Par Yara Hawari
Quels que soient les résultats des élections en Israël, la chose la plus certaine est la poursuite de l’oppression des Palestiniens.
Benjamin Netanyahu a fait un retour surprenant après son éviction en 2021 sur fond d’accusations de corruption.
Lors des élections de cette semaine, son parti, le Likoud, a obtenu plus de voix que tout autre parti et ses alliés d’extrême-ultra droite sont arrivés en troisième position, ouvrant la voie à un gouvernement de coalition dirigé par le Likoud.
Bien que la formation d’une coalition ne soit pas un jeu facile – en effet, Netanyahu n’a pas réussi à le faire lors des quatre élections précédentes – cette fois, il devrait former un bloc majoritaire confortable avec les partis ultra-orthodoxes et d’extrême droite.
Pourtant, malgré cette perspective, pour les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, les élections israéliennes n’ont pas été au premier plan des discussions politiques, car ils continuent à résister et à lutter pour leur survie sur un territoire de plus en plus réduit.
Pour eux, il s’agit simplement de changer de gardiens de prison [de tortionnares et de bourreaux – NdT], car tous les partis israéliens se rejoignent sur le soutien à l’oppression continue des Palestiniens et à la colonisation de la Palestine.
Le chef du parti sioniste religieux, Itamar Ben-Gvir, a pris de l’importance l’année dernière. Ben-Gvir était autrefois considéré comme un candidat marginal, mais il a depuis rassemblé de nombreux partisans.
Il vit dans une colonie de Hébron connue sous le nom de Kiryat Arba, qui abrite certains des colons israéliens les plus extrémistes de Cisjordanie, et il a construit une carrière juridique en défendant les extrémistes juifs israéliens.
Sa plate-forme comprend le soutien à l’annexion complète de la Cisjordanie par Israël et il a été à l’avant-garde du soutien à la violence des colons israéliens en Palestine. Il s’est même affiché dans le quartier palestinien de Jérusalem de Sheikh Jarrah avec une arme à la main.
Cet encouragement aux colons a eu des répercussions évidentes sur les Palestiniens, en particulier en Cisjordanie. Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires a signalé que la violence des colons à l’encontre des Palestiniens est à son plus haut niveau depuis 2005.
L’augmentation de la violence due à cette rhétorique incendiaire ne doit pas être sous-estimée.
S’exprimant lors d’un rassemblement électoral, Ben-Gvir a déclaré : « Chaque fois que [les Arabes] attaquent une voiture juive, notre peuple, je cours voir ce qui se passe… Nous avons besoin de nouvelles règles contre les terroristes, nous devons permettre à tous les citoyens de se protéger avec des armes à feu. Nous avons besoin de lois pour protéger les soldats ».
Au-delà de l’extrême-droite, la suprématie juive israélienne est normalisée dans tout le spectre politique israélien. Le premier ministre sortant, Yair Lapid – un soi-disant « centriste » – ne fait pas exception à la règle.
En 2013, Lapid a déclaré au Time Magazine : « Vous savez que mon père n’est pas venu ici du ghetto pour vivre dans un pays mi-arabe, mi-juif. Il est venu ici pour vivre dans un État juif. »
Lors de l’assemblée générale des Nations unies en septembre de cette année, Lapid a « approuvé » la solution à deux États, à la grande joie de nombreux membres de la communauté internationale qui tentent toujours de « fouetter ce cheval mort ».
Mais un simple coup d’œil aux positions politiques de son parti, Yesh Atid, sur la Cisjordanie révèle ce qu’il entend par solution à deux États : l’annexion des blocs de colonies qui aura pour conséquence de couper la Cisjordanie en deux, ne laissant que des îlots d’autonomie palestinienne.
Un autre soi-disant « centriste », Benny Gantz, qui était à un moment donné un challenger favori de Netanyahou au sein de la communauté internationale lors des élections de mai 2019, a utilisé la violence envers les Palestiniens comme un véritable cri de ralliement.
Dans sa vidéo de campagne électorale en 2019, il a utilisé des images d’une Gaza détruite et a affirmé en avoir renvoyé certaines parties « à l’âge de pierre ».
Pour les Palestiniens, plus de sept décennies d’oppression, de vol et de colonisation des terres ont montré que, gauche ou droite, le gouvernement israélien en place ne fait aucune différence pour leur avenir.
Le régime israélien est fondamentalement construit sur leur oppression. C’est pourquoi, en fin de compte, les Palestiniens ne veulent pas de nouveaux geôliers. Ils veulent se libérer de la prison !
Auteur : Yara Hawari
* Yara Hawari est Senior Palestine Policy Fellow d'Al-Shabaka. Elle a obtenu son doctorat en politique du Moyen-Orient à l'Université d'Exeter, où elle a enseigné en premier cycle et est chercheur honoraire.En plus de son travail universitaire axé sur les études autochtones et l'histoire orale, elle est également une commentatrice politique écrivant régulièrement pour divers médias, notamment The Guardian, Foreign Policy et Al Jazeera. Son compte twitter.
3 novembre 2022 – The Guardian – Traduction : Chronique de Palestine