Sayyed Hassan Nasrallah était un orateur de génie, mais aussi un père, un fils, un ami

Composition : al-Mayadeen

Par Lea Akil

Plus que des mots, plus que des discours, chaque fois que Sayyed Hassan Nasrallah s’adressait à nous, il ne se contentait pas de parler ; il prenait plus profondément pans nos cœurs à chaque phrase. Voici un aperçu de l’excellence de son art oratoire.

Il y avait une force indéniable qui attirait les gens vers Sayyed Hassan Nasrallah, quelque chose qui allait au-delà de ses paroles ou de son sourire. C’était sa façon de parler, avec un calme et une assurance inébranlables, qui inspirait un profond sentiment de paix et de confiance à ceux qui l’écoutaient.

Alors que ses ennemis le qualifiaient de manipulateur des masses, ce qui ressortait n’était pas de la propagande, mais la présence d’un dirigeant dont le caractère était à la fois unique et profondément authentique.

Ses discours n’étaient pas seulement bien structurés, ils étaient méticuleusement élaborés, puissants et captivants.

Il avait une capacité étonnante à ressentir les émotions de son public, s’adressant à ses espoirs, ses peurs et ses difficultés avec une sincérité qui faisait résonner ses paroles.

Il ne parlait pas seulement pour informer, mais aussi pour créer des liens, offrant du réconfort dans les moments d’incertitude et de la détermination dans les moments difficiles. Avec une grande capacité à inspirer et à fédérer, il a toujours su adapter son message pour toucher des personnes de tous horizons, les attirer et gagner leur confiance.

La puissance de sa présence

Sayyed Hassan Nasrallah est l’un des dirigeants les plus influents et les plus charismatiques du monde arabe moderne, et ses discours, en particulier lors des moments critiques de l’histoire du Hezbollah, révèlent la puissance de son autorité.

Sa capacité à captiver et à inspirer son public tient non seulement à son message, mais aussi à son style rhétorique unique, à son intelligence émotionnelle et à sa confiance inébranlable. Par son utilisation de références religieuses, s’agissant de contexte historique et de communication stratégique, Sayyed Nasrallah a démontré les qualités d’un dirigeant charismatique.

Par exemple, Sayyed Nasrallah a commencé son discours du 26 mai 2000, après le retrait israélien du Liban, en citant un verset coranique de la sourate Al-Qasas (28:4-6), qui parle des opprimés qui triomphent de l’oppresseur.

Ce rappel puissant de la lutte éternelle entre les opprimés et les oppresseurs a directement lié la libération du Liban à la lutte des opprimés à travers l’histoire. En invoquant ce verset, Sayyed Nasrallah a associé la victoire du Hezbollah à un récit divin plus large, qui a profondément résonné auprès de son public, renforçant son sentiment de responsabilité.

Il a ensuite fait référence à la bataille de Karbala et à la célèbre phrase de l’imam Khomeini, « Le sang a vaincu l’épée », soulignant la continuité idéologique entre la lutte de la Résistance et le martyre de l’imam Hussein.

Cela a non seulement renforcé la légitimité morale de la lutte du Hezbollah, mais a également présenté leur cause comme un combat juste pour la justice. Ces références s’appuyaient sur des valeurs culturelles et religieuses communes, rendant son message convaincant et émotionnellement accessible à son public.

Dans l’un de ses discours pendant la guerre de 2006, Sayyed Nasrallah a gardé un ton posé et ferme en s’adressant à la nation pendant la période la plus intense du conflit, ce qui était une démonstration remarquable de sa confiance. Cela a rassuré ses partisans et instillé la peur chez ses ennemis.

Il a commencé son discours le 14 juillet 2006 par un verset coranique de la sourate Al Imraan (160:71), rappelant au peuple que « si Allah vous aide, nul ne peut vous vaincre ». Ce verset a contribué à insuffler un sentiment de soutien divin et de résilience à son auditoire, renforçant sa croyance en la victoire malgré des obstacles paraissant insurmontables.

Sayyed Nasrallah s’est adressé directement aux familles des martyrs, reconnaissant leurs sacrifices et encourageant un profond sentiment de fierté et de dignité face à la tragédie. Cette capacité à établir un lien émotionnel avec la population dans des moments aussi douloureux et éprouvants, a illustré son charisme.

« L’unité face à l’adversité »

En outre, Sayyed Nasrallah a utilisé ses discours pour unir le peuple libanais autour de la cause de la résistance. Il a présenté deux choix cruciaux pour le pays : se soumettre aux exigences israéliennes et risquer l’occupation ou rester ferme avec foi, résilience et le pouvoir de la résistance.

Avec une confiance inébranlable, il a rassuré ses auditeurs avec la phrase emblématique : « Tout comme je vous ai promis la victoire auparavant, je vous promets à nouveau la victoire. » Ses paroles n’étaient pas seulement une promesse de victoire, mais une déclaration de foi inébranlable dans la force collective du peuple libanais et la capacité du Hezbollah à tenir ses promesses.

Cette déclaration audacieuse a fait de Sayyed Nasrallah un dirigeant qui a inspiré confiance, renforcé la loyauté à l’égard de sa personne comme de la résistance, et donné de l’espoir à ses concitoyens alors que l’avenir semblait incertain.

Lors de son discours après le martyre d’Imad Moughniyeh, l’ancien commandant militaire du Hezbollah, Sayyed Nasrallah contesta l’hypothèse d’Israël selon laquelle le martyre de Moughniyeh affaiblirait la Résistance, en faisant référence au martyre de l’ancien secrétaire général Sayyed Abbas Moussawi et à la manière dont le Hezbollah s’est renforcé après son assassinat.

La déclaration pleine de défiance de Sayyed Nasrallah, « Aujourd’hui, en tuant Mughniyeh, ils pensent que la Résistance va s’effondrer, mais jusqu’à présent, il n’y a pas eu de cessez-le-feu », a renforcé l’idée que la force du Hezbollah ne dépendait pas d’un dirigeant en particulier, mais de l’engagement collectif envers leur cause.

Sa détermination inébranlable, même face aux revers, a renforcé sa position de dirigeant inspirant à la fois la peur chez ses ennemis et la dévotion chez ses partisans.

Le cœur de la résistance

La conscience humaine de Sayyed Hassan Nasrallah en tant que dirigeant est évidente dans la façon dont il a su communiquer avec ses partisans dans les moments de triomphe comme de défaite. Ses discours témoignent de sa capacité à lire les émotions de son public, à canaliser ses sentiments et à les transformer en détermination collective.

À travers ses paroles, Sayyed Nasrallah fait preuve d’une profonde empathie, d’un sens aigu des responsabilités et d’une profonde compréhension de la dynamique émotionnelle qui façonne le comportement humain en temps de guerre et de confrontation.

Il a abordé la victoire d’une manière différente, qui a touché le cœur de son peuple. Dans son discours prononcé après le triomphe du Hezbollah lors du retrait israélien du Liban en 2000, il a fait preuve d’une humilité remarquable en attribuant d’abord la victoire à Dieu. Il a souligné que c’était la volonté divine qui soutenait la Résistance, reconnaissant la foi qui les avait portés tout au long des combats.

La reconnaissance par Sayyed Nasrallah des martyrs, combattants et civils, était un autre aspect clé de sa sensibilité affective. Plutôt que de se concentrer sur la victoire en tant qu’accomplissement personnel ou politique, il a rendu hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie, renforçant ainsi la nature collective du succès.

En déplaçant l’attention des forces extérieures vers la résilience et la force du peuple, il a favorisé un sentiment d’appropriation auprès de son public.

« Le pouvoir du peuple »

En disant : « Vous avez fait preuve de résilience, vous avez résisté et vous avez remporté la victoire », Sayyed Nasrallah a non seulement célébré les réalisations de la Résistance, mais il a également donné du pouvoir à son peuple, renforçant ainsi son rôle de premier plan dans la victoire.

Tout au long de ses discours, Sayyed Nasrallah a démontré sa capacité à s’adresser à différents états émotionnels, en particulier lorsqu’il s’adressait à différents groupes.

Lorsqu’il s’adressait aux combattants de la Résistance, il utilisait des termes personnels tels que « mes frères, mes aîmés », soulignant leur rôle dans la lutte. Il a communiqué non seulement la fierté, mais aussi le sens des responsabilités, les encourageant à considérer la cause comme une vocation supérieure. Ce faisant, il a renforcé leur confiance, leur rappelant leur capacité à remporter la victoire et à gagner la libération.

Cet appel à la fierté et à l’honneur, associé à une reconnaissance implicite de leur vulnérabilité, était une démonstration subtile mais puissante d’intelligence émotionnelle.

Sayyed Nasrallah a acquis la réputation d’être « fidèle à sa promesse », obligeant même ses adversaires à croire chaque mot qu’il prononçait.

Pendant la guerre de 2006, au milieu de la mort et de la destruction écrasantes, il a prononcé un discours puissant à son peuple. Dans un moment qui a laissé un impact profond, il a calmement annoncé le ciblage réussi d’un navire de guerre israélien, affirmant qu’il avait coulé avec des dizaines de soldats israéliens.

Cette annonce, bien qu’indirectement dirigée contre l’occupation et vers la communauté internationale, a servi de coup de fouet crucial au moral de son peuple.

La profonde compréhension des émotions par Sayyed Nasrallah et son utilisation stratégique des mots ont permis au message de résonner avec force, donnant de l’espoir et renforçant la détermination face à l’adversité.

Il utilisait souvent un langage qui non seulement trouvait un écho auprès de ses partisans, mais démoralisait également ses ennemis. En disant aux forces israéliennes : « Vous ne savez pas contre qui vous vous battez, vous vous battez contre les enfants de Mohammad, Ali, Hassan et Hussein », il a déclenché un puissant changement. Il s’est appuyé sur la croyance du peuple en la supériorité de sa cause, en lui rappelant qu’ils faisaient partie d’une lignée spirituelle et historique qui ne se plierait jamais à l’oppression.

Ce message, délivré sur un ton calme mais ferme, a eu pour effet d’insuffler la crainte aux dirigeants israéliens tout en renforçant la conviction de ses partisans.

L’un des moments les plus marquants de Sayyed Nasrallah est survenu après le martyre d’Imad Mughniyeh. Plutôt que de laisser le chagrin s’emparer de la communauté, il a transformé le deuil en un puissant appel à l’action.

« Nous devons commencer à préparer le terrain pour l’effondrement d’Israël », a-t-il déclaré, déplaçant l’attention du deuil vers la capacité d’agir. En déclarant que « le sang d’Imad Mughniyeh les effacera de l’existence », il a transformé un événement profondément personnel et affectif en un cri de ralliement.

Le symbolisme du sang, qui représente le sacrifice, la force et le renouveau, a été un puissant outil d’unification du peuple.

L’utilisation par Sayyed Nasrallah de la métaphore des « milliers de Mughniyehs » a renforcé l’idée que la mort d’un seul martyr ne faisait que renforcer la cause, la rendant plus grande et plus percutante.

À travers tout cela, il a compris les besoins émotionnels de son public, parlant de leur douleur et la transformant en espoir et en action. Il n’a pas hésité à reconnaître le chagrin ou la crainte, mais il a plutôt utilisé ces sentiments pour alimenter la résilience et la détermination collectives.

C’est ainsi que Sayyed Nasrallah a développé un style de leadership aussi intelligent sur le plan des sentiments que stratégique. Sa capacité à diriger par l’empathie, à inspirer dans les moments de tristesse et à responsabiliser par le sacrifice partagé, a fait de lui le grand dirigeant qu’il était et que toujours il sera.

Sayyed Nasrallah n’a pas seulement laissé derrière lui une victoire politique, mais aussi un lien affectif profond avec son peuple, un lien qui perdurera et inspirera les générations futures à porter le flambeau de la résistance avec fierté et une foi inébranlable.

C’est pourquoi, aujourd’hui et pour les générations à venir, les gens continueront à prêter allégeance à Sayyed Nasrallah et à se sacrifier pour lui, car ils voient en retour la même loyauté, le même dévouement et le même amour – un leader qui les a soutenus sans faillir, quoi qu’il arrive.

C’est pourquoi, le 28 septembre 2024, des milliers de personnes se sont retrouvées orphelines après l’annonce du martyre de la source de leur sécurité et de leur affection.

« Sans toi, rien n’a d’importance en ce monde. »

21 février 2025 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah

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