Par Adnan Abu Amer
Les responsables politiques et militaires israéliens affirment qu’il s’agit de l’année « la plus difficile” pour l’État d’occupation depuis 2005, compte tenu de la recrudescence des attaques de la résistance visant les soldats de l’occupation et les colons. Depuis le début de l’année, 36 Israéliens ont été tués et plus de 140 autres ont été blessés.
Cela a provoqué la colère des soldats et des colons, qui sont des cibles faciles sur les routes qu’ils empruntent pour traverser les villes palestiniennes.
Les services répressifs israéliens tentent de résoudre ce dilemme en bloquant l’accès à ces routes aux membres des groupes de résistance, mais il est impossible de poster un soldat tous les 100 mètres environ sur chaque voie de circulation.
On dit aujourd’hui que l’une des plus grandes menaces en Cisjordanie est l’augmentation des tirs à la volée, plutôt que des bombes en bord de route, des missiles ou d’autres moyens.
C’est devenu un problème majeur pour les colons, dont les véhicules peuvent à tout moment croiser ceux des groupes de résistance. Après les attaques, les voitures sont incendiées pour détruire les preuves, et les combattants se fondent dans la communauté palestinienne environnante.
Aujourd’hui, de nombreux Israéliens estiment que l’escalade actuelle des attaques est due à l’absence d’un facteur de dissuasion crédible. Mais on sait que les Palestiniens ne craignent plus Israël et son armée.
De plus, les résistants ne se retirent qu’après s’être assurés qu’ils ont eu un effet sérieux sur les colons – dont la présence est illégale au regard du droit international – rendant la vie difficile à l’armée et aux forces de répression.
Ces attaques étant souvent mortelles, les groupes de résistance utilisent cette tactique qui a fait ses preuves.
Au moins 23 bataillons de soldats auraient été déployés pour tenter d’empêcher les attaques. La norme en Cisjordanie occupée est de treize bataillons visant à donner aux colons un sentiment de sécurité lorsqu’ils se déplacent.
Les contre-mesures comprennent des raids visant à saisir des armes fabriquées dans des ateliers locaux et des incursions armées telles que celle qui a eu lieu à Jénine au début de l’année, ainsi que des moyens visant à empêcher les combattants de la résistance d’accéder aux routes.
Bien que l’armée n’encourage pas les offensives contre les Palestiniens, les officiers supérieurs comprennent qu’elle ne peut pas s’en passer. C’est pourquoi ils font pression pour que l’Autorité palestinienne soit soutenue, car sa collaboration en matière de répression est dans l’intérêt d’Israël et peut contribuer à réduire le nombre des attaques.
Des routes de contournement des villes et villages palestiniens sont également construites pour les milliers de colons qui circulent chaque jour en Cisjordanie occupée. Des blocs de béton sont placés aux principaux carrefours afin de limiter les déplacements des Palestiniens.
Un facteur à prendre en compte est le fait que les Palestiniens sont parfois tentés par des actes de résistance individuels pour faire quelque chose de remarquable par eux-mêmes.
Dans ce cas, les attaquants ne sont pas nécessairement affiliés à une organisation ou à un groupe de résistance. Cela rend les attques imprévisibles et génère la peur et un sentiment de panique chez les Israéliens, en particulier les colons.
L’escalade des tensions dans les territoires palestiniens occupés fait partie intégrante de la politique officielle de l’État sioniste.
L’objectif est de finaliser les plans visant à éliminer complètement la légitime résistance palestinienne, que ce soit par le biais de nouveaux projets de colonisation, de la construction et de l’expansion de colonies illégales, du déplacement forcé de davantage de Palestiniens, en particulier de Jérusalem occupée, ou de l’annexion progressive et illégale de la Cisjordanie occupée.
Bien que les autorités d’occupation israéliennes aient cartographié la propagation des attaques sur la base des rapports des services de renseignement, en mettant l’accent sur Naplouse et Jénine, ces données ne peuvent pas être évaluées à partir du lieu d’où viennent les combattants.
Le degré d’interaction des Palestiniens du peuple avec les attaques est important, ce qui peut être jugé par le nombre de personnes qui sortent pour affronter l’armée d’occupation lors de ses incursions armées.
En conclusion, l’État d’occupation ne cache pas qu’il est essentiellement préoccupé par le fait qu’un plus grand nombre de Palestiniens rejoignent la résistance et mènent des attaques dans d’autres régions de la Palestine occupée.
L’objectif des groupes de résistance, cependant, est d’intensifier la situation autant que possible pour atteindre le niveau des jours de la première et de la deuxième Intifada.
Auteur : Adnan Abu Amer
* Adnan Abu Amer dirige le département des sciences politiques et des médias de l'université Umma Open Education à Gaza, où il donne des cours sur l'histoire de la Cause palestinienne, la sécurité nationale et lsraël.Il est titulaire d'un doctorat en histoire politique de l'université de Damas et a publié plusieurs ouvrages sur l'histoire contemporaine de la Cause palestinienne et du conflit israélo-arabe. Il travaille également comme chercheur et traducteur pour des centres de recherche arabes et occidentaux et écrit régulièrement pour des journaux et magazines arabes. Son compte Facebook.
4 septembre 2023 – Middle-East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine