Par EuroMed Monitor
Les tortures infligées par l’armée israéliennes d’occupation aux prisonniers palestiniens sont transformées en divertissement pour les voyeurs israéliens : « Ils nous ont enlevé nos vêtements et ils ont fait venir des civils israéliens pour qu’ils assistent à notre torture ».
Genève – L’armée israélienne a invité des groupes de civils israéliens dans les centres de détention et les prisons où sont enfermés des prisonniers et des détenus palestiniens de la bande de Gaza, pour assister à la torture criminelle des détenus et beaucoup d’entre eux ont été autorisés à les filmer sur leurs téléphones portables.
L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme a reçu des témoignages choquants de prisonniers et de détenus palestiniens récemment libérés qui rapportent que l’armée israélienne a invité un certain nombre de civils israéliens pendant leurs séances d’interrogatoire pour qu’ils soient témoins des actes de torture et des traitements inhumains auxquels ils étaient délibérément soumis.
Kidnappés lors d’incursions terrestres des forces armées israéliennes dans la bande de Gaza, les prisonniers et détenus ont été incarcérés pendant des périodes variables dans deux centres de détention : l’un situé dans la zone de Zikim, à la frontière nord de la bande de Gaza, et l’autre affilié à la prison de Naqab, dans le sud d’Israël.
Les détenus libérés ont déclaré à Euro-Med Monitor que les soldats israéliens les avaient exhibés devant des civils israéliens, en prétendant mensongèrement qu’ils étaient des combattants affiliés à des factions armées palestiniennes et qu’ils avaient participé à l’attaque du 7 octobre contre des villes israéliennes situées à la frontière de la bande de Gaza.
Selon les témoignages reçus par Euro-Med Monitor, des groupes de dix à vingt civils israéliens à la fois ont été autorisés à regarder et à filmer, en riant, des prisonniers et des détenus palestiniens en sous-vêtements pendant que des soldats de l’armée israélienne les soumettait à des violences physiques et verbales, notamment en les frappant avec des matraques métalliques et des bâtons électriques, en leur versant de l’eau brûlante sur la tête et en les insultant.
C’est la première fois que ces pratiques illégales sont portées à l’attention d’Euro-Med Monitor. C’est un nouveau crime qui s’ajoute à la liste de ceux commis par l’armée israélienne contre les Palestiniens de la bande de Gaza, et plus particulièrement contre les prisonniers et les détenus qui sont soumis à des tortures cruelles, à des disparitions forcées, à des arrestations arbitraires et au refus d’un procès équitable, entre autres atrocités.
Le Palestinien Omar Abu Mudallala, 43 ans, a déclaré à l’équipe du Moniteur Euro-Med : « J’ai été arrêté au poste de contrôle installé près du rond-point de Koweït, qui sépare la ville de Gaza de la région centrale, dans le cadre des campagnes israéliennes d’arrestations aléatoires. J’ai été soumis à toutes sortes de tortures et d’abus pendant environ 52 jours », soulignant que les soldats israéliens « ont amené des civils israéliens pour assister à la torture de nos corps dénudés ».
Abu Mudallala a ajouté : « L’armée israélienne a fait entrer des groupes de civils israéliens dans nos centres de détention et, tout en nous battant, les soldats leur disaient : ‘Ce sont des terroristes du Hamas qui vous ont tués et qui ont violé vos femmes le 7 octobre’, et les civils israéliens nous filmaient tout en se moquant de nous, pendant qu’on nous tabassait, violentait et torturait. »
« Cela s’est produit cinq fois pendant ma détention. La première fois, c’était à Barkasat Zikim, où nous avions les yeux bandés. Cependant, l’un des détenus qui parle hébreu nous a dit que les soldats parlaient avec des civils israéliens et leur disaient que nous étions des combattants armés. Les quatre autres incidents ont eu lieu dans le centre de détention du Néguev, où des groupes israéliens successifs ont été amenés à l’intérieur de tentes pour assister aux tortures et filmer les différentes formes de violence auxquelles nous étions soumis, et ils nous interdisaient de leur parler ou d’interagir avec eux. Comme nous ne portions pas de bandeau à l’époque, je les ai vus quatre fois de mes propres yeux ».
Abu Mudallala a ajouté : « L’un des détenus qui parle hébreu a essayé d’expliquer aux civils israéliens que nous étions des civils et que nous n’avions rien à voir avec les activités militaires. Cela n’a servi à rien mais sa tentative lui a néanmoins valu d’être soumis à de graves tortures psychologiques et physiques. C’est absolument honteux de faire venir des citoyens israéliens pour qu’ils filment les tortures qui nous sont infligées au prétexte mensonger que nous sommes impliqués dans des meurtres et des viols ».
D.H., 42 ans, a également déclaré à Euro-Med Monitor : « Des civils israéliens ont été amenés pour assister aux violences et aux tortures que nous avons subies. Ces Israéliens amenaient parfois leurs chiens avec eux pour qu’ils aboient sur nous. Ils ont également pris des photos de nous et les ont postées sur des applications de médias sociaux, en particulier ‘TikTok’, et les soldats eux-mêmes ont fait pareil ».
Euro-Med Monitor a été surpris par l’énormité du mensonge répété par l’armée, selon lequel les civils palestiniens torturés devant des civils israéliens étaient des combattants impliqués dans l’attaque du 7 octobre, alors même que leur libération ultérieure prouve à l’envie que les accusations étaient entièrement fausses et qu’il s’agit en fait de se venger des Palestiniens en les maltraitant et en les humiliant.
Selon Euro-Med Monitor, les tortures et les traitements inhumains infligés par l’armée israélienne aux prisonniers et aux détenus palestiniens sont illégaux au regard du Statut de Rome et constituent des crimes contre l’humanité.
Le fait que l’armée fasse de ces abus un spectacle divertissant pour les civils israéliens et que ces derniers le photographient et le filment constitue une grave violation de la dignité des victimes palestiniennes, entre autres crimes de guerre.
Selon Euro-Med Monitor, inviter de civils israéliens dans les centres d’arrestation et de détention, leur offrir le spectacle de la torture des détenus palestiniens, et les laisser documenter ces pratiques inhumaines sur leurs téléphones personnels aura de graves conséquences.
Ce sont des pratiques vengeresses sur fond de propagande frénétique, d’extrémisme enragé et d’incitation monstrueuse à la haine qui ont pour but d’enflammer l’opinion publique israélienne et de pousser les Israéliens à commettre davantage de crimes contre les Palestiniens, davantage de violations de leurs droits.
L’Observatoire Euro-Med des droits de l’homme affirme que la grande majorité des personnes arrêtées dans la bande de Gaza ont été soumises à une détention arbitraire sans être inculpées ni traduites en justice, et qu’aucune mesure légale n’a été prise à leur encontre. Elles n’ont pas droit à un procès équitable, elles subissent des tortures et des violences inhumaines et même disparaissent.
Euro-Med Monitor demande au Comité international de la Croix-Rouge d’inspecter les centres de détention et les prisons israéliennes où se trouvent des prisonniers et des détenus palestiniens, d’enquêter sur les horribles violations et crimes dont ils sont victimes, et de faire toute la lumière sur les abus qu’ils subissent dans les plus brefs délais.
En outre, Euro-Med Monitor affirme que les pratiques israéliennes à l’encontre des détenus palestiniens constituent des violations flagrantes des conventions et normes internationales, en particulier de la quatrième Convention de Genève de 1949, qui interdit à une autorité occupante de transférer des prisonniers du territoire occupé vers des centres de détention situés sur son territoire, ainsi que de torturer, violenter ou humilier les personnes détenues de quelque manière que ce soit.
Auteur : EuroMed Monitor
* L'Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme est une organisation indépendante à but non lucratif dirigée par des jeunes qui défend les droits humains de toutes les personnes à travers l'Europe et la région MENA, en particulier celles qui vivent sous occupation, en proie à la guerre ou à des troubles politiques et/ou ont été déplacés en raison de persécutions ou de conflits armés.
12 février 2024 – EuroMed Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet