Par Ramona Wadi
Aussi important que soit l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), qui fournit des services essentiels aux Palestiniens, son existence est également un rappel brutal de l’échec de la communauté internationale à mettre en œuvre le droit légitime des Palestiniens au retour.
Mardi, le responsable de facto de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a rencontré le commissaire général de l’UNRWA Philippe Lazzarini à Ramallah, exprimant son soutien aux efforts de l’agence et l’importance du renouvellement de son mandat.
Selon l’agence de presse de l’AP, Wafa, Abbas a également réaffirmé que “la question des réfugiés est l’une des questions cruciales et importantes pour le peuple palestinien, qui doit être résolue conformément aux résolutions de l’ONU.”
La mobilisation de l’aide est une nécessité immédiate. Cependant, l’ONU a gâché des décennies de mobilisation politique en ce qui concerne les droits politiques des réfugiés palestiniens. L’UNRWA, bien qu’absolument nécessaire, fonctionne parce que les priorités de l’ONU tournent autour du plan de partage de 1947, et non de la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies.
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Il est donc peut-être temps d’examiner comment cette résolution mal venue, qui conditionne le droit au retour des réfugiés palestiniens à l’acceptation de la colonisation sioniste, est également un outil grâce auquel les Palestiniens sont restés déplacés. L’UNRWA a été chargée d’intervenir pour masquer l’échec politique de l’ONU.
Cependant, maintenir ce vernis pour l’ONU devient impossible lorsque l’expansion coloniale israélienne est concomitante à la disparition de la Palestine.
Le plan de partage de 1947 a monté de toutes pièces un récit pour les Palestiniens, qui conditionne encore l’absence de droits politiques pour la population indigène.
Se préoccupant des demandes sionistes, le cadre établi a également influencé la clause selon laquelle les Palestiniens devaient rester dominés par la politique coloniale, s’ils souhaitaient retourner sur leur propre terre.
Étant donné qu’Israël a consolidé son nettoyage ethnique en refusant le retour des Palestiniens par le biais de ses lois sur l’infiltration [les retours clandestins], tout ce que la résolution de l’Assemblée générale a obtenu, c’est un soutien supplémentaire aux préoccupations d’Israël en matière de démographie et de prétendue sécurité.
La résolution non contraignante n’a toujours aucun poids dans la diplomatie internationale et les Palestiniens se sont retrouvés dans une position où la seule résolution qu’ils peuvent citer pour soutenir leur droit spécifique au retour, est biaisée en faveur d’Israël.
L’UNRWA prétend adopter une position neutre, mais son rôle n’a rien de neutre. Pour une agence qui était censée être une institution temporaire, elle est aujourd’hui un outil indispensable pour l’ONU et Israël.
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Peu importe les campagnes menées par Israël contre l’UNRWA – et il a exercé un lobbying intense contre le financement de l’agence – la vérité est que son existence empêche les Palestiniens d’exercer leur droit au retour, ce qui est précisément ce que veut l’État colonisateur-occupant.
Par conséquent, les éloges de l’AP à l’égard de l’UNRWA doivent également être considérés à la lumière du propre rôle de Ramallah dans la limitation du droit au retour des réfugiés palestiniens à l’embellissement de sa rhétorique.
Si les dirigeants étaient sérieux quant au retour des Palestiniens sur leurs terres – ce qui n’est pas le cas – ils s’opposeraient à toute l’organisation mise en place par l’ONU pour que les Palestiniens restent des réfugiés perpétuels, privés de leurs terres et de leurs droits.
Cette année, l’UNRWA a déclaré qu’elle aurait besoin d’environ 1,6 milliard de dollars “pour joindre les deux bouts”. Pourtant, ces fonds ne créent pas l’autonomie et l’indépendance des Palestiniens.
En conclusion, le financement de l’UNRWA devrait être maintenu tout en tenant l’ONU responsable du faux-semblant qu’elle a créé sur le droit au retour des Palestiniens.
Auteur : Ramona Wadi
* Ramona Wadi est rédactrice au Middle East Monitor. Écrivain, chercheuse et journaliste indépendante, elle est également critique. Ses écrits couvrent une série de thèmes en relation avec la Palestine, le Chili et l'Amérique latine. Elle contribue régulièrement au PalestineChronicle.com. Consultez son site internet. Son compte Twitter.
3 mars 2022 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine