L’État génocidaire se casse les dents sur la résistance libanaise

Les médias militaires de la Résistance islamique au Liban ont diffusé des images de leur opération visant l'avant-poste militaire de Ramim des forces d'occupation israéliennes, le long de la frontière sud du Liban.

Par Qassam Muaddi

La campagne militaire d’Israël au Sud-Liban est en train de partir en capilotade. Alors qu’Israël est à court d’options, les États-Unis s’efforcent de trouver un moyen de sortir son obligé du bourbier libanais, notamment en agitant le hochet d’un possible cessez-le-feu à Gaza.

« Tous les objectifs ne peuvent pas être atteints par des moyens militaires ». C’est ce qu’a déclaré le 28 octobre le ministre israélien de la guerre, Yoav Gallant, à propos de la guerre d’Israël contre le Liban. « Des compromis douloureux devront être faits », a-t-il ajouté.

Les commentaires de Gallant ont été diffusés alors que des rapports israéliens faisaient état d’un accord possible pour mettre fin à la guerre au Liban, rédigé par l’envoyé américain Amos Hochstein.

Cependant, mercredi, le nouveau secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naim Qassem, a déclaré dans son discours d’investiture que les discussions sur un accord potentiel étaient « du bruit sans résultat ».

M. Qassem a insisté sur le fait que la position du Hezbollah consistait à instaurer d’abord un cessez-le-feu, puis à négocier les détails d’un accord durable.

Il y a près d’un mois, la rhétorique de Gallant était bien différente… Le ministre de la guerre se vantait alors qu’Israël ait, selon ses termes, « détruit la plupart des infrastructures du Hezbollah », s’engageant à ne pas arrêter la guerre jusqu’à la « destruction totale » du groupe de résistance libanais.

À l’époque, Israël avait assassiné plusieurs hauts responsables militaires et politiques du Hezbollah, dont son emblématique secrétaire général Hasan Nasrallah, à la suite de l’explosion de téléavertisseurs et d’attaques électroniques à la mi-septembre.

Pour donner un répit à l’État génocidaire face à la résistance, Blinken fait usage de ses ruses habituelles

Israël était au comble de l’euphorie, ce qui lui a donné la confiance nécessaire pour intensifier ses attaques et lancer une invasion terrestre. Il y a dix jours encore, Gallant déclarait qu’Israël était passé de « la phase de défaite du Hezbollah à celle de sa destruction ».

Mais le ton de Gallant allait changer en quelques jours.

Dans l’intervalle, le Hezbollah s’est regroupé et a redoublé d’efforts militaires pour repousser l’assaut israélien. Au lieu de s’effondrer après l’assassinat de tout son échelon militaire supérieur, les tirs de roquettes en provenance du Liban ont gagné en intensité et en capacité de destruction, remettant en cause les affirmations israéliennes selon lesquelles la majorité de l’arsenal du Hezbollah avait été détruit ou mis hors d’état de nuire.

Haïfa a été la cible de tirs, de même qu’Akka et la banlieue nord de Tel Aviv. La résidence du Premier ministre Netanyahu à Césarée a également été touchée par un drone alors qu’il était absent de son domicile.

Israël a commencé son invasion terrestre du Liban au cours de la première semaine d’octobre, avec pour objectif officiel de vider le Sud-Liban de la présence du Hezbollah et de créer une zone tampon qui pourrait s’étendre jusqu’au fleuve Litani.

Pendant des semaines, les combats ont à peine dépassé ces mêmes zones, se concentrant principalement autour des villages d’Idaiseh et de Kufr Kila dans le bloc oriental du sud, des villages de Yaroun, Rmeish et Aita al-Sha’ab dans le bloc central, et des villages de Ramia, Marwahin, Deheira et Naqoura dans le bloc occidental.

C’est dans le bloc occidental que les forces israéliennes ont d’abord tenté de s’abriter des tirs du Hezbollah derrière les forces internationales de maintien de la paix, avant d’ouvrir le feu sur elles.

Bien qu’Israël ait bombardé plusieurs villages et villes frontaliers libanais et même atteint plusieurs tunnels militaires près de la frontière, ses soldats ont continué à essuyer des tirs et à subir de lourdes pertes de part et d’autre de la ligne bleue.

En début de semaine, l’armée israélienne a admis la mort de 15 soldats, dont des officiers, et la blessure de 60 autres en l’espace de 48 heures.

Le Hezbollah, quant à lui, affirme que ses combattants ont exécuté pas moins de 90 soldats et officiers israéliens et en ont blessé plus de 600 depuis le début de l’invasion terrestre du Sud-Liban par Israël.

Dans le « hachoir à viande »

Ce que les responsables militaires israéliens commencent à comprendre, selon le quotidien israélien Haaretz, c’est que les opérations au Liban ont déjà échoué. Les prolonger ne ferait qu’augmenter le nombre de victimes.

Face à cette situation apparemment gelée, certaines voix au sein de l’armée israélienne ont commencé à faire pression pour parvenir à un « accord politique » afin d’éviter que l’offensive au Liban ne se termine en catastrophe, ce qui reviendrait à répéter la guerre de 2006 avec le Hezbollah.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les commentaires de l’envoyé américain Amos Hochstein. L’ancien soudard israélien devenu « diplomate » américain a déclaré à l’État libanais qu’il ne devait pas permettre au Hezbollah de lier le sort du Liban à « d’autres conflits dans la région », en référence à l’insistance du Hezbollah à maintenir un « front de soutien » à Gaza jusqu’à ce qu’Israël mette un terme à sa guerre génocidaire.

Juste avant l’arrivée de Hochstein, Israël avait remis aux États-Unis un document énonçant ses conditions pour un cessez-le-feu avec le Liban. Il s’agissait notamment de permettre à Israël d’opérer librement sur le territoire et dans l’espace aérien libanais à tout moment dans le futur.

Le gouvernement libanais, représenté par le Premier ministre Najib Miqati et le président du Parlement Nabih Berri (que le Hezbollah a délégué pour négocier en son nom), a rejeté la proposition.

Avant la visite de Hochstein dans la région, les médias israéliens ont fait état d’un accord possible qui conduirait à la cessation des hostilités. Selon Axios, la proposition était basée sur une version modifiée de la résolution 1701 des Nations unies, qui a mis fin à la guerre d’Israël contre le Liban en 2006.

La proposition, selon Axios, stipule qu’il y aurait une annonce de cessez-le-feu suivie de 60 jours d’arrêt des combats. Pendant cette période, le Hezbollah retirerait les parties lourdes de son armement au nord du Litani, tandis qu’Israël retirerait progressivement ses troupes derrière la ligne bleue. Cette mesure serait suivie par le déploiement de 8000 soldats de l’armée libanaise le long de la frontière.

Le rapport d’Axios indique que les États-Unis pensent que le Hezbollah, après avoir reçu un coup sévère suite à l’assassinat de ses principaux dirigeants, pourrait être persuadé de mettre fin à ses opérations contre Israël et de renoncer à son soutien à Gaza.

Il semble que les alliés occidentaux d’Israël soient généralement de cet avis. Il y a une semaine, la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a déclaré lors d’une visite à Beyrouth qu’elle pensait qu’Israël avait « réussi à affaiblir considérablement » le Hezbollah.

Quelques jours avant sa visite à Beyrouth, Mme Baerbock avait publiquement justifié les bombardements israéliens sur les civils à Gaza et au Liban « pour se défendre ».

Au milieu de cette rhétorique contradictoire et de l’aveu même de l’armée israélienne de son incapacité à atteindre les objectifs d’Israël par des moyens militaires, les démarches diplomatiques se poursuivent pour trouver une issue au bourbier libanais, notamment en ravivant l’espoir d’un cessez-le-feu à Gaza.

Dimanche, le chef du Mossad israélien est arrivé au Qatar pour rencontrer le chef de la CIA et le ministre des affaires étrangères du Qatar afin de discuter de la relance d’un cessez-le-feu à Gaza.

Mercredi, le porte-parole du ministère des affaires étrangères du Qatar, Majed al-Ansari, a déclaré que des « progrès avaient été réalisés » en vue d’un cessez-le-feu à Gaza.

Axios a rapporté que William Burns, de la CIA, était en train de rédiger une proposition qui inclurait un cessez-le-feu d’un mois et la libération de huit prisonniers israéliens par le Hamas en échange de la libération par Israël de dizaines de prisonniers palestiniens.

Cette proposition n’aborde pas les questions clés qui ont conduit à l’échec des précédents pourparlers de cessez-le-feu, à savoir le refus d’Israël de quitter les corridors occupés de Philadelphie et de Netzarim et son refus de mettre définitivement fin à la guerre.

Cependant, la tentative de relance des pourparlers indique la nécessité de parvenir à un accord, qui rendrait possible un accord permanent avec le Hezbollah.

La course contre la montre de Netanyahu

Entre-temps, Naim Qassem a réaffirmé jeudi que le mouvement avait reconstruit sa structure de commandement et de contrôle et que ses capacités de combat étaient intactes, réfutant les attentes de Hochstein selon lesquelles le Hezbollah est prêt à se replier.

La position du Hezbollah accroît également la difficulté de la course contre la montre de Netanyahu.

D’une part, le Premier ministre israélien se rend compte que son pari de briser la résistance libanaise a échoué et que son armée lui dit qu’il est temps de trouver des solutions politiques. D’autre part, il sait que le prochain vote aux États-Unis, quel que soit le vainqueur, libérera l’administration américaine entrante de ses calculs électoraux et lui permettra d’insister davantage pour mettre fin à la guerre sur les deux fronts – au Liban et à Gaza.

Cela pourrait expliquer les instructions données mercredi par Gallant aux troupes israéliennes à Gaza pour qu’elles exercent « la plus grande pression militaire possible afin de libérer les otages ».

Ces instructions ont coïncidé avec la poursuite de l’assaut brutal d’Israël sur le nord de la bande de Gaza, les forces israéliennes se précipitant pour achever la destruction de tous les fondements de la vie à Jabalia, Beit Lahia et Beit Hanoun, dans le but d’expulser le plus grand nombre possible de Palestiniens.

Un mois après le début de l’offensive israélienne sur le Liban, Netanyahu s’est présenté devant l’ONU et a prétendu qu’il était en train d’instaurer un « nouveau Moyen-Orient ». La perspective de mettre fin à la guerre et à l’assaut israélien qui dure depuis un an dans toute la région pourrait donner naissance à un nouveau Moyen-Orient, mais il ressemblera furieusement à l’ancien.

La seule différence sera plus de 43 000 cadavres, des tas de ruines et l’effondrement de « l’ordre international fondé sur des règles ».

1er novembre 2024 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine

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