Les forces israéliennes d’occupation ont tué un Palestinien dans le camp de réfugiés d’Al-Maghazi et ont tiré sur des personnes qui tentaient d’accéder à leurs maisons dans le cadre de la précaire trêve temporaire. Les Israéliens ont également tué cinq Palestiniens au cours d’un raid de 14 heures dans la ville de Jénine, en Cisjordanie.
Victimes :
- 15 000 Palestiniens tués, dont 6150 enfants, et 33 000 blessés à Gaza *
- 235 Palestiniens tués en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est
* Ce chiffre couvre les victimes du 7 octobre au 26 novembre. En raison des pannes des réseaux de communication dans la bande de Gaza (en particulier dans le nord de Gaza), le ministère de la santé de Gaza n’a pas été en mesure d’actualiser régulièrement ses bilans.
Principaux développements :
- L’échange de prisonniers et de captifs de samedi a été retardé de plusieurs heures en raison d’un différend concernant des camions d’aide qui n’atteignaient pas le nord de la bande de Gaza et de la libération de deux captifs israéliens, qui n’avaient pas pu être localisés.
- 39 Palestiniens ont été libérés des geôles israéliennes, dont 33 sont ou étaient des enfants au moment de leur arrestation. Le Hamas a libéré 13 Israéliens et quatre citoyens thaïlandais.
- Le Hamas a proposé de libérer deux femmes à la place des parents des captifs, qui n’ont pas pu être localisés, mais les responsables israéliens n’ont pas donné leur accord, et 13 captifs au lieu de 15 ont été libérés, a rapporté Kan News.
- Quatre des citoyens thaïlandais étaient des travailleurs étrangers dans des fermes agricoles et ne faisaient pas partie intégrante de l’accord d’échange.
- Avant la libération des prisonniers, quatre Palestiniens ont été blessés par des tirs à balles réelles près de la prison d’Ofer lors d’une confrontation avec les forces israéliennes, qui ont également tiré des gaz lacrymogènes sur les journalistes qui couvraient l’évènement.
- Les forces israéliennes d’occupation ont déconseillé aux Palestiniens de retourner dans le nord de la bande de Gaza et de s’éloigner d’un kilomètre du point de contrôle de la rue Salah El-Deen ; ceux qui ont tenté de retourner dans la ville de Gaza ont essuyé des tirs, selon Al-Jazeera.
- L’hôpital indonésien de Beit Lahia, assiégé par les chars israéliens depuis une semaine, a été vidé dimanche de ses derniers patients et de son personnel médical.
- Cinq Palestiniens ont été assassinés dans le camp de réfugiés de Jénine, et Israël a lancé dix frappes de drones dans la ville au cours d’une attaque qui a duré 14 heures.
Des prisonniers palestiniens et israéliens sont échangés à la onzième heure alors que la trêve semble menacée
La trêve temporaire dans la bande de Gaza semblait menacée samedi soir, la libération des captifs et des prisonniers ayant été reportée jusqu’à la onzième heure.
Finalement, le Hamas a libéré 13 Israéliens et quatre citoyens thaïlandais moins d’une heure avant minuit, et plus tard, Israël a libéré 39 femmes et enfants palestiniens de leurs prisons.
Le porte-parole du ministère des affaires étrangères du Qatar a déclaré samedi après-midi à CNN qu’il s’efforçait de surmonter les obstacles par la médiation.
Le différend porte sur l’impossibilité pour les camions d’aide d’atteindre le nord de la bande de Gaza et sur la libération de deux prisonniers israéliens.
Le Hamas a déclaré dans un communiqué qu’il retardait la libération des captifs jusqu’à ce qu’Israël autorise les convois d’aide à entrer dans la ville de Gaza et ses environs, qui ont été bombardés pendant 49 jours, rasant des quartiers entiers et tuant des milliers de personnes.
Le groupe de la résistance a également déclaré que la courte pause des combats serait menacée si Israël n’appliquait pas intégralement l’accord de libération des prisonniers palestiniens, en commençant par ceux qui ont été détenus depuis le plus grand nombre d’années.
Pour la chaine qatarie al-Jazeera, le fait que les brigades al-Qassam ont remis les capturés aujourd’hui, après 50 jours au cœur de Gaza, avec les voitures de la résistance et avec leurs armes, est un message très fort qui signifie que la résistance a toujours la volonté et la liberté de décider de ses actions – Vidéo via al-Manar
Dimanche matin, Kan News a rapporté que l’incapacité du Hamas à localiser deux prisonniers israéliens était une autre cause du retard.
Dans le cadre de l’accord de trêve, le Hamas a accepté de libérer des familles israéliennes entières qui avaient été faites prisonnières ensemble plutôt que de séparer les membres de la famille. Cependant, Kan rapporte que le Hamas n’a pas pu localiser la mère et le frère de deux des captifs qui ont été libérés dans la nuit de samedi à dimanche.
Les responsables israéliens ont insisté pour que les parents de ces captifs soient retrouvés, ce qui a entraîné des heures d’attente.
Le Hamas a déclaré au début du mois d’octobre qu’en raison des bombardements israéliens aveugles sur la bande de Gaza, le groupe n’a pas pu localiser tous les captifs, et qu’au moins 50 d’entre eux sont morts, et que certains sont encore sous les décombres.
Kan rapporte que le Hamas a proposé de libérer deux femmes au lieu des membres de leur famille, qui n’ont pas pu être retrouvés, mais les responsables israéliens n’ont pas approuvé cette proposition, et 13 captifs au lieu de 15 ont été libérés.
Quatre des citoyens thaïlandais étaient des travailleurs étrangers dans les fermes agricoles, et ils n’étaient pas inclus dans l’accord d’échange.
Parmi les captifs libérés samedi figurait une fillette irlando-israélienne de neuf ans, dont le père a déclaré à CNN, début novembre, qu’il avait appris qu’elle avait été « tuée par le Hamas ».
Dimanche, elle a fait l’objet d’une querelle diplomatique entre Israël et l’Irlande, le seul pays de l’UE dont les responsables politiques soutiennent ouvertement les Palestiniens.
Le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a tweeté : « C’est un jour d’immense joie et de soulagement pour Emily Hand et sa famille. Une enfant innocente qui était perdue a été retrouvée et rendue, et nous poussons un énorme soupir de soulagement. Nos prières ont été exaucées ».
Le tweet de M. Varadkar a suscité une réponse d’Eli Cohen, ministre israélien des affaires étrangères, qui a déclaré : « M. le Premier ministre, il semble que vous ayez perdu votre sens moral et que vous ayez besoin d’un rappel à la réalité ! Emily Hand n’a pas été ‘perdue’, elle a été kidnappée par une organisation terroriste… Honte à vous ! » [Eli Cohen a le dont de savoir se faire des amis… NdT]
L’échange de captifs et de prisonniers n’a pas atténué les propos provocateurs des responsables israéliens, qui continuent de menacer la bande de Gaza d’une guerre.
Selon Kan News, le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a écrit aux soldats qu’à la fin de la trêve temporaire, lundi, « nous retournerons au combat avec une détermination totale, pour la libération continue des personnes enlevées jusqu’à la dissolution du Hamas ».
Le troisième jour de la trêve devrait être marqué par d’immenses efforts de la part des médiateurs du Qatar et de l’Égypte pour en assurer le succès.
Les forces israéliennes tirent sur des Palestiniens qui retournent inspecter leurs maisons dans le nord de la bande de Gaza
Malgré la trêve temporaire, un Palestinien a été tué et un autre blessé dimanche, à l’est du camp de réfugiés d’Al-Maghazi, selon la Société du Croissant-Rouge palestinien (SCRP).
Les forces israéliennes d’occupation ont voulu dissuader les Palestiniens de retourner dans le nord de la bande de Gaza, ler intimant l’ordre de rester à un kilomètre du poste de contrôle de la rue Salah El-Deen. Selon Al-Jazeera, ceux qui voulaient franchir le point de contrôle pour se rendre à la ville de Gaza ont essuyé des tirs.
Plusieurs Palestiniens ont été blessés par des tirs israéliens, dont trois près de l’hôpital indonésien de Beit Lahia. La semaine dernière, l’hôpital a été assiégé par les chars israéliens et dimanche, il a été vidé des derniers patients et du personnel médical, a déclaré Ashar Al-Qidra, porte-parole du ministère de la santé, à Al-Jazeera.
Quatre autres Palestiniens ont été blessés près de l’hôpital Al-Quds, a rapporté Wafa. Ils vérifiaient également leurs maisons à Tel Al-Hawa.
Les bombardements israéliens sur la bande de Gaza ont entraîné le déplacement forcé près de 1,7 million de Palestiniens. Certains ont tenté de revenir pour inspecter ce qu’il restait de leurs quartiers et de leurs propriétés, pendant la trêve temporaire et enregistrer la dévastation à l’aide d’appareils photo pour informer le reste de leurs familles.
Le nombre de personnes tuées dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre n’a pas été mis à jour dimanche, mais les rapports de Wafa estiment qu’il s’agit de 15 000 personnes, 6150 enfants et plus de 4000 femmes. Au moins 36 000 personnes ont été blessées.
Les forces israéliennes tentent d’empêcher toute scène de célébration des prisonniers libérés à Jérusalem
Les familles des prisonniers palestiniens ont attendu jusqu’aux premières heures de dimanche à Jérusalem occupée et dans les villes d’Al-Bireh et de Beitunia, en Cisjordanie occupée, pour retrouver leurs proches libérés.
Parmi eux, 33 sont ou étaient des enfants au moment de leur arrestation. L’agence de presse Wafa a publié une liste de leurs noms et de leurs peines d’emprisonnement.
Wafa a rapporté que cinq femmes et un enfant de Jérusalem ont été remis à leurs familles au centre de détention et d’interrogatoire d’Al-Moskobiya.
Les autres ont été emmenés de la prison militaire d’Ofer, près de la ville de Ramallah, aux villes d’Al-Bireh et d’Al-Beitunia, où des centaines de Palestiniens les ont accueillis avec de grandes démonstrations de joie, et ont appelé les mouvements de résistance à Gaza à libérer tous les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, où au moins 7000 personnes sont actuellement détenues.
Toutefois, avant la libération des prisonniers, quatre Palestiniens ont été blessés par des tirs à balles réelles près de la prison d’Ofer lors d’une confrontation avec les forces israéliennes d’occupation, qui ont également tiré des gaz lacrymogènes sur les journalistes qui couvraient l’événement.
Dans la partie occupée de Jérusalem, les forces israéliennes ont empêché les parents et les sympathisants des prisonniers libérés de se rassembler chez eux et les ont mis en garde contre toute scène de joie. Al-Jazeera Arabic a rapporté que jeudi, les forces israéliennes ont été jusqu’à confisquer des bonbons et des friandises dans les maisons des prisonniers palestiniens afin d’empêcher toute célébration.
Israa Al-Jaabis, détenue depuis 2015 et souffrant de graves brûlures aux mains et au visage, était l’une des prisonnières de Jérusalem dont la famille n’a pas pu accrocher de décorations pour lui souhaiter la bienvenue.
Elle a déclaré à Al-Jazeera Arabic que sa libération avait été retardée de plusieurs heures et a parlé des conditions et des traitements terribles auxquels les prisonnières étaient soumises dans les prisons israéliennes.
Shorouk Dwayyat, de Jérusalem, qui a purgé neuf ans d’une peine de seize ans avant d’être libérée dans le cadre de l’échange, a déclaré à Al-Jazeera qu’au cours des dernières semaines, elle avait assisté à une escalade de la « répression, de la famine, de la soif et de l’imposition d’une surpopulation importante » par les geôliers israéliens.
Elle a ajouté qu’elle craignait pour le bien-être des prisonnières restées incarcérées, dont certaines avaient moins de 18 ans, la plus jeune étant âgée de 12 ans.
Omar Shweiki, qui avait 15 ans lorsqu’il a été arrêté en novembre 2021 par les forces israéliennes, a déclaré qu’au cours des 50 derniers jours, les geôliers israéliens ont empêché les prisonniers de faire de l’exercice et que des enfants de 13 et 15 ans sont actuellement détenus.
Depuis le 7 octobre, la Commission des affaires des prisonniers et ex-prisonniers a averti que l’administration pénitentiaire israélienne imposait des mesures punitives aux prisonniers palestiniens, notamment une nourriture insuffisante et de mauvaise qualité, le refus d’accès à la cour d’exercice, des coupures d’électricité quotidiennes, la négligence médicale et des restrictions sur les visites familiales.
La semaine dernière, Al-Jazeera a rapporté qu’Israël soumettait les prisonniers et les détenus palestiniens à des « tortures psychologiques » et les forçait à embrasser le drapeau israélien, à écouter l’hymne national israélien et à dire « l’État d’Israël est fort » pendant leur détention. Les geôliers israéliens frappent durement ceux qui refusent d’obéir à leurs ordres.
Six Palestiniens sont morts sous la torture dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre.
Cinq Palestiniens tués à Jénine et des dizaines d’arrestations par les forces israéliennes d’occupation en Cisjordanie
Neuf des prisonniers palestiniens libérés samedi en fin de journée étaient originaires de la ville de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, qui a été le théâtre d’un violent raid israélien ayant fait cinq morts et 14 blessés.
Wafa rapporte que les forces israéliennes ont également arrêté 11 autres personnes, dont deux des blessés, au cours d’un raid de 14 heures dans le camp de réfugiés de Jénine, qui s’est achevé aux premières heures de dimanche.
Asaad Ali Al-Damj, 33 ans, a été tué par une attaque de drone israélien sur une maison du quartier Al-Damj dans le camp de Jénine. Ammar Muhammad Abu Al-Wafa, 21 ans, Ahmed Abu Al-Haija, 20 ans, Muhammad Mahmoud Freihat, 27 ans, et Mahmoud Khaled Abu Al-Haija, 17 ans, ont été tués à différents endroits de Jénine au cours de la confrontation avec les forces israéliennes d’occupation.
Wafa a rapporté que 10 attaques de drones israéliens ont été lancées contre des maisons palestiniennes et une association caritative dans le camp de Jénine. La ville a annoncé une grève générale dimanche pour pleurer ses martyrs.
À Naplouse, Oday Misbah Snobar, 30 ans, a été tué lors d’un raid israélien dans le village de Yatma. Le Croissant Rouge Palestinien a déclaré que Snobar avait été touché par un tir à balle réelle au visage, qu’il avait été transporté à l’hôpital et qu’il était décédé peu après.
Depuis le 7 octobre, les forces israéliennes et les colons ont assassiné 235 Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem, en ont blessé près de 3000 et ont arrêté 3160 personnes.
Auteur : Mustafa Abu Sneineh
* Mustafa Abu Sneineh est journaliste, poète et rédacteur à Middle East Eye. Son premier recueil de poésie, A Black Cloud at the End of the Line, a été publié en arabe en 2016. Abu Sneineh est titulaire d'un diplôme en droit de l'université de Birzeit, en Palestine, et d'une maîtrise en études postcoloniales du Goldsmiths College, à Londres. Il a rédigé sa thèse de maîtrise sur le nationalisme syrien des années 1930 et 1940. Il a précédemment travaillé pour le journal Al-Akhbar et le magazine Canvas art. Son compte X.
26 novembre 2023 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine