Par Samidoun
L’avocate et militante palestinienne Shireen Issawi a été condamnée par l’occupant à quatre ans de prison ce lundi 7 mars, et son frère Medhat Issawi à huit ans lors de la même audience à Jérusalem.
Leurs audiences avaient été reportées à plusieurs reprises. Les deux condamnés sont déjà emprisonnés depuis deux ans.
Shireen Issawi, une avocate palestinienne et militante pour la défense des droits, s’est fait connaître à l’échelle internationale alors qu’elle était porte-parole de la campagne pour soutenir son frère, Samer Issawi, au cours de sa longue grève de la faim en 2012 et 2013. Samer avait tout d’abord retrouvé sa liberté dans le cadre de l’’échange de dit de Wafa al-Ahrar en 2011 avec la résistance palestinienne. Il s’était retrouvé emprisonné après avoir été accusé d’avoir dépassé les limites municipales de Jérusalem et ainsi violé une des conditions de sa libération.
Après avoir gagné sa liberté – grâce à sa grève de la faim – en 2013, il a été arrêté à nouveau en juin 2014 avec des dizaines d’ex-prisonniers, et a vu sa peine initiale de prison de 26 ans réimposée. La libération de tous ces Palestiniens ré-emprisonnés est une revendication majeure des forces politiques palestiniennes.
Shireen, âgée de 34 ans et Medhat, âgé de 40 ans, ont été accusés de communiquer et fournir des fonds aux prisonniers palestiniens qu’ils représentaient dans le cadre de leur activité juridique à travers le Al-Quds Office for Legal and Commercial Affairs, une organisation privée qui gère les liaisons entre les familles – les visites étant souvent refusées – et les prisonniers palestiniens, et entre des avocats israéliens et des prisonniers palestiniens. Cette organisation transfère aussi de l’argent aux détenus, au nom de leurs familles.
Les Issawis sont Jérusalémites – des résidents palestiniens de Jérusalem dont les cartes d’identité leur permettent de se déplacer plus librement dans toute la Palestine et de visiter les prisonniers palestiniens.
En raison des lois israéliennes qui déclarent tous les partis politiques palestiniens à « organisations interdites » et la communication – même avec les membres de la famille – dans ces organisations comme « coordination avec » ou « soutien » des organisations interdites, Shireen, Medhat, et d’autres avocats et professionnels juridiques ont été perquisitionnés, espionnés, et emprisonnés, accusés de mener à bien des activités [interdites par l’occupant].
Font partie de ces activités interdites des choses aussi simples que transmettre aux prisonniers des messages de membres de la famille interdits de visite et de déposer de l’argent dans leur « cantine » (magasin de la prison pour la vente de biens aux détenus palestiniens) sur des comptes à leur nom. Ces juristes palestiniens ont été accusés de soutien aux « organisations interdites » – les partis politiques palestiniens, dont le Hamas, le Jihad islamique, le Front populaire pour la libération de la Palestine et d’autres – dont leurs clients étaient membres.
Shireen a été arrêtée le 7 mars 2014 et son frère Medhat une semaine plus tard, le 13 mars 2014. Medhat avait déjà purgé une peine de 20 ans dans les prisons israéliennes, tandis que Shireen avait été placée en résidence surveillée et s’est vue privée du droit de pratiquer son métier d’avocate pendant une année – encore une fois, pour avoir soutenu les prisonniers palestiniens.
Les Issawis ne sont pas les seuls avocats palestiniens et autres professionnels du droit ainsi ciblés, et Amjad Safadi, âgé de 39 ans et aussi avocat palestinien jérusalémite, a subi 50 jours d’interrogatoire au centre de détention Moskobiyeh. Cinq jours après sa libération, il se serait lui-même pendu dans sa maison familiale à Jérusalem, le 29 avril 2014.
Il avait été arrêté le 6 mars, en même temps que cinq autres avocats, sous des accusations similaires à celles des Issawis.
Shireen et Medhat ont reçu un soutien international – le Barreau de l’Angleterre et du Pays de Galles a appelé à leur libération, et la Fondation Alkarama a attribué en 2014 à Shireen un prix pour la défense des droits humains.
7 mars 2016 – Samidoun