addameer, en janvier 6 500 Palestiniens étaient détenus dans des prisons israéliennes, dont 536 étaient détenus sous le régime de la détention administrative.
22 février 2017 – Ma’an News – Traduction : Chronique de Palestine