Une mobilisation de niveau international vient d’être lancée pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah [1], le plus ancien prisonnier politique en France. Nous avons questionné Tom Martin, porte-parole du Collectif Palestine Vaincra.
Une mobilisation de niveau international, avec comme date butoir le 21 octobre prochain, vient d’être lancée pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Peux-tu nous expliquer d’où est partie cette initiative et qui y prend part ?
Depuis de nombreuses années, le mois d’octobre est un mois international de mobilisation pour la libération de celui qui est devenu l’un des plus anciens prisonniers politiques d’Europe.
Aujourd’hui, de nombreuses organisations y participent dans la diversité de leurs engagements comme le Collectif Palestine Vaincra, le réseau de soutien aux prisonniers palestiniens Samidoun, la Campagne unitaire pour la libération de Georges Abdallah et de nombreux autres comités locaux comme à Bordeaux, Tarbes ou encore Marseille.
Par ailleurs, le mouvement palestinien Masar Badil (Mouvement de la Voie Alternative Révolutionnaire Palestinienne) a appelé à participer largement à ces initiatives soulignant que « soutenir le combattant Georges Abdallah c’est soutenir la résistance palestinienne qui partout confronte l’ennemi sioniste, de Jénine à Naplouse en passant par Gaza et le cœur de la Palestine de 48 ». [2]
A quoi correspond l’objectif du 21 octobre ? Quelle sont les conditions d’un succès pour cette mobilisation à cette date ?
Georges Abdallah a été arrêté le 24 octobre 1984. Depuis 2010, différents comités de soutien organisent autour de cette date anniversaire une manifestation jusqu’aux portes de la prison de Lannemezan où il est détenu.
La première a rassemblé un peu plus de 100 personnes. Aujourd’hui, nous sommes près de 1500 personnes à participer, faisant de cette marche une grande manifestation pour la libération de Georges Abdallah mais plus généralement pour la libération des 5200 prisonniers palestiniens et de la Palestine de la mer au Jourdain.
Aujourd’hui, c’est devenu une des plus grandes manifestations pro-palestiniennes du pays.
Ce qui fait que c’est un nouveau succès chaque année, c’est que la mobilisation ne cesse de grandir regroupant de plus en plus largement. Cette année encore, nous devons faire du 21 octobre un rendez-vous qui montre que non seulement on n’oublie pas Georges Abdallah mais que l’on est de plus en plus nombreux à le soutenir et à exiger sa libération immédiate !
La campagne de niveau international paraît avoir franchi un seuil important en étant capable de coordonner des inititiaves dans plusieurs pays – dont le Liban – et allant toutes vers le même objectif : la libération immédiate de Georges Ibrahim. Comment ce travail a-t-il pu être mené à bien ?
Ce travail a pu être mené à bien grâce à la détermination des comités de soutien qui sont engagés pour la libération de Georges Abdallah depuis une quinzaine d’années, voir maintenant près de vingt ans pour certains.
Par exemple, le Collectif Palestine Vaincra a organisé plusieurs délégations au Liban afin de renforcer nos liens avec la Campagne libanaise pour la libération de Georges Abdallah.
C’est aussi le sens de notre participation active à la construction de Samidoun et de Masar Badil pour qui le combat pour la libération du communiste libanais est un enjeu central. En effet, des organisations internationales comme Samidoun, ou le Secours Rouge International, ont joué un rôle crucial pour faire en sorte que cette campagne acquiert une dimension mondiale.
Enfin, la réalisation du film « Fedayin, le combat de Georges Abdallah » a permis une progression qualitative avec la diffusion de ce documentaire dans une vingtaine de pays et dans de nombreuses langues. [3]
Au niveau français, un certain nombre d’organisations, de représentants et personnalités politiques ont pris position en faveur de la libération de Georges Ibrahim. Y a-t-il une évolution de ce point de vue-là par rapport aux mobilisations qui ont précédé ?
Depuis quelques années, on observe un développement significatif des soutiens à Georges Abdallah. Par exemple, près de 30 parlementaires ont récémment publié une tribune de soutien [4].
Cela est du à plusieurs facteurs. Le fait qu’il soit emprisonné depuis maintenant près de 40 ans alors qu’il est libérable depuis 24 ans rend ce scandale d’Etat de plus en plus évident pour tout le monde. Cet élargissement est aussi lié au travail patient et prolongé des comités de soutien qui n’ont eu de cesse ces dernières années d’élargir la base de son soutien. Et aujourd’hui c’est un pari gagné. De la LDH en passant par la CGT, le PCF ou la LFI, ils se sont tous exprimés publiquement pour sa libération.
Maintenant, il faut faire en sorte que ces organisations s’engagent résolument dans cette bataille. Et évidemment, il ne faut pas oublier le rôle actif de Georges Abdallah dans l’élargissement de la mobilisation. En dépit de son emprisonnement, il demeure ce qu’il a toujours été : un militant communiste, anti-impérialiste et antisioniste à l’écoute des mobilisations populaires de notre époque.
Il a multiplié les grèves de la faim en soutien aux prisonniers palestiniens, les photos de soutien aux victimes de crimes policiers (comme Adama Traoré) ou les déclarations affirmant sa solidarité avec la lutte des Gilets Jaunes ou contre la réforme des retraites. L’ensemble de ces prises de position a permis que le slogan « Il est de nos luttes, nous sommes de son combat » prenne corps et que la mobilisation pour Georges Abdallah s’enracine dans toutes les mobilisations sociales de ce pays.
Quels sont les prochains temps forts de cette campagne en cours ?
En juin dernier, l’avocat de Georges Abdallah a déposé une neuvième demande de libération conditionnelle. Elle va être étudié dans les prochains mois. Il est clair que cette annonce est un appel à enraciner et intensifier la mobilisation pour sa libération afin que ce scandale d’État cesse enfin !
Ce n’est que dans le renforcement du rapport de force existant qu’une issue favorable pourra être entrevue. Que chacune et chacun, dans la diversité de nos engagements, s’engagent toujours plus pour sa libération comprenant qu’à travers lui c’est un combat contre les injustices qui se joue.
Voilà ce qu’il nous reste à faire et c’est d’une urgente nécessité !
Notes :
[1] Communiste libanais et combattant de la résistance palestinienne, Georges Abdallah est emprisonné en France depuis 1984 en raison de son engagement contre l’occupation israélienne de son pays, le Liban, et pour la libération de la Palestine. Libérable depuis 1999, il est la cible d’un acharnement politique de la part des autorités françaises, et de son allié états-unien. En juin dernier, il a déposé une neuvième demande de libération conditionnelle expulsion et entamera une 40e année de détention le 24 octobre prochain. Nous devons mettre fin à ce scandale d’Etat qui dure depuis 39 ans ! (Cf Collectif Palestine Vaincra)
[2] Consultez ici.
[3] Consultez ici.
[4] Consultez ici.
25 septembre 2023 – Propos recueillis par Chronique de Palestine