Par Mariam Barghouti
Après un siège de dix jours imposé à Jéricho et ses environs, l’armée israélienne d’occupation a lancé un assaut sur le camp de réfugiés d’Aqbat Jabr, tuant 5 Palestiniens.
Lundi 6 février au matin, les forces israéliennes ont mené un raid meurtrier dans le camp de réfugiés d’Aqbat Jabr, situé au sud-ouest de Jéricho, dans la vallée du Jourdain. Aqabat Jabr est le plus grand camp de réfugiés de Cisjordanie.
Ce raid intervient plus d’une semaine après qu’un Palestinien a ouvert le feu dans un restaurant situé près de la colonie illégale d’Almog, le 28 janvier. Personne n’a été blessé dans la fusillade, et le tireur a pu quitter les lieux en toute sécurité.
Les forces israéliennes ont ensuite lancé une chasse à l’homme d’une semaine, tout en imposant le bouclage de la zone de Jéricho, qui s’est terminée par le raid de ce matin.
Les Palestiniens décrivent ce raid comme une « mission d’assassinat » visant des résistants recherchés dans la région.
L’armée israélienne a d’abord fait état d’au moins quatre Palestiniens tués et d’un blessé grave, mais les médias palestiniens et israéliens font état d’un bilan plus lourd, certains évoquant la mort de sept personnes.
Les cinq Palestiniens tués ont été identifiés par le ministère palestinien de la Santé (MOH) comme étant Ra’fat Wael Oweidat, 21 ans, Ibrahim Wael Oweidat, 27 ans, Malek Ouni Lafi, 22 ans, Adham Majdi Oweidat, 22 ans, et Thaer Oweidat, 28 ans.
En outre, les médias israéliens ont rapporté que l’armée a emporté les dépouilles de tous les Palestiniens qui ont été tués.
Le ministère de la Santé n’a pas encore confirmé officiellement le nombre total de victimes, ayant publié une déclaration avant midi, heure locale, selon laquelle il n’y avait « aucune information officielle sur l’état de santé des citoyens qui ont été détenus par l’occupation pendant son attaque de la ville ».
Au moins trois Palestiniens ont été blessés par des tirs à balles réelles lors du raid, selon le Croissant-Rouge palestinien. Huit autres Palestiniens ont été kidnappés dans le camp.
Attaque des troupes d’occupation à Aqbat Jabr
Le raid de lundi matin intervient plus d’une semaine après une fusillade dans un restaurant près d’Almog. Selon des sources militaires israéliennes et la station d’information Aqsa affiliée au Hamas, les combattants qui ont tiré étaient affiliés aux Brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche militaire du Hamas.
Deux jours avant le raid meurtrier de ce lundi, l’armée d’occupation a mené samedi une opération similaire dans le camp de réfugiés d’Aqbat Jabr sous le prétexte de rechercher les responsables de la fusillade, mais l’armée israélienne a annoncé qu’elle n’était pas parvenue à appréhender les résistants qu’elle recherchait.
Le raid d’aujourd’hui dans le camp s’est produit à l’aube, les forces israéliennes ayant encerclé une maison, selon des résidents du camp. L’invasion a duré au moins quatre heures selon les rapports de l’armée israélienne, qui ont été corroborés par des sources d’information palestiniennes locales et des habitants du camp.
Selon le correspondant de l’armée israélienne Itay Blumenthal, l’armée a ciblé et tué les deux résistants armés prétendument responsables de la fusillade au carrefour de la colonie d’Almog, et en a tué trois autres au cours de confrontations.
Selon les journalistes et le personnel médical sur le terrain, l’accès au camp a été refusé aux secours.
« Il s’agit d’une politique systématique de la machine de guerre israélienne visant à empêcher l’exposition des crimes quotidiens qui sont commis contre les Palestiniens », a déclaré un témoin direct à Al-Quds News Network quelques heures après le raid.
« Cela vise à briser le peuple palestinien », a-t-il ajouté. « Nous sommes pris pour cible dans nos maisons, dans nos fermes, et rien n’est fait. Il y a des crimes de guerre délibérés qui se produisent pour nous déloger de nos foyers. »
Il a poursuivi en demandant : « Jusqu’à quand les communautés internationales resteront-elles silencieuses et seront-elles incapables de mettre fin à ces crimes ? »
Un siège de dix jours
À la suite du raid mené sur le camp le samedi 4 février, qui a donné lieu à des affrontements armés et non armés de la part des habitants du camp, l’armée israélienne a publié un communiqué dans lequel elle constate son incapacité à capturer les responsables de l’opération de tir.
Depuis le 4 février, tous les points d’entrée et de sortie autour de Jéricho ont été placés sous un siège imposé par l’armée, tandis que l’armée a érigé plusieurs points de contrôle mobiles dans les environs, fouillant les voitures et détenant les Palestiniens qui se rendent à Jéricho ou en reviennent.
Selon la Palestinian Prisoners Society, plus de 23 Palestiniens ont été arrêtés à Aqbat Jabr en l’espace de dix jours, dont au moins deux enfants. Treize autres Palestiniens ont été kidnappés lors de raids militaires en Cisjordanie, notamment dans les districts de Naplouse et de Ramallah.
La semaine dernière, l’armée israélienne a également renforcé sa présence en Cisjordanie en déployant de nouveaux bataillons militaires dans diverses zones.
Les Palestiniens se mettent en grève générale
Suite aux tueries dans le camp de réfugiés, les Palestiniens de Jéricho ont réagi en brûlant des pneus et en protestant contre les forces israéliennes aux points d’entrée de la ville.
Divers groupes politiques palestiniens ont appelé à de nouvelles confrontations en réponse aux agressions et aux attaques israéliennes contre les Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem.
À Jéricho, Ramallah, Salfit, Hébron et Naplouse, les Palestiniens ont déclaré une grève générale, fermant les magasins pour la journée. Des groupes de la ville ont également appelé les autres villes à observer la grève.
Les conseils d’étudiants de Birzeit, Jérusalem et Hébron ont appelé à un « jour de colère » et à des confrontations avec l’armée israélienne aux points de contrôle militaires.
La résistance armée palestinienne a continué à s’étendre à travers la Cisjordanie et Jérusalem. Alors que la résistance armée était initialement concentrée dans le camp de réfugiés de Jénine et à Naplouse, elle s’est étendue à de petits groupes armés dans des régions telles que Ramallah, Tubas, Salfit, Tulkarem, Hébron et Jéricho.
Le 26 janvier, les forces israéliennes ont envahi le camp de réfugiés de Jénine et assassiné dix Palestiniens dans ce qui est devenu le massacre du jeudi noir. Depuis, plusieurs opérations avec des tirs d’armes à feu ont été signalées en divers points du territoire occupé.
Depuis le début de l’année, les forces israéliennes et les colons armés ont assassiné 41 Palestiniens.
Au cours des cinq premières semaines de 2023, plus de Palestiniens ont été tués qu’au cours des quatre premiers mois de l’année dernière réunis, ce qui laisse présager une probable escalade de la violence dans la région.
Auteur : Mariam Barghouti
* Mariam Barghouti est une écrivaine palestino-américaine basée à Ramallah. Ses commentaires politiques sont publiés dans l'International Business Times, le New York Times, TRT-World, entre autres publications. Mariam Barghouti est également correspondante en Palestine du site d'informations et d'analyses Mondoweiss. Son compte Twitter.
6 février 2023 – MondoWeiss – Traduction : Chronique de Palestine