Par Iqbal Jassat
Ou pour le dire plus crûment: qui serait assez cruel pour affirmer que cette atroce guerre intestine doit continuer, au prix des insupportables souffrances des Syriens ?
Eh bien, croyez-le ou non, il y a des scélérats assez endurcis pour préconiser la poursuite de politiques d’une scandaleuse inhumanité. Il y en a eu même un qui n’a éprouvé aucune honte à le clamer en public, et qui cela peut-il être sinon Benjamin Netanyahu, le criminel israélien d’extrême-droite ?
Bien qu’il paraisse évident que toute personne sensée chercherait à mettre rapidement fin aux conséquences catastrophiques de cette guerre épouvantable, et à revenir à la normale, Netanyahu fait le contraire.
Dans un entretien avec des journalistes, après sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron à Paris, Netanyahu a indiqué qu’Israël s’opposait à l’accord de cessez-le-feu dans le sud de la Syrie que la Russie et les États-Unis ont signé.
Il a souligné que, lors de sa rencontre avec Macron, il a dit au président français qu’Israël était totalement opposé au plan de cessez-le-feu. Et la raison qu’il a avancée pour justifier son point de vue criminel, c’est que le cessez-le-feu renforcera la présence de l’Iran en Syrie.
N’ayant pas réussi à obtenir le soutien de l’administration Obama pour déclarer la guerre à l’Iran sous prétexte que Téhéran construirait une bombe nucléaire, Netanyahu se remet à brandir la peur. Cette fois, l’alarme qu’il sonne a pour but spécifique de persuader l’Occident de rejeter l’accord de cessez-le-feu.
Pour ce faire, il affirme que l’Iran envoie d’importantes forces militaires, et installe une base aérienne pour les avions iraniens et une base navale pour la marine iranienne (en Syrie, ndt).
Le véritable problème des Israéliens est qu’ils ne réussissent pas à renverser le régime d’Assad malgré leur bombardement régulier des troupes gouvernementales et leur armement et leur financement des groupes rebelles. C’est une défaite qu’Israël s’efforce d’inverser à tout prix.
Netanyahou voulait une Syrie dépouillée de sa souveraineté et coupée en morceaux pour affaiblir son ennemi le Hezbollah : il a échoué.
La question du plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1967, revient hanter Netanyahu. Et l’avenir semble sombre en ce qui concerne le Golan. Il semble peu probable que l’administration Trump se décide à prendre le contrôle du Golan pour appliquer l’accord de cessez-le-feu. D’autre part, les Israéliens hésitent à compter sur le contrôle du Golan par la Russie, car ils ne sont pas sûrs que Poutine empêcherait l’Iran d’accéder au Golan.
Les Israéliens proches de Netanyahu ou de son ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, crient leur frustration. Les menaces de torpiller le cessez-le-feu font sûrement plaisir aux faucons d’Israël, mais elles ne réjouiront sans doute pas Trump.
En plus d’avoir à éteindre les feux allumés par ses tweets capricieux, Trump a les mains pleines. Il faudrait annuler le cessez-le-feu pour satisfaire les israéliens. Cela placerait son administration en opposition frontale à la Russie, une position périlleuse qui ne resterait pas sans conséquence.
Alors, que peut faire Netanyahu ? En plus de se mordre les lèvres, il fera ce qu’il a toujours fait : de nouveaux crimes de guerre en sabotant le cessez-le-feu.
Lieberman a, en effet, réaffirmé qu’Israël ne prenait pas part à l’accord de cessez-le-feu et il a insisté sur le fait que son armée conservait le droit d’opérer librement. C’est un langage codé pour dire que les rebelles qui bénéficient actuellement de l’aide israélienne qui, selon The Wall Street Journal, comprend des armes et des munitions, pourront et seront manipulés par Israël pour attaquer les forces d’Assad.
Les Israéliens pensent que la seule solution, pour que leur flanc nord-est soit débarrassé du Hezbollah et de l’Iran, est une Syrie en miettes, une Syrie dépeuplée et démilitarisée.
L’opposition de Netanyahu au cessez-le-feu a pour corollaire évident l’aggravation de la crise humanitaire.
En résumé, pour qu’Israël survive en tant qu’entité coloniale, la Syrie doit demeurer dans une situation de conflit perpétuel.
Auteur : Iqbal Jassat
* Iqbal Jassat est un écrivain admiré, un analyste et commentateur et l'un des fondateurs du Media Revue Network. Ses analyses sont présentées régulièrement dans les médias alternatifs à travers le monde.
17 juillet 2017 – The Palestine Chronicle – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet