Par Abdallah Aljamal
Hisham, Mohammed et Ahmed sont trois Palestiniens âgés originaires de différentes parties de la bande de Gaza. Ils ont un message à adresser au monde.
Outre les bombardements intenses, les frappes incessantes et les tirs d’artillerie, Israël a utilisé la famine des civils comme méthode de guerre dans la bande de Gaza.
Les responsables israéliens ont à plusieurs reprises fait des déclarations publiques sur leur politique consistant à priver les civils de Gaza de nourriture, d’eau et de carburant.
Le 6 mai, les forces terrestres israéliennes ont avancé à l’est de Rafah, soutenues par des tirs d’artillerie et des frappes aériennes, et ont pris le contrôle du point de passage de Rafah entre Gaza et l’Egypte.
Cela a aggravé le flux déjà insuffisant de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, aggravant la crise.
The Palestine Chronicle s’est entretenu avec trois habitants âgés de la bande de Gaza, qui ont décrit les conditions terribles dans lesquelles vivent ceux qui souffrent de la faim à Gaza.
De nouvelles façons de mourir
« Depuis le début de la guerre israélienne contre la bande de Gaza, il y a près de huit mois, nous dépendons de l’aide alimentaire que nous recevons de l’UNRWA (Agence des Nations unies pour les réfugiés – PC) et de quelques autres organisations », a déclaré Hisham Abu Ghazi, un homme âgé de 88 ans, à The Palestine Chronicle.
Abu Ghazi nous a expliqué que l’aide est très limitée et insuffisante, mais « nous nous sommes adaptés en mangeant très peu ».
Cependant, depuis que l’armée israélienne a fermé les points de passage de Rafah et de Karm Abu Salem, les souffrances se sont considérablement accrues.
« Nous sortons très tôt le matin pour chercher de la nourriture. Nous faisons de longues queues devant les cuisines des associations caritatives, mais la plupart du temps, nous ne trouvons rien à manger », explique Abu Ghazi.
Abu Ghazi a fui la ville de Gaza il y a sept mois et vit désormais avec ses enfants et ses petits-enfants dans une école de l’UNRWA accueillant des Palestiniens déplacés dans Rafah
« Nous pensons que si nous ne mourons pas à cause des roquettes israéliennes, nous mourrons de faim », nous a-t-il dit.
Où devrions-nous aller ?
Mohammed Qarmout a 90 ans. Il est réfugié avec ses enfants et ses petits-enfants dans une école de l’UNRWA à Gaza.
« Nous avons beaucoup souffert pendant le déplacement. Nous avons déménagé dans le camp de Nuseirat, au centre de Gaza, puis dans la ville de Khan Yunis, et enfin dans la ville de Rafah », nous raconte-t-il.
« Aujourd’hui, nous sommes menacés d’expulsion de la ville de Rafah après le début de l’opération militaire israélienne. Nous ne savons pas où nous irons. »
Qarmout a expliqué qu’ils avaient l’habitude de recevoir un petit panier de nourriture toutes les semaines ou tous les dix jours de la part de l’UNRWA, mais maintenant que l’occupation a complètement fermé les points de passage, aucune aide n’est entrée dans la bande depuis une semaine entière.
« La nourriture commence à manquer. Nous ne savons pas ce que nous allons manger ni comment nous allons nourrir nos enfants », a-t-il déclaré.dit-il.
« Depuis le début de la guerre, nous nous sommes habitués à ne prendre qu’un seul repas par jour. Nos enfants ne peuvent pas s’habituer à cette vie difficile et le danger de la famine nous suit où que nous allions ».
La faim comme arme
Ahmed Abu al-Khair a 87 ans. Il a fui avec sa famille le camp de Shati, à l’ouest de la ville de Gaza, au début de la guerre.
« Nous avons déménagé dans des camps au centre de la bande de Gaza, puis dans la ville de Khan Yunis, et maintenant nous vivons dans des tentes pour personnes déplacées », a-t-il déclaré à The Palestine Chronicle.
« Nous avons été la cible de frappes aériennes partout où nous sommes allés, et la faim nous a suivis partout où nous avons fui », a poursuivi Abu al-Khair.
« L’aide humanitaire doit entrer immédiatement dans la bande de Gaza et l’occupation doit cesser immédiatement d’utiliser la faim comme une arme dans la guerre qu’elle mène contre Gaza. Nous sommes menacés d’extermination par les roquettes israéliennes, et nous sommes menacés d’extermination par la faim en raison de la politique délibérée de l’occupation à l’encontre de tous les habitants de Gaza ».
Abu al-Khair nous dit que « tous les pays et les Nations Unies doivent faire pression sur l’occupation pour qu’elle ouvre immédiatement le point de passage de Rafah ».
« Nous avons besoin de nourriture pour survivre. Nous avons perdu beaucoup de poids et la guerre a provoqué de nombreuses maladies. »
L’homme de 87 ans a déclaré que son rêve était de retourner chez lui et d’avoir trois repas par jour. Il a également exprimé son espoir qu’Israël n’envahisse pas la ville de Rafah.
« Nous avons enduré le fait de vivre dans des tentes de secours pour protéger la vie de nos enfants, et maintenant nous sommes à nouveau menacés. Il faut empêcher l’occupation d’entrer dans les zones résidentielles de la ville de Rafah », a-t-il réaffirmé.
Auteur : Abdallah Aljamal
* Abdallah Aljamal est un journaliste basé à Gaza. Il contribue à The Palestine Chronicle depuis la bande de Gaza.Abdallah a été assassiné avec toute sa famille le 8 juin 2024 lors du massacre israélien de Nuseirat.
14 mai 2024 – The Palestine Chronicle – Traduction : Chronique de Palestine