Par Ali Abunimah
Vous êtes sur Real News Network, je suis Sharmini Peries en direct de Baltimore.
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a rencontré le président Donald Trump mercredi pour discuter de L’occupation, des colonies, de l’Iran. La veille de leur entretien, la Maison Blanche a émis l’idée que les USA n’insisteront plus sur une solution à deux États pour Israël et la Palestine.
De hauts responsables du gouvernement palestinien, dont Hanan Ashrawi, ont critiqué les déclarations de la Maison Blanche, s’y opposant parce qu’elles s’écartaient de la politique étrangère états-unienne de plusieurs décennies. Mais lorsqu’on a demandé à M. Trump si les États-Unis poursuivaient toujours la solution à deux États, voici ce qu’il a dit :
Donald Trump : … état , ce qui me plaît, c’est ce qui plaît aux deux parties. La solution qui satisfait les deux parties me satisfait, je peux m’accommoder de l’une ou de l’autre. J’ai pensé pendant un temps que deux États semblaient être la solution la plus facile. Mais honnêtement, si Bibi, et les Palestiniens, si Israël et les Palestiniens sont contents, je suis content.
Sharmini Peries : Et le premier ministre Netanyahou est resté tout aussi évasif lorsqu’il a dit :
Benjamin Netanyahou : …. Si vous demandez à cinq personnes différentes à quoi ressembleraient deux États, vous auriez huit réponses différentes. Mais, Monsieur le Président, si vous demandez à cinq Israéliens, vous auriez 12 réponses différentes.
Sharmini Peries : Avec nous pour discuter de tout ceci, Ali Abunimah. Il est le co-fondateur de The Electronic Intifada, et l’auteur de « La bataille pour la justice en Palestine”, et aussi, « Un pays, une proposition audacieuse pour mettre fin à l’impasse israélo-palestinienne. » Merci beaucoup d’avoir accepté notre invitation Ali.
Ali Abunimah : Merci, Sharmini.
harmini Peries :: Donc, Ali, l’info la plus importante dans le cadre de cette rencontre et de la conférence de presse, c’est réellement la question de la solution à un État, celle à deux États, et le renoncement des États-Unis à cette solution à deux États, qu’ironiquement vous qualifiez d’illusion à deux États.
Dites-nous ce qui s’est réellement passé lors de cette rencontre, et cela signifie-t-il la fin de la solution à deux États ?
Ali Abunimah : Je pense que c’est la reconnaissance officielle de la fin de la solution à deux États. La dite solution à deux États est sur la table depuis des décennies et absolument aucun progrès n’a été fait dans ce sens. Même si c’est devenu une sorte d’incantation religieuse des gouvernements, y compris de l’administration Obama auparavant, et de divers gouvernements européens, et de gouvernements arabes, et ainsi de suite. Mais ils n’ont rien fait pour la faire avancer, sinon débiter des slogans. Donc, je pense que c’est la reconnaissance que c’est vraiment fini, qu’elle ne se réalisera pas.
Mais vous savez, il existe deux types de critiques de la solution à deux États. Il y a la critique d’extrême droite venant d’Israël, et de l’entourage de M. Trump, de gens comme, vous savez, son ambassadeur désigné en Israël, David Friedman, selon laquelle toute la terre appartient à Israël, et qu’elle devrait tout entière constituer un État juif.
Et il y a la critique venant de gens comme moi, qui disent qu’il ne devrait pas y avoir de partage de territoire, ni de ségrégation forcée entre les Israéliens et les Palestiniens. Et qu’il ne devrait y avoir qu’un seul État démocratique qui protège les droits de tout un chacun sur une base égalitaire. Donc, vous voyez, deux conceptions très, très différentes de la solution à un État.
Sharmini Peries : Et quelle est la probabilité que la communauté internationale continue de faire pression sur l’administration Trump ? Et ont-ils publié une déclaration après, vous savez, le communiqué publié juste avant la rencontre, une sonde en fait, je pense, sur l’abandon de la solution à deux États ?
Ali Abunimah : C’est exact, vous faites référence à une déclaration qui a été attribuée à un haut fonctionnaire états-unien, la veille de la rencontre Netanyahou-Trump. Qui a dit, eh bien, vous savez, “Fondamentalement, nous ne sommes plus tenus par une solution à deux États. Ce pourrait être une solution à deux États mais vous savez, ce n’est pas une obligation.”
Et M. Trump l’a en fait confirmé mercredi, quand il a dit, vous savez, « Deux États ou un État, ça ne me dérange pas. Vous savez, quel que soit le choix que fassent les deux parties, il me convient.»
Et cela a provoqué des ondes de choc, chez ceux qui ont beaucoup investi dans une soi-disant solution à deux États, l’Autorité palestinienne, par exemple, dont la seule raison d’être est de souscrire à cette parodie de processus de paix qui mène à une solution à deux États. Les Européens et d’autres.
Mais vous savez, je veux dire, tous ces gens disent aussi maintenant depuis des années, que la solution à deux États est quasiment morte. Elle est pratiquement impossible. Je veux dire, John Kerry l’a dit quelques jours avant de quitter ses fonctions de secrétaire d’état. On se demande, donc, pourquoi ils se montrent si surpris que M. Trump fasse cette sortie.
Ce que je veux dire, c’est que toute analyse sérieuse montre que la solution à deux États est irréaliste, politiquement irréalisable. Et qu’elle est injuste et inéquitable, parce qu’elle exige de la grande majorité des Palestiniens qu’ils renoncent à leurs droits, afin de maintenir Israël en tant que soi-disant état juif et démocratique.
La solution à deux États n’a rien à voir avec la paix, ni avec la justice. C’est de la manipulation raciale pour maintenir Israël en tant qu’état juif. Et il est important de le dire ouvertement.
Mais vous savez, pour moi, il n’y a aucune raison qu’un Palestinien se sente concerné par le maintien d’une majorité juive. Ce qui devrait préoccuper les Palestiniens ce sont leurs droits, et vivre dans un système qui accorde des droits égaux à tout le monde, et crée un avenir viable pour tout le monde.
Et pour moi, c’est un seul État démocratique. C’est aussi possible en Palestine, que ça l’est en Afrique du Sud, ou même aux États-Unis, où nous avons eu un apartheid officiel pendant tant de décennies, et que malheureusement certains veulent faire revenir.
Mais vous savez, je ne pense pas que les juifs israéliens soient tellement différents des blancs racistes du sud des États-Unis, ou des dirigeants de l’apartheid en Afrique du Sud, au sens où ils peuvent se rendre compte que la partie est perdue. Que l’apartheid n’est pas viable, et qu’ils peuvent opérer le changement pour une démocratie non raciale.
Je pense que c’est faire insulte aux Israéliens que de dire qu’ils sont incapables de le faire. Ce sont des gens comme tout le monde.
Sharmini Peries : Parfait. Et en ce qui concerne la réaction du gouvernement palestinien à tout ceci, un membre important du gouvernement, Hanan Ashrawi, a critiqué ce virage par rapport à la soi-disant solution à deux États. Pourquoi le font-ils, parce que, enfin, ils ont dit…, les Américains ont investi dans cette politique depuis si longtemps, mais pourquoi l’Autorité palestinienne y trouverait-elle à redire ?
Ali Abunimah : Eh bien, parce que l’Autorité palestinienne est un organe non-élu et non-représentatif, constitué d’une vieille garde, qui espérait, voyez-vous, leur vœu le plus cher était de devenir l’élite dirigeante d’un État. Et vous savez, c’est ce qu’ils visent depuis des décennies. Et donc, pour eux ce serait la perte de tout ce sur quoi ils ont misé.
Mais les intérêts de l’Autorité palestinienne, et de la petite élite non-élue, non-représentative qui la dirige, ne sont pas les mêmes que les intérêts et les droits du peuple palestinien. C’est une distinction cruciale qui est rarement faite.
Sharmini Peries : Très bien, Ali, je suis sure que vous allez suivre la question, tout comme nous. Merci beaucoup d’avoir accepter notre invitation.
Ali Abunimah : Ce fut un plaisir, merci.
Sharmini Peries : Et merci de nous avoir suivis ici sur The Real News Network.
17 février 2017 – The Real News Network – Traduction: Chronique de Palestine – MJB
Retournez aux frontières de 1967, ni Trump ni Netanyahu le voleur de terres n’ont à imposer leurs idées. Au peuple Palestinien de décider de son sort.