Gaza : dans leur folie génocidaire, les Israéliens appliquent tous les mots en « cide »

13 décembre 2024 - Des Palestiniens fouillent les décombres à la recherche de victimes après que l'aviation israélienne a pris pour cible une zone résidentielle du camp de Nuseirat à Gaza, tuant 35 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants. Une cinquantaine de personnes restent coincées sous les décombres, et il est très difficile de les en extraire. Les attaques génocidaires d'Israël contre Gaza ont tué au moins 44 758 Palestiniens, et des milliers d'autres sont toujours portés disparus - Photo : Yousef Al-Zanoun / Activestills

Par EuroMed Monitor

Israël multiplie l’utilisation de l’urbicide comme un outil de génocide à Gaza.

La destruction par l’armée israélienne de villes et de quartiers palestiniens entiers dans la bande de Gaza est une manifestation évidente du génocide qu’Israël commet à Gaza depuis 14 mois, et un outil essentiel de sa mise en œuvre.

Ce crime ne s’est pas limité à l’assassinat de dizaines de milliers de Palestiniens ou à la décimation progressive des éléments essentiels à la survie de deux millions de personnes. Il s’est étendu à l’anéantissement complet des villes palestiniennes, à l’effacement de leur tissu architectural et civilisationnel.

Cette destruction systématique vise à effacer l’identité nationale et culturelle palestinienne, à imposer des déplacements forcés permanents, à empêcher les retours, à démanteler les communautés et à éradiquer leur mémoire collective.

Il s’agit d’une tentative délibérée d’éliminer leur existence physique et humaine tout en détruisant leur passé, leur présent et leur avenir.

Les informations recueillies par l’équipe de terrain d’Euro-Med Monitor, ainsi que les témoignages de familles déplacées de force du nord de Gaza, révèlent que l’armée d’occupation israélienne poursuit, depuis son troisième assaut terrestre sur le nord de la bande de Gaza à compter du 5 octobre 2024, une stratégie d’effacement et de destruction généralisée.

Les méthodes employées comprennent la démolition à l’aide de robots et de barils piégés, de bombardements aériens avec des obus destructeurs, de la pose d’explosifs pour la démolition à distance, et la destruction à l’aide d’engins militaires et civils israéliens.

Euro-Med Monitor a méticuleusement examiné les vidéos et les photographies publiées par les soldats israéliens et les plateformes médiatiques. De nombreuses images aériennes confirment l’ampleur des destructions infligées au nord de la bande de Gaza, avec le camp de Jabalia entièrement en ruines, réduit à des tas de décombres et à des rues impraticables.

Des zones entières, dont les blocs 2, 3, 4 et 5, ainsi qu’Al-Alami, Al-Houja, Al-Falluja, Al-Tuwam et la périphérie nord d’Al-Saftawi, ont été complètement anéanties. Des dégâts similaires ont été constatés à Beit Lahia et Beit Hanoun, rendant ces communautés autrefois prospères inhabitables.

Ce type de dévastation démontre qu’il n’est pas militairement nécessaire de procéder ainsi, mais qu’il répond à un objectif délibéré : effacer la présence matérielle et culturelle palestinienne. Il s’agit là d’une grave violation du droit international.

Les actions d’Israël s’inscrivent dans le cadre d’une politique plus vaste d’urbanicide, qui vise non seulement les individus et les biens des Palestiniens, mais aussi leur existence culturelle et civilisationnelle.

L’objectif est d’effacer toute trace matérielle ou historique reliant les Palestiniens à leur terre, affaiblissant ainsi leur capacité à rester et à survivre dans leurs régions ancestrales.

Les ministres du gouvernement israélien, les fonctionnaires, les membres de la Knesset et les organisations de colons encouragent ouvertement ces actions dans le cadre d’efforts visant à imposer une nouvelle réalité démographique et géographique, en remplaçant la population palestinienne autochtone par des colons israéliens.

Il s’agit d’une violation flagrante du droit international qui exige une intervention immédiate, l’obligation de rendre des comptes et la justice pour les victimes.

Cette politique urbicide ne se limite pas au nord de la bande de Gaza. Les premiers rapports en provenance de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, ainsi que des images satellites et des témoignages, indiquent que de vastes zones ont été quasiment effacées.

Des destructions similaires ont dévasté Khan Yunis, Shuja’iyya, Zeitoun et des quartiers situés le long de l’axe de Netzarim.

La destruction s’étend aux maisons, aux rues, aux infrastructures et aux installations civiles, économiques et culturelles essentielles, rendant ces zones inhabitables et empêchant systématiquement le retour des Palestiniens.

Cet urbicide est également lié au crime de culturcide en cours, initié le 7 octobre 2023. Depuis cette date, Israël a délibérément pris pour cible des sites archéologiques et culturels palestiniens dans le but évident d’effacer le patrimoine culturel palestinien.

Euro-Med Monitor a documenté des dizaines de cas où l’armée israélienne a ciblé des mosquées, des églises, des bâtiments historiques, des musées, des centres culturels et des universités, qui font tous partie intégrante de l’identité culturelle de Gaza.

Alors que les précédentes opérations militaires israéliennes ont détruit des aspects essentiels du riche patrimoine architectural de Gaza, l’assaut actuel représente son anéantissement quasi-total.

Le patrimoine de Gaza n’appartient pas seulement aux Palestiniens, mais à l’humanité tout entière. Ces sites ont une importance culturelle et historique qui transcende les frontières nationales et représentent une mémoire mondiale partagée.

La communauté internationale doit agir de toute urgence pour protéger ces sites, mener des enquêtes impartiales sur les violations commises par Israël et faire pression sur ce dernier pour qu’il mette fin à ses destructions systématiques.

Tous les États doivent assumer leurs responsabilités internationales pour mettre fin au génocide et aux autres crimes graves commis par Israël à Gaza. Cela implique d’imposer des sanctions efficaces, de garantir le respect du droit international et des arrêts de la CIJ, et de cesser toute forme de soutien politique, financier et militaire à Israël.

L’arrêt immédiat des ventes d’armes, des transferts et de l’aide militaire à Israël est essentiel, tout comme l’obligation de rendre des comptes pour les crimes commis contre les Palestiniens.

Les mandats d’arrêt délivrés par la Cour pénale internationale à l’encontre du Premier ministre et du ministre de la Défense israéliens doivent également être exécutés sans délai.

En outre, les pays complices des crimes d’Israël, notamment les États-Unis et les autres pays qui leur apportent un soutien militaire, financier et politique, doivent également rendre des comptes.

Il s’agit notamment des États qui participent à l’échange de renseignements, aux accords contractuels et à d’autres formes de collaboration qui permettent aux Israéliens de commettre leurs crimes.

Il est impératif d’agir immédiatement pour mettre fin à cette destruction sans précédent, rendre justice aux victimes et sauvegarder l’héritage commun et la dignité de l’humanité.

17 décembre 2024 – EuroMed Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Éléa Asselineau