
Sur fond de destruction, des personnes déplacées à Gaza par le conflit se déplacent du sud vers le nord de l'enclave - Photo : WHO
Par EuroMed Monitor
Territoire palestinien – Les violences sexuelles et sexistes systématiques commises par Israël à l’encontre des Palestiniens sont monnaie courante et constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, selon des experts des Nations unies.
Un nouveau rapport publié par la Commission internationale indépendante d’enquête sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et Israël, conclut également qu’Israël est responsable d’actes de génocide dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.
L’impunité dont jouit Israël depuis longtemps et qui lui a permis de poursuivre ses crimes systématiques contre les Palestiniens doit cesser immédiatement en raison de la gravité du contenu du rapport.
Dans son rapport intitulé « More than a human can bear » (Plus qu’un être humain ne peut supporter) : Israel’s systematic use of sexual, reproductive and other forms of gender-based violence since October 2023 » publié aujourd’hui (13 mars 2025), la Commission internationale d’enquête conclut que la fréquence, la gravité et la prévalence des crimes sexuels et sexistes contre les hommes et les femmes palestiniens dans le Territoire palestinien occupé montrent qu’Israël augmente son usage systématique de la violence sexuelle et sexiste, une stratégie délibérée pour déstabiliser la société palestinienne, affirmer son contrôle, persécuter son peuple et contribuer à sa destruction.
Selon le rapport, des milliers de femmes sont mortes à Gaza depuis le 7 octobre 2023 à la suite d’agressions militaires israéliennes qui ont touché de manière disproportionnée les civils, en particulier les femmes et les filles palestiniennes, dont un grand nombre ont été victimes de violences sexuelles et sexistes.
La commission d’enquête affirme que les violations systématiques commises par Israël à l’encontre des femmes et des filles palestiniennes ont également entraîné de graves préjudices liés au genre, notamment des décès dus à des complications liées à la grossesse et à l’accouchement, ainsi que de graves préjudices physiques et psychologiques. Cela est dû à la destruction délibérée du système de santé de la bande de Gaza par Israël qui empêche les femmes et les filles en âge de procréer de bénéficier de l’accompagnement médical dont elles auraient besoin.
Israël a spécifiquement ciblé les installations liées à la santé sexuelle et reproductive, ce qui a eu des effets immédiats et à long terme sur le bien-être physique et mental des femmes ainsi que sur leur capacité à procréer.
Ces effets auront un impact durable sur la fertilité des Palestiniens de la bande de Gaza dans son ensemble. Toutes les phases de la reproduction – de la grossesse et de l’accouchement au rétablissement post-partum et à l’allaitement – ont été affectées par l’utilisation par Israël de la famine comme arme de guerre, le blocage de l’aide humanitaire et le déplacement forcé des Palestiniens de la bande de Gaza.
La Commission d’enquête a documenté des schémas systématiques de violence sexuelle et de violence fondée sur le genre à l’encontre des Palestiniens, y compris des crimes tels que le viol, la nudité forcée, l’humiliation sexuelle, la torture sexuelle, les violences génitales et les traitements dégradants. Ces exactions font partie des tactiques israéliennes visant à dégrader et à terroriser les Palestiniens, et ont été photographiées ou enregistrées et partagées en ligne sur les plateformes de médias sociaux.
Le rapport note également que les Palestiniens, hommes, femmes et enfants, ont été victimes de violences sexuelles et sexistes dans l’ensemble du territoire palestinien occupé, que ce soit lors de leur arrestation, dans les centres d’interrogatoire et les prisons, ou lors de leur déplacement forcé à Gaza. Ces violations ont été systématiquement commises par les forces de sécurité israéliennes, ainsi que par les colons israéliens en Cisjordanie.
La Commission a déterminé que les crimes sexuels et les crimes contre la reproduction commis par Israël dans les territoires palestiniens depuis le 7 octobre 2023 constituent des crimes de guerre et/ou des crimes contre l’humanité. Elle a également conclu que certains de ces actes constituent un génocide au sens du Statut de Rome, de la Convention sur le génocide et du Statut de Rome de la Cour pénale internationale
La Commission a confirmé qu’Israël a systématiquement pris pour cible la capacité de reproduction des Palestiniens de Gaza en détruisant délibérément des installations de soins de santé sexuelle et reproductive, notamment des maternités et des centres de fécondation in vitro, ce qui a considérablement réduit le nombre des naissances au sein de la communauté palestinienne.
En outre, Israël a imposé un siège complet, empêchant l’accès à l’aide humanitaire essentielle, notamment à la nourriture, à l’eau, aux médicaments et à l’équipement indispensables à la sécurité des grossesses, des accouchements et des soins néonatals. Ces actions ont eu des effets irréversibles à long terme sur la santé mentale, le bien-être physique et les perspectives de reproduction et de fertilité des Palestiniens de Gaza en tant que groupe.
De plus, Israël a utilisé la famine comme technique de guerre et refusé systématiquement de délivrer des autorisations de sortie de Gaza aux patients, en particulier aux femmes souffrant de maladies graves telles que le cancer gynécologique, ce qui aggrave leurs souffrances et met leur vie en danger. La Commission a conclu que toutes ces politiques ont pour objectif l’élimination physique des Palestiniens, en tout ou en partie – un acte explicitement qualifié de génocide en vertu de l’article 6 du Statut de Rome et de la Convention sur le génocide.
Le rapport de la commission des Nations unies est tout à fait conforme à la documentation des organisations de défense des droits de l’homme, y compris l’Observatoire Euro-Med des droits de l’homme, au cours des 17 derniers mois dans la bande de Gaza.
Bien que les crimes israéliens contre les civils dans la bande de Gaza aient incontestablement comporté des éléments de génocide, la plupart des membres de la communauté internationale n’ont rien fait pour mettre fin à ces crimes ou en tenir Israël et ses alliés pour responsables. Honte à eux !
Euro-Med Monitor a déjà documenté l’utilisation systématique par Israël de la violence sexuelle, y compris le viol et d’autres formes de crimes sexuels. Ces crimes font clairement partie d’une campagne israélienne plus large de violence génocidaire contre le peuple palestinien, et Israël devrait donc être ajouté à la liste des organisations qui se livrent à des violences sexuelles en période de conflit.
En octobre 2024, l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme a publié un rapport documentant les différents éléments du crime de génocide, y compris les mesures visant à empêcher les naissances au sein de la communauté palestinienne. Le rapport constate que les forces d’occupation israéliennes ont pris délibérément et en toute connaissance de cause des mesures pour empêcher les naissances à Gaza dans le cadre du crime de génocide.
Ces mesures comprennent l’intensification des assassinats de personnes en âge de procréer, le déplacement forcé et la séparation des familles palestiniennes, la destruction des laboratoires de conservation des embryons, le démantèlement du système de soins de santé, l’obstruction délibérée de l’aide humanitaire et l’utilisation de la famine, tout cela dans le but de rendre la vie impossible aux Palestiniens.
Le rapport de la Commission internationale devrait être un signal d’alarme pour tous les États et organisations concernés afin qu’ils prennent des mesures immédiates pour s’acquitter des responsabilités qui leur incombent en vertu de la Convention sur le génocide, au lieu de se contenter de vagues déclarations.
L’inaction continue de ces États et entités face aux crimes israéliens a directement ou indirectement contribué au crime de génocide en cours dans la bande de Gaza, et est donc juridiquement et moralement indéfendable.
Les nombreuses personnes qui ont encore une conscience ont perdu confiance dans le système international et dans les principes de justice et d’égalité. Cela se comprend, étant donné le mépris persistant de la communauté internationale pour les rapports et les recommandations d’entités indépendantes compétentes, ainsi que sa propension à privilégier les intérêts et les considérations politiques au détriment des obligations morales et juridiques. Cela crée également les conditions nécessaires à la poursuite et à l’escalade des tensions et des conflits.
Conformément à leurs engagements internationaux, les États doivent adopter des sanctions économiques, diplomatiques et militaires pour contraindre Israël à mettre fin à ses crimes, compte tenu des preuves accablantes du génocide qu’il a commis dans la bande de Gaza. Les avoirs financiers des fonctionnaires impliqués dans les crimes contre les Palestiniens doivent être gelés, les privilèges commerciaux et les accords bilatéraux suspendus, les exportations et les achats d’armes en provenance d’Israël interdits, et la coopération militaire avec Israël suspendue.
Les États doivent également s’abstenir d’interférer de quelque manière que ce soit avec le travail de la Cour pénale internationale et l’aider, au contraire, à poursuivre ses enquêtes sur la situation en Palestine.
Pour se conformer au droit international, la communauté internationale doit prendre des mesures immédiates pour garantir le droit du peuple palestinien à vivre dans la liberté et la dignité, soutenir son droit à l’autodétermination et éradiquer les causes sous-jacentes de ses souffrances et de l’oppression continue qu’il subit depuis 76 ans, à savoir l’occupation et le nettoyage ethnique.
Ils doivent également mettre fin au blocus illégal de la bande de Gaza imposé par Israël, veiller à ce que les responsables israéliens répondent de leurs actes, garantir le droit des victimes palestiniennes à des réparations et des indemnisations, mettre fin à l’occupation israélienne illégale et au colonialisme barbare imposé au territoire palestinien occupé, et démanteler le système d’isolement et d’apartheid imposé aux Palestiniens par Israël et ses alliés.
Auteur : EuroMed Monitor
* L'Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme est une organisation indépendante à but non lucratif dirigée par des jeunes qui défend les droits humains de toutes les personnes à travers l'Europe et la région MENA, en particulier celles qui vivent sous occupation, en proie à la guerre ou à des troubles politiques et/ou ont été déplacés en raison de persécutions ou de conflits armés.
13 mars 2025 – EuroMed Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet
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