La Cour suprême de justice à Ramallah a ordonné ce jeudi la libération des six Palestiniens qui avaient été incarcérés sans inculpation par l’Autorité palestinienne (AP) depuis plus de cinq mois.
Basil al-Araj, 33 ans, Mohammed Harb, 23 ans, Haitham Siyaj, 29 ans, Mohammed al-Salamen, 19 ans, Ali Dar al-Cheikh, 21 ans, et Seif al-Idrissi, 26 ans, ont tous été emprisonnés par les services de renseignement de l’Autorité palestinienne depuis fin mars et début avril 2016.
Recours à la grève de la faim
Les six prisonniers ont lancé une grève de la faim entre le 28 août et le 6 septembre pour protester contre leur détention illégale. Après avoir été détenus plus de cinq mois sans accusations portées contre eux, le tribunal d’instance a publié mardi une liste de charges et les hommes ont suspendu leur grèves de la faim.
L’affaire a suscité des protestations de solidarité et la demande de leur libération immédiate en même temps que l’on apprenait que les détenus avaient été torturés, et la coordination répressive entre l’Autorité palestinienne et Israël a été largement condamnée à la suite de leur arrestation.
Selon Samidoun, le Réseau de Solidarité avec les Prisonniers, des centaines de personnes ont signé une pétition internationale demandant leur libération, alors que beaucoup d’autres téléphoné et écrit aux ambassades palestiniennes locales pour demander la libération des six.
Al-Araj, Harb, et al-Siyaj ont été arrêtés le 10 avril alors qu’ils marchaient près de Ramallah. Les trois jeunes hommes avaient été signalés par leurs familles comme ayant disparu depuis dix jours.
Alors que les rapports initiaux disaient que les trois prisonniers devaient juste être interrogés par la sécurité de l’AP avant d’être rendus à leurs familles, la police a prétendu plus tard qu’ils avaient été retrouvés en possession d’armes, de grenades à main et d’équipement de camping, prétendument pour être utilisés dans une future attaque contre des Israéliens.
Les trois autres prisonniers, al-Salamen, Dar al-Cheikh, et Idrissi, ont été incarcérés dans la même période.
La collaboration répressive de l’AP avec l’occupant, largement condamnée et dénoncée
Les critiques ont mis en évidence que cette dernière affaire marque une nouvelle escalade de la « coordination répressive » de l’AP avec Israël, dans ce qui a été dénoncé comme une « politique de la porte tournante » pour canaliser les Palestiniens depuis les prisons de l’AP jusqu’aux prisons israéliennes.
Depuis des années, la politique d’Israël consistant à détenir administrativement des Palestiniens sans inculpation ni jugement en vertu de preuves non divulguées, a été condamnée par des organismes internationaux et des groupes de défense des droits de l’homme. Dans le cas des prisonniers de l’Autorité palestinienne, l’ONG Euro-Mediterranean Human Rights Monitor (EMHRM) basée à Genève a souligné dans un communiqué publié vendredi qu’une telle politique était illégale en vertu de la loi palestinienne.
Un tribunal palestinien a prolongé la détention provisoire des six détenus trois fois depuis mai sous prétexte que les enquêtes étaient toujours en cours. Le tribunal avait refusé de les libérer en disant que le fait de les libérer nuirait à la sécurité publique, reprenant à son compte les justifications israéliennes pour la détention administrative.
Pendant ce temps, les services de sécurité palestiniens ont prétendu qu’ils détenaient les jeunes gens pour « les protéger contre la détention par les forces israéliennes », selon EMHRM.
Les deux organisations, Euro-Mediterranean Human Rights Monitor et Addameer ont rapporté que les six prisonniers avaient été « sévèrement torturés » et maltraités par les agents dans le centre de détention de Beitunia – en disant qu’ils étaient « soumis à différentes formes de mauvais traitements, y compris rester assis dans des positions de stress, la privation de sommeil, l’interrogatoire pendant des heures et des heures en étant battus sur tout le corps, les insultes, et le refus de pouvoir se servir de toilettes. »
9 septembre 2016 – Ma’an News