Par Rasha Abu Jalal
Les mouvements du Hamas et du Jihad islamique [résistance islamique] coordonnent leurs politiques et leurs activités, intensifiant les attaques en Cisjordanie tout en essayant d’éviter une confrontation directe à Gaza.
GAZA CITY, Bande de Gaza – Le Hamas a déployé beaucoup d’efforts pour contenir la colère du mouvement du Jihad islamique dans la bande de Gaza et pour l’empêcher de s’engager dans une nouvelle série de combats avec Israël, en réponse à l’assassinat par ce dernier de trois membres du Jihad islamique.
Les forces spéciales israéliennes ont ouvert le feu sur les trois membres du Jihad islamique à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, le 2 avril, tirant des dizaines de balles sur leur véhicule au rond-point d’Araba. Quatre soldats israéliens ont été blessés lors des affrontements qui ont suivi.
L’armée israélienne s’est alors mise en alerte et a envoyé de nouveaux renforts le long de la clôture avec la bande de Gaza.
Une source haut placée du Hamas qui s’est entretenue avec Al-Monitor sous le couvert de l’anonymat, a déclaré que son mouvement ne souhaitait voir aucune faction de la résistance mener des activités militaires contre Israël depuis la bande de Gaza sans le consensus de la salle des opérations conjointes.
Ces 12 factions comprennent le Hamas, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le Front démocratique de libération de la Palestine (DFLP).
Le Hamas veut unir et coordonner toute position politique et militaire face à l’armée israélienne dans les affrontements et les guerres, a poursuivi la même source.
Celle-ci a aussi ajouté que la salle des opérations travaille au maintien de la trêve entre Israël et la bande de Gaza, établie sous les auspices égyptiens en mai 2021. Cependant, a-t-il été dit, la salle des opérations conjointes intensifie les attaques en Cisjordanie et à l’intérieur des territoires israéliens [Palestine de 48].
Il y a eu une recrudescence récente des attaques palestiniennes contre des cibles israéliennes en Cisjordanie et à l’intérieur d’Israël, avec des tirs visant les forces israéliennes d’occupation presque quotidiennement.
Plus récemment, le 5 avril, quatre fusillades distinctes visant les forces et les colonies israéliennes ont été perpétrées dans des villes de Cisjordanie. Dans la même période, 11 Israéliens ont été tués dans des attaques menées par des Palestiniens à l’intérieur d’Israël entre le 15 et le 29 mars.
Tirer des roquettes depuis la bande de Gaza vers Israël signifierait « une nouvelle confrontation militaire, actuellement indésirable avec Israël », a déclaré la source du Hamas.
« Le Hamas cherche le calme à Gaza, pour donner une chance aux efforts de reconstruction et augmenter le nombre de travailleurs de Gaza à l’intérieur d’Israël », a-t-il ajouté. « Mais si Israël commet une folie dans la bande de Gaza, nous devrons dire adieu à la trêve. »
Le 3 avril, Ismail Haniyeh, premier responsable du bureau politique du Hamas, a eu un échange téléphonique avec Ziad al-Nakhala, secrétaire général du Jihad islamique, au cours duquel il a présenté ses condoléances pour les membres tués à Jénine, soulignant la nécessité de renforcer la coordination au niveau politique et sur le terrain entre les deux mouvements.
Le même jour, les factions de la résistance à Gaza, dont le Hamas et le Jihad islamique, ont publié une déclaration commune selon laquelle « la politique d’occupation israélienne ne réussira pas à isoler une partie de notre peuple de l’autre ».
Le chef du mouvement du Jihad islamique, Ahmed al-Mudallal, a déclaré à Al-Monitor que « la poursuite des crimes d’Israël contre notre peuple et l’assassinat des combattants de la résistance en Cisjordanie conduiront à des batailles contre les forces d’occupation dans tous les domaines, que ce soit à Gaza, la Cisjordanie ou l’intérieur occupé [Israël] ».
La salle des opérations conjointes maintient le calme à Gaza, « mais si nous estimons que ce calme conduira à isoler la Cisjordanie ou les Palestiniens arabes à l’intérieur d’Israël, la trêve prendra fin », a déclaré Mudallal. « Si les [forces] d’occupation continuent d’attaquer Jénine et d’y assassiner les combattants de la résistance, alors laissez-les se préparer au pire de notre résistance. »
Suite aux assassinats de Jénine, les Brigades Al-Qods du gouvernorat central de la bande de Gaza ont organisé un défilé militaire le 3 avril pour montrer leurs capacités de combat. Les combattants des brigades ont brandi des portraits des trois combattants assassinés.
« L’organisation de ce défilé démontre que le mouvement du Jihad islamique ne répondra pas actuellement à l’assassinat de ses membres à Jénine », a déclaré à Al-Monitor Talal Okal, écrivain et analyste politique au journal local Al-Ayyam.
Okal a ajouté : « Il est clair que les factions de la résistance, en particulier les mouvements du Hamas et du Jihad islamique, se concentrent actuellement sur l’intensification de leurs activités militaires contre Israël en Cisjordanie, car nous assistons presque quotidiennement à des tirs et à des affrontements avec l’armée d’occupation ».
Ahmed Rafiq Awad, professeur de médias et de sciences politiques à l’Université Al-Quds, a déclaré à Al-Monitor : « Il est vrai que le Jihad islamique souhaite répondre fermement à l’assassinat de ses membres, mais il est peu probable que les représailles soient menées depuis la bande de Gaza. Les opérations seront plutôt concentrées en Cisjordanie. »
Awad pense que la coordination entre le Hamas et le reste des factions par l’intermédiaire de la salle des opérations conjointes, empêche toute faction de s’aventurer unilatéralement dans une guerre contre Israël.
« C’est différent de ce qui se passe dans les affrontements avec Israël en Cisjordanie, où n’importe quelle faction peut mener n’importe quelle activité militaire contre des cibles israéliennes sans avoir besoin de se coordonner avec d’autres organisations », a-t-il ajouté.
Auteur : Rasha Abu Jalal
* Rasha Abou Jalal est auteure et journaliste à Gaza. Elle couvre les événements politiques et les questions humanitaires et elle a produit des reportages sur des questions sociales pour le journal local Istiklal pendant six ans. Rasha a également été membre du jury de l'événement annuel sur la liberté de la presse dans la bande de Gaza, Press House, en 2016. Son compte Twitter.
11 avril 2022 – Al-Monitor – Traduction : Chronique de Palestine