Par Eman Abusidu
En Colombie, où vivent quelque 13 000 Palestiniens, le candidat de gauche Gustavo Petro a remporté l’élection présidentielle après avoir battu son rival d’extrême droite Rodolfo Hernandez. La victoire de Gustavo Petro, âgé de 62 ans, représente un renouveau majeur pour la gauche progressiste colombienne en Amérique latine, qui rejoint ainsi les partis de gauche au pouvoir au Chili, au Pérou, au Mexique et en Argentine.
Selon les chiffres publiés par l’autorité électorale colombienne, Petro a remporté 50,44 % des voix contre 47,31 % pour son adversaire.
« Aujourd’hui est un jour de fête pour le peuple. Qu’il célèbre la première victoire populaire. Que tant de souffrances soient allégées dans la joie qui inonde aujourd’hui le cœur de notre pays », a déclaré Petro sur Twitter.
Petro était un député qui avait appartenu au groupe de guérilla M-19, créé après les élections colombiennes de 1970. Il s’est ensuite lancé dans la politique et a été sénateur et maire de la capitale colombienne, Bogota. Il l’a finalement emporté dans sa troisième tentative aux élections présidentielles, promettant de lutter contre les inégalités dans un pays où près de la moitié de la population vit dans la pauvreté et le chômage.
Aujourd’hui est un jour de fête pour le peuple. Qu’il célèbre la première victoire populaire. Que tant de souffrances soient allégées dans la joie qui inonde aujourd’hui le cœur de la Patrie.
Cette victoire pour Dieu et pour le Peuple et son histoire. Aujourd’hui est le jour des rues et des places.
— Gustavo Petro (@petrogustavo) June 19, 2022
Le président élu est connu pour être un partisan de la cause palestinienne et un défenseur des droits de l’homme, lesquels sont constamment bafoués dans les territoires occupés. A plus d’une occasion, Petro a parlé de la lutte du peuple palestinien comme d’une « lutte historique d’un peuple pour la liberté et l’indépendance ». Il a également affiché le drapeau palestinien sur son compte Facebook.
« J’élève ma voix contre le mmeurtre des Palestiniens. Les gens ne doivent pas être massacrés, ils doivent être respectés en tant que culture, en tant que droit d’exister sous le ciel de la planète. Jésus était palestinien et a demandé que les êtres humains s’aiment les uns les autres », a déclaré Petro dans un tweet, accusant les forces israéliennes d’avoir perpétré un « massacre » contre les Gazaouis lors de la Grande Marche du Retour en mai 2018.
Jusqu’en 2013, la Colombie était la seule nation sud-américaine à ne pas avoir reconnu la Palestine comme État souverain. Elle a finalement pris cette décision en 2018.
L’annonce a été rendue publique par une lettre envoyée au ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad Al-Malki. La lettre écrite en août 2018 et signée par la ministre des Affaires étrangères Maria Angela Holguin Cuellar, disait : « Je voudrais vous informer qu’au nom du gouvernement colombien, le président Juan Manuel Santos a décidé de reconnaître la Palestine comme un État libre, indépendant et souverain », indique la lettre.
La critique publique par Petro des politiques et des violations d’Israël contre les Palestiniens, signifie que les liens de la Colombie avec Tel-Aviv prendront une direction différente sous sa direction.
« L’État d’Israël est une chose et la religion juive en est une autre, tout comme l’État colombien est une chose et la religion catholique une autre », a tweeté Petro en 2019. « La confusion entre État et religion est typique d’une mentalité archaïque. Israël discrimine les Palestiniens comme les nazis ont discriminé les juifs. »
Malgré cela, le ministère israélien des Affaires étrangères s’est empressé de féliciter Petro, en tweetant : « Nous félicitons le peuple colombien et le président élu @petrogustavo pour le succès des élections démocratiques et nous nous réjouissons de renforcer davantage les relations entre Israël et la Colombie et entre nos deux peuples ».
La victoire de Petro a également été décrite comme une “grande défaite pour les États-Unis”. Au cours des deux derniers siècles, tous les présidents colombiens sont issus de familles aristocratiques de droite, connues pour leur loyauté envers les États-Unis et leurs politiques. Cela a contribué à faire de la Colombie l’une des nations les plus importantes d’Amérique latine.
La victoire de Petro a également été qualifiée de « grande défaite pour les États-Unis ». Au cours des deux derniers siècles, tous les présidents colombiens étaient issus de familles aristocratiques de droite, connues pour leur loyauté envers les États-Unis et leurs politiques. Cela a contribué à faire de la Colombie l’une des nations les plus d’Amérique latine [comptant le plus pour les États-Unis].
Faites connaissance avec le premier progressiste à remporter la présidence colombienne.
Gustavo Petro veut un changement social et économique majeur. Et il dit qu’il va restructurer la police et fermer l’escouade anti-émeute, après que des officiers aient tué des dizaines de manifestants depuis 2019. pic.twitter.com/h4k2tp3Kwd
— AJ+ (@ajplus) June 24, 2022
On s’attend à ce que la victoire électorale de Petro conduise à un changement plus profond dans le champ politique en Amérique latine et à une reconfiguration des relations de la Colombie avec les États-Unis.
Avec la victoire de Petro, la Colombie est devenue le troisième plus grand pays d’Amérique latine à basculer và gauche. Le Chili, le Pérou et le Honduras ont élu des présidents de gauche en 2021, tandis qu’au Brésil, l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva est en tête des sondages pour l’élection présidentielle de cette année.
Ces nouveaux gouvernements latino-américains constituent une menace réelle pour l’hégémonie américaine dans la région. Cela explique peut-être la précipitation de Joe Biden à organiser le Sommet des Amériques pour tenter de tester et d’identifier ses alliés en Amérique latine.
Auteur : Eman Abusidu
* Eman Abusidu est correspondante du Middle East Monitor au Brésil. Son compte twitter.
24 juin 2022 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine