Par Marie Schwab
« Des missiles de F16 sur des enfants. Je demande à l’occupant s’il y a une personne armée, comme ils le prétendent, parmi ces enfants innocents. Qu’a fait cet enfant ? », interroge Nasser, sur les lieux d’un énième massacre, désignant des dizaines de corps d’enfants.
« Où est le monde ? On donne aux États-Unis le droit de veto contre un cessez-le-feu. Est-ce là le but des États-Unis et de l’occupation ? Qu’a fait ce garçon ? Il est né pendant la guerre ! »
Encore une semaine à verser des larmes de sang. Depuis l’émission des mandats d’arrêt par la CPI, Israël fait déferler une violence inouïe sur les Palestiniens de Gaza – si tant est que des crimes aussi démesurément inhumains soient quantifiables, tout coutumiers d’Israël qu’ils soient. Le message est clair : Israël entend poursuivre la destruction totale de Gaza, l’annihilation d’un peuple, d’une culture, d’une histoire, d’un avenir.
En opposant au droit toujours le même absurde chantage à l’antisémitisme, Israël tente de faire valoir son statut d’éternelle victime – qu’on ne peut blâmer et qui ne peut per se être bourreau. Et ça marche.
Ce statut d’éternelle victime s’accompagne d’un double privilège pour Israël, accordé par ses alliés : le droit de se « défendre », même si le droit international lui dénie explicitement ce droit, en tant que puissance occupante, et l’impunité, même face aux pires crimes : crime de génocide, crimes contre l’humanité, crime d’apartheid, crimes de guerre, atrocités criminelles.
Et peu importe si, sans égalité en regard du droit, la loi n’est plus le droit, mais autre chose : un outil de domination.
La France ne coopérera pas avec la CPI, pas plus qu’elle ne se conforme à l’avis de la CIJ du 19 juillet ni à la résolution de l’ONU du 18 septembre.
Reconnaître que les dirigeants israéliens sont des criminels, reconnaître le génocide, reviendrait à reconnaître la culpabilité de la France en tant que complice de génocide. Et cela ne vaut pas seulement pour l’Etat français, mais aussi pour les médias qui, lorsqu’ils sortent Gaza du black-out qu’ils lui imposent, ne font que relayer les mensonges israéliens.
Honte à la France, qui persiste et signe et choisit le camp de la force et non du droit. Qu’elle y reste, dans ce camp, jusqu’à ce qu’elle soit jugée à son tour.
L’OLP a reconnu Israël en 1993. Le Hamas reconnaît de facto Israël depuis sa Conférence de 2005, et officiellement depuis l’amendement à sa Charte de 2017. En reconnaissant Israël dans les frontières de 1967, les Palestiniens, malgré des décennies de loi martiale et d’occupation militaire, acceptent de se contenter de 22% de la Palestine historique. Rendons-nous compte.
A contrario, quels pays occidentaux reconnaissent la Palestine ? La liste est courte. [1]
Quel pays voit son président assiégé, empoisonné ? Ses députés arrêtés par dizaines ? Les leaders de tous les groupes palestiniens, bien avant la création du Hamas, ont été désignés comme terroristes par l’occupant et assassinés par centaines, souvent dans les capitales d’États souverains : Basil al Kubaisi, du FPLP, à Paris, Khaled Nazzal, du FDLP, à Athènes, Wadih Haddad, du FPLP, à Berlin, Hussein al Bashir, du Fatah, à Nicosie, Ghassan Kanafani, du FPLP, à Beyrouth, Abu Jihad, du Fatah, à Tunis. Pour n’en citer qu’une infime poignée.
Et pourtant, qui a reconnu qui ?
C’est bien le Hamas qui a proposé, à de nombreuses reprises durant des décennies, une tahadi’a, un cessez-le-feu bilatéral de longue durée. [2]
La France soutient Israël dans son occupation illégale, son expansionnisme hors-la-loi. La France soutient Israël dont les bombes ont assassiné plus de 1000 soignants depuis treize mois à Gaza, auxquels s’ajoutent plus de 310 soignants enlevés, torturés et exécutés.
La France soutient Israël qui assassine en masse les civils dans les zones dites sûres : 42% des victimes palestiniennes ont été tuées sur les 11% de territoire désigné comme humanitaire sûr par l’occupant.
La France soutient Israël qui banalise l’assassinat de masse des enfants. 60% des Palestiniens de Gaza ont moins de 16 ans.
La France soutient Israël qui tue par la faim toute une génération d’enfants et a refusé 82 convois d’aide sur 91 ce mois-ci.
Le médecin américain Mohammed Khalil, de retour de Gaza : « Dans le Sud, nous sommes témoins d’un génocide. Dans le Nord, d’un véritable holocauste. »
Je voudrais terminer par une pensée pour les jeunes enfants du Dr. Ahmed al-Kahlout, directeur des soins intensifs à l’hôpital Kamal Adwan, assassiné hier à l’hôpital par l’occupant.
Une pensée pour Alma Jarer, 12 ans, seule survivante d’un massacre qui a assassiné 140 personnes et décimé toute sa famille. « Ce qui me manque le plus, ce sont les câlins de mes parents. C’était si bon d’être dans leurs bras. Quand cette guerre sera finie, je n’aurai nulle part où aller. » (9)
Notes :
[1] La Suède, l’Islande, et plus récemment l’Irlande, l’Espagne et la Norvège
[2] A lire absolument : Abdelaziz Al-Rantissi, Survivre à Gaza, Koutoubia, 2009
Auteur : Marie Schwab
* Marie Schwab milite au Collectif Palestine 12 (Aveyron). Ses textes, lus à l'occasion des rassemblements hebdomadaires dans la ville de Millau, sont « des cris du coeur ! »
30 novembre 2024 – Transmis par l’auteure
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