Les dirigeants arabes et islamiques – à qui il a fallu 36 jours après le début de la guerre d’anéantissement d’Israël contre Gaza, pour se réunir en « urgence » à Riyad samedi – – n’ont pas arrêté la guerre, n’ont pas ouvert de points de passage et n’ont pas épargné la vie d’un seul enfant. Ils ne représentent ni leur peuple, ni l’humanité dans son ensemble.
Ce sont les courageux combattants qui résistent à l’assaut dans Gaza qui parlent au nom des peuples du monde arabe et islamique et qui, en fin de compte, détermineront l’avenir de ces pays et – grâce à leurs sacrifices – redessineront la carte politique de la région selon de nouvelles lignes fondées sur la justice.
Lorsque des hôpitaux où des médecins doivent opérer des enfants dans l’obscurité et sans anesthésie, sont bombardés en direct à la télévision, il est tout à fait honteux que les armées de quelque 55 pays représentant près de deux milliards de personnes et leurs généraux lourdement bardés de médailles regardent en spectateurs.
La résistance de Gaza est étonnante. Les gens se rallient à la résistance à un niveau sans précédent, et beaucoup sont prêts à se sacrifier et même à mourir pour remporter la victoire et faire échouer l’agression israélienne et, avec elle, l’ensemble du projet sioniste en Palestine.
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Les dirigeants réunis à Riyad ne semblent pas avoir entendu les paroles du Dr Mahmoud Abu-Salmiya, directeur de l’hôpital Shifa de Gaza, alors que ses bâtiments, ses patients et les milliers de personnes rassemblées dans son enceinte pour se mettre à l’abri étaient bombardés par des missiles israéliens : « Les corps s’accumulent. Nous allons essayer de les enterrer dans l’hôpital, mais il est constamment bombardé par l’armée israélienne. Nous sommes à quelques heures de la mort et le monde nous regarde. Nous ne sommes pas de simples numéros ».
Les gouvernements occidentaux ont à peine levé le petit doigt en réaction à l’assassinat de quelque 5000 enfants à Gaza en l’espace de quelques semaines.
La raison en est que le tueur est Israël, et qu’il est soutenu par les gouvernements américain et européen qui ne cessent pourtant d’afficher leur engagement en faveur des droits de l’homme, et que les victimes sont des enfants arabes, pour la plupart de confession islamique.
La plupart des personnes qui prétendent les représenter sont des laquais des États-Unis, conduits comme des moutons par Joe Biden et Antony Blinken et instruits sur ce qu’il faut dire et faire.
Je conseille aux dirigeants du Hamas et des autres groupes de résistance de ne pas écouter les intermédiaires arabes qui se présentent comme des médiateurs.
Ils représentent une plus grande menace pour le peuple palestinien que leurs maîtres américains et israéliens, au nom desquels ils agissent. La dernière chose dont ces gens se soucient est de sauver le peuple palestinien, ou même les prisonniers israéliens détenus et les ressortissants occidentaux bloqués dans la bande de Gaza.
Le nombre de civils, de femmes et d’enfants tués est effroyable. Des dizaines de victimes sont des membres de ma famille élargie et, en tant qu’habitant de la bande de Gaza, je me sens proche de chacun d’entre eux.
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Mais il n’est pas exagéré de dire que la résistance a déjà infligé une défaite dévastatrice au projet sioniste dans cette bataille, en sapant les fondements sur lesquels il repose : la dissuasion, la peur, la protection, la stabilité et la prospérité.
Il s’agit là d’un résultat historique qui n’aurait jamais pu être atteint sans les énormes sacrifices que le peuple palestinien de Cisjordanie et de la bande de Gaza et ses groupes de combat sont en train de consentir.
La bande de Gaza n’est que le point de départ de la victoire finale.
Elle ne pourra jamais être gouvernée par des dirigeants installés par les chars israéliens et américains, ni permettre le retour de ceux qui protègent les colons de Cisjordanie, opèrent à la demande des agences de sécurité israéliennes et s’appuient sur elles pour leurs gains mal acquis.
Gaza ne sera gouvernée que par ceux qui résistent aujourd’hui à l’agression, comme ils le font depuis des années. Les habitants de Gaza et leurs compatriotes de Cisjordanie s’accordent sur ce point.
Auteur : Abdel Bari Atwan
* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
12 novembre 2023 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine – Boutros