Nous revenons ici sur l’incident qui a eu lieu le 7 février dernier lors du conseil municipal de Prades-le-Lez (34). A cette occasion, un élu de la majorité « écologiste » avait tenu des propos à caractère raciste en évoquant le génocide en cours à Gaza, à savoir que « comme au temps du nazisme, toutes les victimes ne se valent pas ».
Suite à ce qui s’apparente clairement à une incitation à la haine raciale, une lettre de protestation du MRAP local est parvenue à la mairie, faisant part de sa réaction sur la teneur des propos tenus, mais exigeant aussi que les délégations de l’élu impliqué lui soient retirées sans délai [courrier que l’on peut lire en bas de page].
France : invisibilisation de la Palestine et défense en public du génocide
Il est effectivement difficile de concevoir que la municipalité de Prades-le-Lez reste représentée dans le domaine de la culture et de ses relations extérieures, par un élu tenant publiquement des propos discriminatoires et diffamatoires.
Les suites
Il est choquant que ce courrier du MRAP soit resté sans aucune réponse ni même réaction officielle de la part de la mairie, qui clairement « fait le gros dos » en espérant que l’incident soit vite oublié.
Mais plus grave encore, est le fait que l’élu ayant tenu les propos racistes se soit vu octroyé un temps de parole lors du conseil municipal qui a suivi, le 27 mars, la mairie accordant en effet à l’individu mis en cause un « droit de réponse » que vous trouverez à cette adresse [c’est à compter de la minute 9 qu’il faut écouter].
Il est difficile d’aller au bout de l’audition, car c’est un chef-d’œuvre de « coupage de cheveux en quatre », de confusion, d’égocentrisme, et aussi de propagande sous couvert d’explications. Faire référence au « nazisme » quand il est question de la résistance palestinienne, et à « une crise humanitaire » lorsqu’il est question d’une population assiégée que l’on pilonne et que l’on affame, est typique de l’actuel discours pro-israélien, tel que trop souvent repris par des médias et des responsables politiques qui jouent le rôle de sténographes des communiqués de l’armée israélienne.
Il faut relever qu’il n’y a aucune rétraction claire des propos tenus, les réactions négatives étant le fait « d’incompréhension » et de manque de temps pour « développer ». Le tout se concluant par une victimisation, avec un étalage de postures diverses qui n’engagent à rien, puisque le génocide en cours n’est ni mentionné et donc encore moins condamné.
Pour la petite histoire, il semblerait que cette « réponse » a été mise au point et validée par la mairie elle-même, qui espérait ainsi classer l’affaire. C’est pitoyable.
Le MRAP a également élevé une protestation auprès des élus d’opposition « les Citoyens » à l’origine du courrier dans le journal municipal qui a permis que l’affaire soit connue. En effet leur réaction est toujours restée très faible et très en retrait du niveau de protestation souhaité. Mais ce courrier du MRAP est resté lui aussi sans réponse.
Un terreau favorable
L’absence à nouveau remarquable de la moindre réaction de l’ensemble des élus (véritable musée Grévin local) pourrait prêter à rire si elle n’était pas l’expression d’une réalité bien regrettable. Aujourd’hui, la pression qui s’exerce sur toute analyse ou tout propos sortant du discours convenu à l’égard du génocide en cours à Gaza, fait qu’il devient plus simple de se taire et d’occulter le sujet.
Mais ce type de comportement s’appuie aussi sur un état d’esprit général qui fait d’une attaque verbale et publique contre les Palestiniens – et par extension contre une population arabe et musulmane – un fait pas si grave que cela, permettant une explication/justification à posteriori, et toujours en public et dans les mêmes circonstances.
Imaginons un seul instant qu’un élu ait tenu des propos antisémites… Il est alors difficile d’imaginer une telle complaisance et un tapis rouge comme celui qui a été déroulé lors du conseil municipal suivant. Mais il est vrai que déshumaniser les Palestiniens ne portent généralement pas à conséquence… contrairement à d’autres expressions de racisme.
Auteur : Palestine Chronicle
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4 avril 2024 – Chronique de Palestine