« Déluge d’Al-Aqsa » Jour 31 : bombardements massifs et menace de famine

6 novembre 2023 - Les Palestiniens s'efforcent de retrouver les morts et de secourir les blessés de la famille Shaqura, ensevelie sous les décombres de leur maison dans le centre de Khan Yunis, alors que les forces coloniales israéliennes intensifient leurs frappes aériennes dans le sud de la bande de Gaza. Selon le ministère palestinien de la santé, à cette date 10 022 personnes ont été tuées par les attaques israéliennes à Gaza depuis le 7 octobre, dont 4104 enfants et 2641 femmes. Des milliers de personnes sont toujours portées disparues sous les décombres et 25 408 Palestiniens ont été blessés - Photo : Mohammed Zaanoun/ Activestills

Israël ignore les appels au cessez-le-feu alors que le nombre de civils tués s’alourdit à Gaza, en Cisjordanie et au Liban, où une frappe aérienne israélienne a tué trois enfants. L’ancienne enfant prisonnière Ahed Tamimi fait partie des 70 Palestiniens arrêtés en Cisjordanie.

Victimes :

  • 10 022 Palestiniens tués, dont 4800 enfants, et 24 808 blessés à Gaza
  • 155 Palestiniens tués en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, et 2100 blessés

Principaux développements :

  • Au moins 144 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis le 7 octobre en Cisjordanie occupée, dont 43 enfants, ce qui représente « plus d’un tiers de l’ensemble des [383] décès palestiniens en Cisjordanie en 2023 », a rapporté OCHA.
  • Sept installations d’eau dans la bande de Gaza ont été « directement touchées et ont subi des dommages importants » samedi et dimanche. Il s’agit de deux puits d’eau à Rafah, de trois canalisations d’eaux usées dans la ville de Gaza et de deux réservoirs d’eau, selon OCHA.
  • 88 membres du personnel de l’UNRWA ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre, ce qui en fait “le nombre le plus élevé de morts de l’ONU jamais enregistré dans un seul conflit”, a déclaré l’UNICEF.
  • 175 membres du personnel médical et 24 membres de la défense civile ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre, selon le ministre palestinien de la santé.
  • 16 des 36 hôpitaux et 51 des 72 cliniques de l’enclave assiégée ne sont pas opérationnels en raison des bombardements israéliens en cours, du refus d’autoriser l’entrée de carburant et du manque de médicaments, selon le ministre palestinien de la santé.
  • Dimanche, des frappes aériennes israéliennes ont visé leur troisième camp de réfugiés en l’espace de 24 heures : le camp d’al-Bureij, tuant au moins 20 personnes, selon Al Jazeera.
  • Une frappe aérienne israélienne dans le sud du Liban a tué trois enfants et leur grand-mère, selon AP news. Le Hezbollah a riposté à l’attaque en tirant sur Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël, tuant un Israélien.
  • Les forces israéliennes arrêtent Ahed Tamimi à son domicile pendant la nuit, l’accusant d’ « incitation » sur les médias sociaux. Sa famille nie ces accusations.
  • Selon l’armée israélienne, au moins 346 soldats israéliens ont été tués depuis le 7 octobre, dont 32 lors d’incursions militaires israéliennes au sol dans la bande de Gaza.

L’armée israélienne piétine dans un contexte de crise humanitaire

Les bombardements israéliens se sont poursuivis dans toute la bande de Gaza dimanche et lundi. Selon le ministère palestinien de la santé, au moins 200 Palestiniens ont été tués au cours des frappes aériennes israéliennes de la nuit.

L’armée israélienne poursuit ses opérations au nord-ouest de la bande de Gaza, affirmant qu’elle en est aux dernières étapes de l’encerclement de la zone par voie terrestre, maritime et aérienne, dans le but d’ « éliminer » le Hamas.

Alors que l’armée israélienne continue d’afficher ce qu’elle prétend être des succès dans ses opérations terrestres, le nombre croissant de morts parmi les troupes terrestres israéliennes (32 tués), ainsi que les séquences vidéo publiées par le Hamas ces derniers jours, donnent une autre version des faits.

Selon le mouvement Hamas, ses combattants se sont engagés dans une guerre de guérilla à bout portant, frappant directement les chars et les bulldozers israéliens sur le terrain à Gaza.

Il est également important de noter que la majorité des forces terrestres israéliennes se sont jusqu’à présent déplacées à bord de véhicules lourdement blindés et ont pris des positions fixes dans le paysage urbain de Gaza, tandis que le déploiement d’unités d’infanterie sur le terrain est resté limité jusqu’à présent.

Des journalistes israéliens intégrés à l’armée indiquent que l’armée cherche à encercler progressivement la ville de Gaza avant de déployer une attaque avec le maximum de violence.

L’analyste militaire du Haaretz, Amos Harel, a affirmé que « les dirigeants du Hamas conservent le contrôle de Gaza » et que la prochaine étape de l’invasion prendrait probablement des mois, au cours desquels l’armée serait déployée pour tenter de démolir le réseau de tunnels défensifs de la résistance.


Depuis les airs, l’agence Wafa a fait état de « violentes explosions et d’un bombardement sans précédent » dans la bande de Gaza dimanche, ciblant les environs des hôpitaux de Gaza, le quartier d’Al-Zaytoun, Al-Sabra, Al-Rimal, Al-Rimal Al-Janubi, Al-Shati, Al-Safina, Al-Mashtal, le complexe Ansar, Sheikh Ajleen, Tal Al-Hawa, ainsi que d’autres communautés et zones de la ville de Gaza et de ses environs.

Les attaques ont continué à raser des quartiers entiers.

Al Jazeera indique que les bombardements intensifs dans le nord de la bande de Gaza ont surtout visé les zones entourant le plus grand hôpital de la région, Al Shifa, dans la ville de Gaza.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a exprimé son inquiétude pour la sécurité « des patients, des travailleurs de la santé et des milliers de personnes réfugiées à l’hôpital » après les informations faisant état de tirs d’artillerie lourde et de frappes aériennes à proximité de l’hôpital Al-Quds.

« Nous le répétons, les services de santé ne sont pas une cible. L’OMS réitère son appel à un cessez-le-feu immédiat, à une protection active des civils et des services de santé, et au respect du droit international humanitaire », ont-ils déclaré sur X.

Pendant ce temps, les combattants palestiniens tentent de bloquer l’entrée des forces israéliennes et de les forcer à battre en retraite.

De lourds affrontements armés ont été signalés dimanche soir entre les troupes israéliennes d’occupation et les combattants palestiniens de la résistance dans la bande de Gaza.


Des vidéos circulant sur Internet montrent des combattants palestiniens sortant de tunnels dissimulés et attaquant les forces israéliennes.

Alors que les attaques se poursuivaient dimanche soir, toutes les communications et tous les services Internet ont été coupés dans la bande de Gaza, plongeant cette zone densément peuplée dans l’obscurité pour la troisième fois cette semaine.

Selon Al Jazeera, Israël a refusé de dire s’il était à l’origine de ces attaques, mais a ajouté qu’il ferait « tout ce qui est nécessaire » pour protéger ses forces.

La panne a conduit le Croissant-Rouge palestinien (PRCS) à perdre la communication avec son équipe dans la bande de Gaza.

Paltel, une société palestinienne de télécommunications, a annoncé que les lignes téléphoniques et l’internet dans la bande de Gaza « commençaient progressivement à se remettre en servicxe » lundi matin, comme le montre NetBlocks, qui surveille la cybersécurité et la gouvernance de l’internet.

Israël tue les survivants, lentement et cruellement

La situation humanitaire dans l’enclave assiégée continue de s’effondrer de manière exponentielle.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), l’assaut israélien en cours a entraîné le déplacement de près de 1,5 million de personnes à l’intérieur du secteur.

Les réserves alimentaires essentielles ont atteint des niveaux dangereusement bas, ce qui ne fait qu’aggraver la situation. Même si l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza augmente régulièrement, « elle est loin d’être suffisante pour répondre aux besoins qui augmentent de façon exponentielle », selon le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

« À l’heure actuelle, les parents de Gaza ne savent pas s’ils pourront nourrir leurs enfants aujourd’hui et s’ils pourront même survivre jusqu’au lendemain. La souffrance à quelques mètres de là est insondable de ce côté-ci de la ligne de séparation », a déclaré Cindy McCain, directrice exécutive du PAM.

OCHA a indiqué que 710 275 personnes déplacées sont hébergées dans 149 installations de l’UNRWA, 122 000 personnes dans des hôpitaux, des églises et des bâtiments publics, 9755 personnes dans 89 écoles n’appartenant pas à l’UNRWA, et le reste cherche refuge dans des familles d’accueil, dont aucune n’est à l’abri des bombardements israéliens.

OCHA poursuit en indiquant que ces conditions de surpeuplement entraînent de graves risques sanitaires et sont exacerbées par les dommages causés aux infrastructures d’eau et d’assainissement et par le manque de carburant pour pomper l’eau.

« Au cours des derniers jours, la plupart des installations d’eau dans les zones susmentionnées, y compris quelque 60 puits municipaux, ont été fermées en raison du manque de carburant et de l’incapacité du personnel à les atteindre », indiquent les Nations unies dans leur rapport.

L’armée israélienne a indiqué aux habitants de Gaza que les personnes évacuant vers le sud par la rue Salah al-Din entre 10 heures et 14 heures bénéficieraient d’un passage sûr, mais les habitants sont terrifiés et ne font aucune confiance à Israël pour respecter leur sécurité, car, rompant ses engagements, l’armée a attaqué les itinéraires sûrs à de multiples reprises depuis le 7 octobre.

En outre, sur le plan logistique, l’évacuation est très difficile et dangereuse car les civils n’ont pas accès aux moyens de transport en raison de la pénurie de carburant, des routes détruites et des débris des bâtiments démolis par les bombardements qui se poursuivent depuis un mois.

6 novembre 2023 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine