Par Leila Warah
Alors que les forces israéliennes encerclent un nouvel hôpital à Gaza, le Hamas publie un document clarifiant les motifs de l’attaque du 7 octobre et réitérant l’exigence palestinienne du droit à l’autodétermination.
Victimes :
- 25 295+ Palestiniens assassinés * et au moins 63 000 blessés dans la bande de Gaza
- 387+ Palestiniens assassinés en Cisjordanie et à Jérusalem sous occupation.
- L’armée israélienne d’occupation reconnait au moins 532 soldats et officiers tués et 3221 blessés.
* Ces chiffres ont été fournis par le ministère de la santé de Gaza le 22 janvier. Certains groupes de défense des droits de l’homme estiment que le nombre de morts est plus proche de 32 000.
Principaux développements
- UNOCHA : Seules 15 boulangeries sont encore opérationnelles dans la bande de Gaza, aucune dans le nord.
- UNOCHA : Environ 1,7 million de personnes déplacées à l’intérieur de la bande de Gaza.
- Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme : Israël a assassiné 94 professeurs d’université à Gaza depuis le 7 octobre.
- Société du Croissant-Rouge palestinien : Des chars israéliens s’approchent de l’hôpital de la ville d’al-Amal à Khan Younis, tous les contacts avec l’équipe du Croissant-Rouge palestinien dans la région ont été perdus.
- Croissant-Rouge palestinien : Israël assiège le centre ambulancier de Khan Younis, empêchant tout mouvement de sauvetage.
- Les forces israéliennes détruisent un quartier entier de Khan Younis par explosifs; un soldat prend un selfie avec les explosifs utilisés.
- Deux combattants du Hezbollah martyrisés au Liban par une frappe de drone israélienne.
- Ministère palestinien de la santé : 190 Palestiniens tués et 34 blessés au cours des dernières 48 heures.
- Le Hamas publie un rapport pour rappeler le contexte et la dynamique de l’offensive surprise du 7 octobre.
- Des Israéliens manifestent devant le domicile de Netanyahu et réclament le retour des prisonniers israéliens.
- La résistance palestinienne tuent 21 soldats des forces d’occupation dans la même journée
Les hôpitaux attaqués dans le sud de la bande de Gaza
L’armée israélienne détruit systématiquement Gaza alors que sa guerre génocidaire contre le territoire assiégée entre dans son 108e jour. Après avoir presque entièrement décimé le nord de la bande de Gaza, l’armée israélienne continue de se déplacer vers le sud, jetant son dévolu sur Khan Younis, le deuxième plus grand district de l’enclave assiégée.
Le secteur a été initialement désigné comme zone de sécurité par Israël, ce qui a conduit des centaines de milliers d’habitants du nord à chercher refuge dans la ville. Pourtant, Khan Younis n’est déjà plus que l’ombre de lui-même après les dégâts et les destructions considérables causés par les frappes aériennes israéliennes qui n’ont jamais cessé.
L’invasion terrestre continue la campagne d’oblitération, les soldats israéliens s’étant filmés en train de faire sauter 40 immeubles résidentiels à la fois à l’aide d’explosifs. Plus tôt, le soldat israélien Itamar Bello a partagé un selfie de lui-même posant avec les mines utilisées pour la démolition.
Pendant ce temps, des chars et des véhicules militaires israéliens s’approchent de l’hôpital al-Amal dans le centre de Khan Younis, a rapporté lundi matin le Croissant-Rouge palestinien (PRCS).
En conséquence, le Croissant-Rouge palestinien a perdu tout contact avec ses équipes dans le secteur.
Le Croissant-Rouge palestinien a ajouté que l’armée israélienne empêchait les premiers secours d’atteindre les blessés à Khan Younis, tout en intensifiant l’assaut terrestre et en attaquant le centre d’ambulances du Croissant-Rouge palestinien.
A environ un kilomètre de là, le complexe médical Nasser a été encerclé sur trois côtés par l’armée, en liaison avec les bombardements d’artillerie israéliens en cours à proximité de l’hôpital Nasser, a rapporté Wafa.
« Ce n’est pas la première fois. Il y a eu plusieurs attaques et bombardements dans la zone de l’hôpital Al-Amal à Khan Younis [au cours des dernières semaines]. Le siège du Croissant-Rouge palestinien a été directement attaqué par des tirs d’artillerie, qui ont littéralement détruit trois étages et tué au moins sept personnes à l’intérieur du bâtiment », a déclaré Nebal Farsakh, porte-parole du Croissant-Rouge palestinien, à Al Jazeera.
M. Farsakh a indiqué que les deux installations étaient assiégées et que les communications étaient coupées. Les ambulances ne peuvent pas répondre aux appels des blessés.
« La situation est extrêmement dangereuse, on entend de violents bombardements dans le secteur. Quiconque tente de sortir ou de marcher dans la rue est pris pour cible », poursuit M. Farsakh.
L’infrastructure médicale de Gaza s’est effondrée, la plupart des 36 hôpitaux de l’enclave ne fonctionnant plus et ceux qui sont encore ouverts ayant largement dépassé leur capacité, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Un hôpital de campagne français situé à bord d’un navire amarré au large des côtes égyptiennes, à 50 km à l’ouest de la bande de Gaza, a soigné environ 1000 personnes de Gaza depuis novembre.
Selon Reuters, le navire compte 70 membres du personnel médical et est équipé de salles de soins et de salles d’opération où près de 120 blessés ont été hospitalisés, et des centaines d’autres ont été reçus en consultation externe, notamment pour le suivi de leurs blessures et de leurs problèmes psychiatriques.
Cependant, avec plus de 60 000 personnes blessées par les attaques israéliennes et un accès extrêmement limité aux soins de santé, l’hôpital de campagne est largement insuffisant pour répondre aux attaques en cours et compenser les installations de soins de santé qui fonctionnent à peine.
À Gaza, « la situation empire d’heure en heure »
Les Palestiniens de Gaza ont peu d’espoir quant à leur avenir, car les attaques incessantes d’Israël se poursuivent sans relâche, détruisant la société de l’enclave assiégée au point de la rendre méconnaissable.
« La façon la plus précise de décrire ce qui se passe actuellement à Khan Younis est de parler de mort et de destruction. Depuis plus d’un mois, la ville du sud est soumise à des bombardements intensifs », a déclaré le journaliste d’Al Jazeera Hani Mahmoud depuis Rafah.
Hani Mahmoud précise que les attaques israéliennes visent également la plus grande université de Gaza, où des milliers de personnes ont trouvé refuge, et que des drones d’attaque planent partout au-dessus de Khan Younis, tirant sur toute personne en mouvement.
« La zone est bombardée par terre, par air et par mer – il n’y a pas de couloir sûr pour leur permettre de s’échapper », a-t-il poursuivi, « Des jours très sombres nous attendent, car la situation empire d’heure en heure ».
Pendant ce temps, dans le nord de la bande de Gaza, il n’y a plus de boulangeries et Israël refuse toujours aux Palestiniens l’accès à l’aide humanitaire minimum.
Le marché du camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, souffre de la pénurie de farine et de nourriture sur les marchés et de l’absence d’aide humanitaire.
« Aujourd’hui, nous sommes à la recherche de notre nourriture quotidienne. Il n’y a ni farine ni blé. Les gens mangent du maïs, et c’est de la nourriture pour les oiseaux et les animaux, pas pour les humains », a déclaré à Al Jazeera une personne sur le marché du camp de réfugiés de Jabalia.
« Le citoyen de base de Gaza vit au jour le jour. Nous essayons d’obtenir de la farine et du pain prêt à l’utilisation et la consommation, mais ils ne sont pas disponibles. Et les gens n’ont pas d’argent. La situation est très difficile. »
« Alors qu’un génocide se déroule à Gaza, il est temps de demander justice pour TOUS », a écrit Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, sur Twitter/X. « Les captifs DOIVENT être libérés immédiatement. C’est ainsi que les milliers de prisonniers palestiniens qui sont détenus arbitrairement par Israël ».
Francesca Albanese a également accusé Israël de tuer une plus grande proportion de la population à Gaza – soit 1,1 % – que la proportion de personnes tuées dans les guerres en Ukraine (0,2 %) et en Irak (0,8 %), et ce « dans un laps de temps beaucoup plus court ».
« Aucune guerre de ce siècle ne se rapproche de la campagne d’extermination [d’Israël] à Gaza », a déclaré Mme Albanese.
Les soldats israéliens s’adonnent au pillage
Des dizaines de rapports ont fait surface, accusant l’armée israélienne de pillages généralisés dans la bande de Gaza, volant des millions de dollars en argent liquide, des dépouilles de Palestiniens [pour le trafic d’organes – NdT] et des objets archéologiques.
Le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) a demandé à l’ONU d’enquêter sur les rapports faisant état de pillages d’objets archéologiques par les troupes israéliennes.
« Le génocide en cours perpétré par à Gaza le gouvernement israélien fasciste, ise tous les aspects de la culture et du patrimoine palestiniens », a déclaré Nihad Awad, directeur du CAIR, dans un communiqué.
« Nous demandons instamment aux Nations unies d’enquêter sur ce nouveau crime de guerre qu’est le vol culturel et à l’administration Biden d’ouvrir les yeux sur les dommages que son soutien aveugle à ce génocide et à ce nettoyage ethnique cause à l’humanité, aux valeurs fondamentales et aux intérêts de notre nation dans le monde entier. »
La société israélienne fortement divisée
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a continué à rejeter la possibilité d’un accord avec le mouvement Hamas pour mettre fin à la guerre, bien qu’il a échoué à ramener les prisonniers israéliens de Gaza par des opérations militaires.
En conséquence, Netanyahu est sous le feu des critiques de la société israélienne et des principaux responsables politiques, qui soulignent de plus en plus l’incompatibilité entre les deux objectifs de guerre d’Israël, à savoir la disparition du Hamas et la libération des captifs détenus à Gaza.
En échange des 136 prisonniers restants à Gaza, le Hamas exige l’arrêt définitif des bombardements, le retrait des troupes terrestres de Gaza et la libération des prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
Sami Abu Zuhri, haut responsable du Hamas, a déclaré que le refus du Premier ministre Netanyahu de mettre fin aux opérations militaires « signifie qu’il n’y a aucune chance pour le retour des captifs [israéliens] », rapporte Al Jazeera.
« Si nous acceptons cela, nos soldats sont morts en vain. Si nous acceptons cela, nous ne pourrons pas garantir la sécurité de nos propres citoyens. Nous ne pourrons pas ramener les personnes évacuées chez elles en toute sécurité et le prochain 7 octobre ne sera qu’une question de temps », a éructé Netanyahu, selon Al Jazeera.
Dimanche soir, les familles des captifs ont dressé des tentes devant le domicile de Netanyahu à Jérusalem-Ouest, appelant à leur libération, même si cela signifiait la fin de la guerre.
Un porte-parole du Forum des familles d’otages et de disparus, cité par le Times of Israel, a déclaré que les manifestants resteraient dans leurs tentes jusqu’à ce que « le Premier ministre accepte un accord pour le retour des captifs ».
Le Forum a également demandé à Netanyahu de « déclarer clairement que nous n’abandonnerons pas les civils, les soldats et les autres personnes capturés dans la débâcle d’octobre », a rapporté The New Arab.
« Nous devons faire avancer l’accord maintenant. Si le premier ministre décide de sacrifier les otages, il doit faire preuve de leadership et partager honnêtement sa position avec le public israélien », poursuit le journal.
Les médias israéliens rapportent que les manifestants se sentent négligés et oubliés et que trop de temps s’est écoulé sans que leurs problèmes ne soient vus ou entendus par le premier ministre.
John Polin, dont le fils est captif à Gaza, a déclaré : « Nous demandons au gouvernement de jouer son rôle, de proposer un accord qui permette d’aboutir et de ramener en vie les captifs restants ».
Les membres du cabinet de guerre israélien s’entre-déchirent sur la manière de procéder à Gaza. L’un d’entre eux, Gadi Eizenkot, ancien chef d’état-major de l’armée d’occupation et auteur de la doctrine Dahiya [violence et destruction massives, qui tiennent lieu de stratégie militaire – NdT], a déclaré qu’une défaite du Hamas n’était peut-être pas réaliste et a appelé à la tenue d’élections.
La résistance tue 24 soldats et officiers de l’armée israélienne dans le sud de Gaza en une seule journée
Le porte-parole des forces d’occupation israéliennes a annoncé le plus grand nombre de soldats tués depuis le 7 octobre.
Au total, 24 soldats et officiers de l’armée israélienne ont été abattus par la Résistance palestinienne lors de combats dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé le porte-parole des forces d’occupation israéliennes.
Dix morts dans des bâtiments bourrés d’explosifs
Dix soldats et officiers de l’occupation israélienne ont été tués lors d’une opération de la Résistance palestinienne dans le sud de la bande de Gaza.
Les images montrent, entre autres, des obus de 105 Al-Yassin tirés sur des chars et des véhicules israéliens dans plusieurs zones, ainsi que des tirs d’obus et de mitrailleuses sur une force d’infanterie israélienne dans une école à Khan Younis. La vidéo montre également un combattant s’approchant d’un véhicule israélien à une distance nulle pour y poser un engin explosif, ainsi que des uniformes et des équipements militaires récupérés après l’attaque d’un véhicule blindé de transport de troupes..
Auparavant, l’armée d’occupation avait publié les noms de trois soldats de l’occupation tués dans la bande de Gaza, mais une récente déclaration a considérablement alourdi le bilan. Bien que les noms de 10 soldats et officiers tués à Khan Younis aient été publiés, les noms restants ne sont pas divulgués en raison de la « sensibilité » de l’information.
Une déclaration publiée par l’armée israélienne, tôt mardi matin, a été précédée par la diffusion d’une liste de fuites comprenant les noms des 10 soldats d’occupation éliminés sur les comptes de médias sociaux et les médias israéliens.
Bien que le communiqué ait donné une vue d’ensemble des incidents, il s’est abstenu d’entrer dans les détails spécifiques des combats, laissant les détails de la façon dont les soldats ont connu leur destin officiellement non divulgués.
Toutefois, selon le Times of Israel, les soldats ont été tués d’un seul coup après l’effondrement de deux grands bâtiments dans la bande de Gaza à la suite d’une forte explosion.
Selon d’autres sources, les combattants de la Résistance palestinienne ont tiré deux grenades propulsées par fusée (RPG), qui ont touché deux bâtiments dans le sud de la bande de Gaza. Il est important de noter que les combattants auraient touché un grand nombre de mines qui étaient posées par des unités du génie de combat, en préparation de la démolition du bloc résidentiel.
La plupart des personnes dont la mort a été annoncée servaient dans la 261e brigade d’infanterie de la division de Gaza, qui se compose exclusivement de soldats et d’officiers enrôlés dans la force de réserve de l’occupation. La liste publiée comprend un commandant d’escouade et un soldat servant dans la 205e brigade blindée.
Auteur : Leila Warah
18 janvier 2024 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine