
24 février 2025- Les Palestiniens qui retournent dans leurs maisons détruites vivent dans des conditions épouvantables dans le camp de réfugiés de Jabalia, au nord de Gaza. La situation humanitaire catastrophique est exacerbée par la pluie et les conditions hivernales. Quinze mois de bombardements incessants par Israël ont détruit la plupart des bâtiments et des infrastructures, et les habitants de Gaza n'ont toujours pas accès aux infrastructures de base, telles que les abris, l'eau et l'électricité. Les autorités de Gaza ont déclaré qu'Israël avait empêché l'entrée de la majorité des 200 000 tentes et 60 000 mobile homes convenus pour la première phase du cessez-le-feu, n'autorisant que 20 000 tentes et un petit nombre de mobile homes, dont aucun n'était utilisable. Des centaines de milliers de Palestiniens déplacés ont un besoin urgent d'abris adéquats. Aujourd'hui, cinq nouveau-nés palestiniens sont morts de froid. Saeed Salah, le directeur de l'hôpital de l'association caritative Friends of the Patient, a déclaré lundi aux médias que trois des bébés étaient morts dans les heures suivant leur admission - Photo : Yousef Zaanoun / Activestills
Par Jonathan Cook
Les dirigeants et les médias occidentaux soutiennent un récit de propagande sur les otages qui rend la reprise du massacre d’Israël presque inévitable.
Israël a gardé le soutien de l’Occident à son massacre de Gaza pendant 15 mois grâce à une campagne intensive de mensonges.
Il a accusé le Hamas d’odieux crimes de guerre entièrement inventés, tels que les décapitations de bébés et les viols de masse.
À l’inverse, il a dissimulé ou minimisé les crimes de guerre, encore plus graves, qu’il a commis en réponse à l’attaque du Hamas contre Israël.
Du fait que les crimes du Hamas d’octobre 2023 s’éloignent dans le rétroviseur et que les crimes israéliens s’étalent partout avec la destruction complète de Gaza – qui équivaut à un génocide « plausible », selon la Cour internationale de justice (CIJ) – les dirigeants israéliens cherchent désespérément à déplacer l’attention vers un nouveau champ de bataille narratif.
Ils ont besoin d’une nouvelle série de mensonges pour justifier la reprise du massacre. Et comme toujours, les médias occidentaux l’aident de leur mieux.
Le Hamas et Israël se livrent tous les deux à la propagande habituelle à l’occasion des échanges réguliers d’otages israéliens et palestiniens, au cours de cette première phase du cessez-le-feu, pour tenter de se donner le beau rôle.
Une fois de plus, Israël a toutes les cartes en main et bénéficie d’un soutien occidental sans faille, mais malgré cela, une fois de plus, il ne parvient pas à gagner la guerre des relations publiques.
C’est pourquoi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a de nouveau piqué une crise de colère ce week-end, accusant cette fois le Hamas d’avoir mis en scène la libération d’Israéliens dans ce qu’il a appelé des « cérémonies avilissantes » et « humiliantes ».
Israël et ses partisans ont été particulièrement courroucés, semble-t-il, par un des captifs, libéré samedi, qui rayonnait sur scène en embrassant chaleureusement deux de ses ravisseurs sur le front.
En marchant vers les camionnettes de la Croix-Rouge, il a posé son bras autour des épaules de l’un de ses ravisseurs avec une affection évidente.
Par pur sadisme, Netanyahu suspend la libération de plus 600 otages palestiniens
Deux autres Israéliens – qui doivent être libérés au cours de la prochaine étape – ont été filmés en train de regarder la scène depuis une voiture à proximité, excités par la perspective de la liberté et suppliant Netanyahu de ne pas saboter leur libération.
Saboter le cessez-le-feu
Comme on pouvait s’y attendre, les médias occidentaux, dont la BBC, se sont fait l’écho d’Israël en suggérant qu’il s’agissait là de violations bien plus graves que celles commises par Israël, qui a tué plus de 130 Palestiniens depuis le 19 janvier, date du début du cessez-le-feu, au cours de centaines d’attaques contre Gaza.
De même, les médias ont à peine mentionné la nouvelle vague de destruction israélienne, cette fois-ci en Cisjordanie occupée. Des milliers de maisons ont été démolies, nettoyant ethniquement des communautés entières.
Les médias occidentaux n’ont manifestement pas remarqué que ces crimes de guerre constituent également des violations flagrantes de l’accord de cessez-le-feu.
Maintenant, Netanyahu exploite les relations apparemment cordiales entre certains des prisonniers israéliens et le Hamas comme prétexte pour saboter le cessez-le-feu avant la deuxième phase qui doit commencer la semaine prochaine. C’est alors qu’Israël devrait se retirer complètement de la bande de Gaza et permettre sa reconstruction.
Les bus transportant des centaines d’otages palestiniens qui devaient être libérés samedi ont été contraints de faire demi-tour et de les ramener en prisons. Même selon les propres évaluations d’Israël, la grande majorité de ces Palestiniens n’ont pas été « impliqués dans les combats ».
Nombre d’entre eux, dont des membres du personnel médical, ont été arrêtés dans les rues de Gaza à la suite de l’attaque du Hamas du 7 octobre. Ils ont été détenus sans inculpation, torturés et soumis à des traitements barbares que les groupes israéliens de défense des droits de l’homme ont comparées à « l’enfer ».
Slogans génocidaires
Il serait agréable de croire qu’Israël et ses partisans se soucient sincèrement du fait que, en les exhibant en public, le Hamas ait pu violer le droit à la dignité des captifs en vertu du droit humanitaire international. Mais il ne faut pas être dupe – ni naïf.
Avant même de renier sa parole en refusant de remettre les prisonniers palestiniens, Israël avait juré qu’il soumettrait les Palestiniens à un traitement dégradant. Ils seraient contraints de porter des T-shirts arborant des slogans glorifiant le génocide de la population de Gaza par Israël.
Et les partisans d’Israël n’ont pas semblé trop préoccupés par l’émotion des 600 otages palestiniens qui devaient être libérés samedi et qui ont été ramenés dans leurs camps de torture en Israël juste au moment où ils allaient goûter à la liberté.
De fait, les otages israéliens n’ont jamais été une priorité pour Netanyahu.
Si Israël s’en était vraiment soucié, il n’aurait pas bombardé Gaza pendant 15 mois.
Il aurait, au contraire, accepté un cessez-le-feu et un échange de prisonniers non pas le mois dernier – comme il a été contraint de le faire sous la forte pression du futur président américain Donald Trump – mais en mai dernier, lorsqu’un accord lui a été proposé exactement dans les mêmes conditions.
Si Israël se souciait tant des captifs, il n’aurait pas utilisé des bombes à fragmentation de 2 000 livres fournies par les États-Unis, qui ont non seulement détruit de vastes étendues de Gaza, mais aussi inondé de gaz toxiques les tunnels où de nombreux Israéliens étaient détenus.
Si Israël se souciait tant des captifs, il n’aurait pas mis en place, sans avertir personne, des « zones de mort » dans toute la bande de Gaza, où les soldats israéliens tiraient sur tout ce qui bougeait.
Trois Israéliens torse nu brandissant des drapeaux blancs de reddition ont été abattus par les troupes israéliennes dans des circonstances similaires en décembre 2023.
Selon son bon vouloir
Acculé par Trump, le premier ministre israélien avait calculé que le retour d’au moins quelques-uns d’entre eux était le prix à payer – pour apaiser le nouveau président américain et une grande partie de son propre public – avant de pouvoir reprendre l’assassinat en masse des enfants de Gaza.
Il a clairement indiqué à plusieurs reprises qu’il n’avait pas l’intention de conclure un cessez-le-feu permanent après la première phase, les principaux échanges de prisonniers.
Pour Netanyahu, Le seul intérêt des captifs israéliens est de pouvoir, grâce à eux, recommencer le génocide.
Le Hamas, quant à lui, a tout intérêt à utiliser la petite fenêtre offerte par la libération des captifs pour montrer qu’il n’est pas le démon de la fable qu’Israël raconte l’Occident.
Il espère que ces libérations soigneusement mises en scène montreront qu’il est toujours en charge de Gaza, malgré le déchaînement destructeur d’Israël.
Et le Hamas fait bien de cultiver des relations correctes avec les captifs israéliens, notamment pour améliorer son image auprès des opinions publiques étrangères et rendre plus difficile le retour de Netanyahu au génocide.
Israël, bien sûr, n’a pas besoin d’en faire autant. En tant que partie de loin la plus forte – celle qui, avant même le 7 octobre 2023, tenait en otage toute la population de Gaza, au moyen d’un siège de 17 ans de l’enclave – il peut faire ce qu’il veut, sachant que ses paroles et ses actes ne seront jamais remises en question par les médias occidentaux.
Les prisonniers palestiniens libérés qui ont témoigné de tortures, d’agressions sexuelles et de viols – confirmés par les observateurs internationaux des droits de l’homme – ont été tout simplement ignorés.
Le « syndrome de Stockholm »
Bien qu’Israël ait tous les atouts en main, les différences entre ce qu’il prétend et la réalité est si criante qu’il perd quand même la guerre de propagande. C’est pourquoi Netanyahu n’a aucun intérêt à poursuivre les échanges de prisonniers un jour de plus qu’il n’est tenu de le faire.
Le problème est que les captifs libérés par le Hamas n’aident pas sa cause. Ils l’entravent.
Les apologistes du génocide israélien, relayés bruyamment par les médias occidentaux, ont été brièvement soulagés de voir qu’un groupe d’otages israéliens libérés au début du mois semblait presque aussi pâle et émacié que les centaines d’otages palestiniens libérés par Israël.
L’état de ce petit groupe d’Israéliens a suscité l’indignation générale, alors que la condition encore plus misérable des Palestiniens libérés a suscité l’indifférence la plus totale.
Mais dans la plupart des cas, les Israéliens libérés avaient l’air en assez bonne santé, surtout si l’on considère qu’Israël refuse l’entrée de nourriture et d’eau à Gaza depuis 15 mois et que la plupart des captifs ont dû être détenus dans de profonds souterrains pour les protéger des campagnes de bombardement israéliennes qui ont rasé la quasi-totalité de la bande de Gaza.
Ce qui préoccupe encore plus Israël, c’est que les captifs sont apparus pour la plupart détendus face à leurs ravisseurs.
Gênés, les partisans d’Israël ont prétendu qu’il s’agissait de mises en scène pour les caméras ou que les captifs souffraient d’un « syndrome de Stockholm » sévère – une condition psychologique dans laquelle les otages sont censés s’identifier à leurs ravisseurs.
C’est possible, mais alors pourquoi n’avons-nous pas vu de captifs palestiniens manifester une affection similaire à leurs gardiens de prison israéliens ?
« Il reste peu de temps »
Quoique le public occidental pense de ce qu’il voit, cela n’aide guère Israël.
Ces scènes entre le Hamas et les captifs sont difficiles à concilier avec le récit d’Israël – recyclé par les institutions occidentales -, qui reste dominant, bien qu’il ne soit pas étayé par la moindre preuve, selon lequel le Hamas est un groupe de barbares qui décapite des bébés et commet des viols en masse.
En réduisant le Hamas à l’état de monstres, l’objectif d’Israël était de déshumaniser l’ensemble de la population de Gaza, afin de justifier ses crimes génocidaires.
Pourtant, les scènes qui montrent les liens que les captifs ont établi avec leurs geôliers du Hamas rendent cette idée plus difficile à soutenir.
Si le Hamas n’est pas aussi diabolique que les opinions publiques occidentales ont été amenées à le croire – si le comportement de ses membres n’est pas pire, et qu’il est même meilleur, que celui des soldats et des gardiens de prison israéliens -, qu’en est-il de la fiabilité de la couverture médiatique occidentale des 15 mois de génocide qui viennent de s’écouler ?
Et plus encore, que dit de notre propre barbarie occidentale le fait que nos dirigeants élus aient accepté avec tant de désinvolture le meurtre de plusieurs dizaines de milliers – voire centaines de milliers – de civils palestiniens à Gaza, en guise de prétendue vengeance pour l’attaque de 2023 du Hamas ?
Que penser de la prétention d’Israël à la supériorité morale alors que ses dirigeants ont explicitement déclaré leur intention génocidaire à l’égard des enfants de Gaza – en nous disant que toute la population est impliquée dans l’attaque du Hamas et qu’ils sont donc des cibles légitimes ?
Quelle position morale Israël peut-il occuper alors que, même pendant un prétendu cessez-le-feu, il a violé les termes de l’accord plus de 250 fois et a refusé de cesser réellement le feu ?
Quelle position morale Israël occupe-t-il lorsqu’il largue des tracts au-dessus de Gaza, comme il l’a fait la semaine dernière, réaffirmant son intention génocidaire si les Palestiniens ne se soumettent pas au plan de Trump visant à nettoyer ethniquement l’ensemble de la population ?
Sur le tract, émis par l’« Agence de sécurité israélienne », il est écrit : « Si tous les habitants de Gaza cessent d’exister… Personne n’aura de compassion pour vous, et personne ne demandera de vos nouvelles… Il reste peu de temps – la fin est proche. »
Le texte se termine en exhortant les Palestiniens à collaborer : « partez avant qu’il ne soit trop tard, nous, nous sommes là, nous y serons jusqu’à la fin des temps. »
Une approche raciste
Israël a pareillement cherché à exploiter l’émotion suscitée par la mort à Gaza de la famille Bibas – une mère israélienne et ses deux jeunes enfants pris en otage le 7 octobre – en se livrant à une désinformation massive.
Après la restitution des corps le week-end dernier, Israël a immédiatement affirmé qu’ils avaient été tués par leurs ravisseurs – dans leur cas, pas par le Hamas mais par un gang criminel, connu sous le nom de « Seigneurs du désert », qui s’était emparé de la famille après avoir également réussi à sortir de Gaza en octobre 2023.
Supposons juste un instant que la version israélienne de l’assassinat de la famille « de sang-froid » soit vraie.
S’il est compréhensible – même s’il s’agit d’un nationalisme monstrueux – que les Israéliens se soucient davantage de ces trois morts que du massacre et de la mutilation par l’armée israélienne de dizaines de milliers d’enfants palestiniens à Gaza, pourquoi les hommes politiques et les médias occidentaux adoptent-ils la même approche raciste ?
Pourquoi la mort de trois innocents israéliens est-elle tellement plus importante, tellement plus digne d’intérêt, tellement plus douloureuse que la mort de dizaines de milliers d’innocents palestiniens ?
Mais en réalité, il y a de très bonnes raisons de croire qu’Israël ment une fois de plus, et qu’il s’agit simplement d’une répétition de la fiction des « bébés décapités » qui avait à l’origine attisé la soif de génocide.
Selon de sérieux rapports, la famille Bibas aurait, en fait, été tuée par un tapis de bombes israélien en novembre 2023, au début du génocide israélien.
Le Hamas avait proposé de restituer leurs corps – ainsi que le père encore vivant – peu après leur mort.
De manière tout à fait cynique, comme le souligne l’analyste palestinien Muhammad Shehada, Israël a rejeté l’offre afin de pouvoir « prétendre délibérément qu’ils étaient encore en vie et capitaliser sur le récit de ‘monstres’ palestiniens retenant un bébé en otage ».
Aujourd’hui, la souffrance de la famille Bibas est exploitée par Israël et ses partisans – avec la complicité des médias – afin d’encourager la reprise des meurtres de bébés palestiniens de sang-froid.
Il est presque certain que la famille Bibas, comme des milliers de familles palestiniennes, a été déchirée par des bombes fournies par les États-Unis. Cela pourrait expliquer la confusion initiale entre les parties du corps d’une femme palestinienne et celles de Shiri Bibas, la mère, au moment de l’envoi de ses restes en Israël avant que le Hamas ne soit en mesure de corriger l’erreur.
Signe du peu de crédibilité des responsables israéliens dans cette affaire, les membres survivants de la famille Bibas ont interdit aux ministres du gouvernement d’assister aux funérailles prévues mardi.
Une avalanche de plaintes
La complicité des médias occidentaux dans ces manipulations trop évidentes a été pleinement démontrée une fois de plus.
Une enquête menée la semaine dernière par Declassified UK a révélé que des employés de la BBC, de Sky News, d’ITN, du Guardian et du Times ont tous témoigné que la propagande israélienne « régnait en maître » dans leurs médias.
Des employés mécontents du Guardian ont monté un dossier contenant une « montagne d’exemples » où le journal « amplifiait la propagande israélienne… ou considéraient comme crédibles des déclarations clairement fausses de porte-parole israéliens ».
Un journaliste de Sky a déclaré que la chaîne avait imposé toute une série de règles non écrites qui s’appliquaient exclusivement à la couverture d’Israël : « C’est une bataille permanente pour dire la vérité ».
Chaque fois que les Palestiniens étaient présentés comme des êtres humains ou que les porte-parole israéliens étaient passés au crible, la chaîne était confrontée à une « avalanche d’appels téléphoniques et de plaintes ».
Les menaces que Sky perde l’accès aux hauts fonctionnaires israéliens ou que les correspondants de la chaîne ne puissent plus se rendre dans la région ont eu l’effet escompté, influençant « ce qui se disait ou ne se disait pas à l’antenne ».
Le personnel de la BBC a de nouveau parlé d’une culture de déshumanisation des Palestiniens au sein de la chaîne publique qui contraste fortement avec le traitement réservé aux Israéliens.
L’un de ses journalistes a noté que « l’utilisation du mot génocide est effectivement interdite, et tout collaborateur qui utilise ce mot est immédiatement exclu ».
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la décision de la BBC, ce week-end, de retirer un documentaire sur Gaza brièvement disponible sur son service de streaming iplayer.
Gaza : How to Survive a War Zone (Gaza : comment survivre dans une zone de guerre), une vision essentiellement enfantine de la destruction de Gaza, était le premier effort de la chaîne publique pour humaniser les Palestiniens, 16 mois après qu’Israël a commencé son génocide « plausible ».
La lâcheté des médias
Les groupes pro-israéliens, qui ont ignoblement rationalisé le massacre des enfants de Gaza aussi souvent que possible, allaient inévitablement piquer une crise. Et il était évident que la BBC, de manière tout aussi prévisible, céderait à la moindre pression.
Mais la lâcheté de la BBC a en l’occurrence encore dépassé le lamentable niveau de la lâcheté habituelle des médias de l’establishment.
Les lobbyistes pro-israéliens ont accusé la BBC de soutenir le terrorisme et de faire de la désinformation parce que le narrateur principal du film, Abdullah, 14 ans, est le fils d’un vice-ministre du gouvernement du Hamas.
Ayman al-Yazouri est qualifié de « chef terroriste » dans une plainte officielle adressée à la BBC et rédigée par 45 journalistes et responsables de médias juifs.
Les médias occidentaux auront des comptes à rendre sur leur complicité dans le génocide de Gaza
Les accusations du lobby constituent toutefois la véritable désinformation – puisqu’elle s’appuie sur la prémisse centrale de la législation britannique draconienne inspirée par Israël, qui associe toute relation avec le Hamas, le gouvernement de Gaza, au terrorisme.
Israël a capturé et torturé des centaines de membres du personnel médical de Gaza, précisément au motif qu’ils sont associés au terrorisme parce qu’ils travaillent dans des hôpitaux publics supervisés par l’administration du Hamas.
De la même façon, al-Yazouri, qui a obtenu un doctorat en chimie environnementale dans une université britannique et a ensuite travaillé au ministère de l’éducation des Émirats arabes unis, où il a participé à l’élaboration du programme d’études scientifiques, a été recruté à son retour à Gaza par les ministères de l’éducation et de l’agriculture. Il a été recruté en raison de ses compétences spécialisées et non parce qu’il est membre du Hamas.
Son fils Abdullah, qui a été scolarisé dans la seule école anglophone de Gaza, a vraisemblablement été sélectionné pour la terrible raison qu’il était l’un des rares enfants de Gaza à pouvoir s’exprimer couramment dans leur langue maternelle devant les auditeurs de la BBC.
Quoi qu’il en soit, le récit d’Abdullah est tout à fait banal : il se contente de présenter les personnages qui se débattent dans une catastrophe humanitaire provoquée par Israël et que le public peut voir de ses propres yeux à l’écran.
Des pressions extraordinaires
Les enfants dont l’histoire est racontée – et qui a maintenant été retirée – ont été sélectionnés pour des raisons clairement journalistiques : parce qu’ils font des choses extraordinaires sous une pression formidable, comme devenir un chef superstar sur Tiktok, malgré un blocus alimentaire imposé par Israël, ou faire du bénévolat dans un hôpital pour transporter les personnes mutilées par les attaques israéliennes des ambulances aux médecins en attente.
Pour le reste, le cadrage du documentaire est entièrement favorable à Israël : le Hamas est maudit par une population qui souffre plus qu’Israël ; ce que la plus haute cour du monde soupçonne d’être un génocide à Gaza est décrit simplement comme une « guerre » ; et les Israéliens faits prisonniers par le Hamas, même les soldats, sont uniformément qualifiés d’« otages ».
Le documentaire représente un danger pour Israël, non pas parce qu’il serait politisé, mais parce qu’il humanise les enfants de Gaza, qui ont été massacrés en si grand nombre.
Ce que les groupes de pression pro-israéliens craignent – à l’exception d’une séquence finale dans laquelle une équipe d’ambulanciers est attaquée par des hélicoptères Apache israéliens – c’est qu’on fasse un portrait des Palestiniens qui entre en contradiction avec la propagande israélienne, selon laquelle tous les habitants de Gaza, même les enfants, sont des terroristes qui sont responsables de leur propre destruction.
C’est un argument qui ne devrait résonner que chez les psychopathes. Et pourtant, nos radiodiffuseurs l’acceptent sans broncher, tout comme le gouvernement du Premier ministre britannique Keir Starmer.
Et c’est un argument qui justifie le génocide. Des dirigeants et des médias occidentaux dignes de ce nom devraient rejeter de toutes leurs forces une pareille logique. Au lieu de cela, ils contribuent à l’élaboration d’un récit de propagande qui rend la reprise du génocide presque inévitable.
Auteur : Jonathan Cook
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26 février 2025 – Middle-East Eye – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet
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