
Une fillette palestinienne blesséee est amené à l'hôpital Nasser de Khan Younis - Photo : Abdallah F.S. Alattar
Par Al-Jazeera
On dénombre des centaines de tués dont de très nombreux enfants, alors qu’Israël déclenche une vague meurtrière de frappes sur Gaza.
Au moins 342 Palestiniens ont été tués alors qu’Israël lançait une attaque massive sur Gaza, brisant le fragile cessez-le-feu de deux mois avec le Hamas.
Parmi les personnes tuées lors de l’attaque de mardi, on compte au moins 77 personnes à Khan Younis, dans le sud de Gaza, et au moins 20 personnes dans la ville de Gaza, au nord, ont déclaré des sources médicales à Al Jazeera. Les frappes israéliennes ont également touché des sites dans le centre de Deir el-Balah et à Rafah, dans le sud.
Beaucoup d’entre eux sont des enfants, a déclaré le ministère de la Santé de Gaza.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a éructé qu’il avait ordonné à l’armée de prendre des « mesures fortes » contre le Hamas en raison de son prétendu refus de libérer les prisonniers capturés en Israël ou d’accepter les offres de se cantonner à la première phase cessez-le-feu.

Photo : via Al-Jazeera
« Israël agira désormais contre le Hamas avec une force militaire croissante », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. L’armée israélienne a vomi sur Telegram qu’elle menait « des frappes intensives contre des cibles terroristes » appartenant au Hamas.
Le Hamas, qui administre autant que possible Gaza, a déclaré qu’il considérait les attaques d’Israël comme une annulation unilatérale du cessez-le-feu qui avait débuté le 19 janvier.
« Netanyahou et son gouvernement fasciste ont pris la décision de renverser l’accord de cessez-le-feu, exposant les prisonniers de Gaza à un destin incertain », a déclaré le Hamas dans un communiqué. Il a appelé les peuples des nations arabes et islamiques, ainsi que les « peuples libres du monde », à descendre dans la rue pour protester contre l’attaque génocidaire.
L’organisation du Jihad islamique palestinien (JIP) a accusé Israël de « saboter délibérément tous les efforts visant à appliquer un cessez-le-feu ».
« Les restes de leurs enfants » entre leurs mains
Ahmed Abu Rizq, enseignant à Gaza, a déclaré que lui et sa famille s’étaient réveillés au son des « frappes israéliennes partout ».
« Nous avions peur, nos enfants avaient peur. Nous avons reçu de nombreux appels de nos proches pour vérifier [si nous allions bien]. Et l’ambulance a commencé à courir d’une rue à l’autre », a déclaré Abu Rizq à Al Jazeera, ajoutant que des familles ont commencé à arriver à l’hôpital local avec les « restes de leurs enfants » dans les mains.
Tareq Abu Azzoum, d’Al Jazeera, a déclaré depuis Deir el-Balah que les frappes étaient concentrées sur des quartiers fortement peuplés, des écoles de fortune et des immeubles résidentiels où les gens s’étaient réfugiés.
« Nous avons entendu au cours de la dernière heure une présence claire de drones et d’avions de chasse israéliens dans le ciel de la zone centrale et nous savons que parmi les victimes de l’attaque se trouvaient des nouveau-nés, des enfants, des femmes et des personnes âgées », a déclaré Tareq Abu Azzoum, ajoutant que plusieurs hauts responsables du Hamas auraient également été tués.
Les négociations de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas sont au point mort
Le bureau des médias du gouvernement à Gaza a déclaré : « Ces massacres brutaux commis par l’armée d’occupation israélienne réaffirment que cette occupation ne comprend que le langage du meurtre, de la destruction et du génocide. Ils révèlent les véritables intentions de l’occupation en faisant couler le sang d’innocents sans la moindre retenue morale ou légale, prouvant qu’ils ont un plan prémédité pour continuer à commettre un génocide contre des enfants et des femmes, comme on le voit sur le terrain. Cela confirme qu’il s’agit d’une occupation assoiffée de sang. »
Les négociations sur la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu, qui prévoit la libération de près de 60 captifs restants et l’établissement d’un cessez-le-feu permanent, sont dans l’impasse en raison de l’insistance d’Israël pour que la première étape soit prolongée jusqu’à la mi-avril.
Le Hamas a libéré environ trois douzaines de captifs en échange de près de 2000 prisonniers palestiniens depuis le début du cessez-le-feu.
Bien qu’Israël n’ait pas explicitement déclaré la fin du cessez-le-feu, de hauts responsables ont indiqué que l’assaut sur Gaza se poursuivrait.
Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a déclaré que les « portes de l’enfer » s’ouvriraient dans l’enclave si les derniers captifs n’étaient pas libérés. « Nous ne cesserons d’attaquer tant que tous les otages ne seront pas rentrés chez eux et que tous les objectifs de la guerre n’auront pas été atteints », a vomi Katz dans un communiqué.
Depuis Amman, en Jordanie, Hamdah Salhut, d’Al Jazeera, a rapporté que si Israël a accusé le Hamas de rejeter diverses propositions faites par les négociateurs, les pourparlers ont été bloqués du fait que Netanyahu a refusé d’entamer les négociations sur la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu le 6 février.
« Plusieurs analystes israéliens, plusieurs au sein de l’opposition politique et plusieurs au sein du propre gouvernement de Netanyahu ont déclaré que c’était le plan depuis le début : une reprise des combats, pour revenir à une guerre totale », a déclaré Salhut.
« Et en fait, il y a un nouveau chef d’état-major de l’armée, qui a déclaré que 2025 sera une année de guerre – notant qu’Israël a encore beaucoup d’objectifs à atteindre en ce qui concerne la bande de Gaza, ce qui signifie qu’ils n’ont en aucun cas terminé leur action militaire. »
L’attaque génocidaire contre Gaza, qui a déjà duré 18 mois, a rasé une grande partie de l’enclave, réduisant en ruines maisons, hôpitaux et écoles.
Selon les autorités sanitaires palestiniennes, les forces israéliennes ont massacré jusqu’à présent plus de 48 000 personnes dans le territoire, des milliers de dépouilles bloquées sous les décombres restant encore à dénombrer.
« Surprise et choc » à Gaza après les violentes attaques israéliennes
Hind Khoudary, rapportant depuis Deir el-Balah, au centre de Gaza.
Les attaques israéliennes ont surpris et choqué les habitants de la bande de Gaza. La plupart des gens dormaient et ont été réveillés par le bruit des bombardements massifs.

Des Palestiniens, dont des enfants et des femmes, qui ont perdu la vie lors d’attaques israéliennes sont amenés à la morgue de l’hôpital Nasser à Khan Younis mardi – Photo : Abdallah F.s. Alattar
Ce cessez-le-feu était très fragile, avec au moins 150 Palestiniens tués au cours des deux derniers mois. Mais les Palestiniens ne s’attendaient pas à cela.
C’est le ramadan, et tout le monde jeûne. On s’attendait à ce que les gens passent au moins les derniers jours du ramadan sans aucune frappe aérienne.
Beaucoup de personnes sont portées disparues et coincées sous les décombres. Entre-temps, nous avons appris que les autorités israéliennes ont restreint toutes les évacuations médicales de Palestiniens qui avaient lieu tous les jours par le poste frontière de Rafah.
Les Palestiniens sont désespérés et tous les parents ont peur pour leurs enfants.
Les captifs restants auraient pu être libérés grâce aux négociations, mais Israël a choisi de relancer la guerre génocidaire à Gaza
Hamdah Salhu, rapportant depuis Amman, en Jordanie.
Al Jazeera fait son reportage depuis Amman, en Jordanie, car Israël et l’Autorité palestinienne l’ont interdit en Cisjordanie occupée.
Le bureau du Premier ministre israélien invoque la libération des prisonniers comme principale raison de sa décision d’attaquer la bande de Gaza. Mais il convient de mentionner qu’Israël lui-même avait décidé de se retirer des négociations pour la deuxième phase de cet accord qui devait finalement mettre fin à la guerre et permettre la libération des 59 prisonniers israéliens toujours détenus à Gaza.
Ces négociations étaient censées avoir lieu il y a plusieurs semaines, en fait, il y a plus d’un mois. Mais Netanyahu a longtemps refusé d’envoyer une délégation dans la capitale égyptienne ou qatarie pour rencontrer les médiateurs et discuter de ce qui peut être fait pour la prochaine phase de l’accord.
Cependant, après la pression américaine, suivie d’une visite de l’envoyé américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, dans la région, Netanyahu a finalement décidé d’envoyer une délégation israélienne, mais les responsables qui se sont exprimés anonymement ont déclaré que les écarts à combler étaient si importants, qu’il y avait tant de désaccords entre Israël et le Hamas que les médiateurs ne pouvaient pas rapidement combler ces écarts.
Cependant, le Hamas avait réaffirmé qu’il était, une fois de plus, prêt à libérer tous ses prisonniers restants en échange de la fin de la guerre.
L’attaque israélienne vaut une « condamnation à mort » pour les captifs
Izzat al-Risheq, membre du bureau politique du Hamas, affirme qu’Israël sacrifie la vie de ses derniers prisonniers en Palestine. « La décision de Netanyahu de reprendre la guerre est une décision de sacrifier les prisonniers de l’occupation et une condamnation à mort contre eux », a déclaré al-Risheq dans une déclaration relayée par CNN.
« L’ennemi n’obtiendra pas par la guerre et la destruction ce qu’il n’a pas réussi à obtenir par les négociations », a-t-il ajouté.
Israël n’a « jamais été sérieux » au sujet de la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu à Gaza
Nous avons écangé avec Mohamad Elmasry, professeur à l’Institut d’études supérieures de Doha, de l’approche d’Israël dans les négociations de cessez-le-feu.
Voici ce qu’il a déclaré :
« Dès le début, il était clair qu’Israël n’a jamais été sérieux au sujet du passage à la deuxième phase de l’accord qui devait finalement mettre fin à la guerre. Israël continue de parler de la nécessité de pouvoir retourner en guerre pour éliminer le Hamas. Au cours de la première semaine de l’accord de cessez-le-feu, on a demandé au président américain Donald Trump s’il était confiant dans la poursuite du cessez-le-feu, et il a répondu qu’il n’était pas du tout confiant, que c’était la guerre d’Israël et que c’était leur affaire.
« Nous avons eu un autre indice le seizième jour de la première phase du cessez-le-feu, c’est-à-dire au moment où les négociations pour la deuxième phase étaient censées commencer et Israël a catégoriquement refusé de s’engager dans ces négociations.
« En fin de compte, Israël a envoyé une délégation pour entamer les négociations, mais ils n’ont jamais parlé de la deuxième phase. En fait, leur discussion portait uniquement sur la manière de prolonger la première phase, ils ont donc changé les règles du jeu en cours de route.
« Ces deux derniers jours, l’envoyé américain Steve Witkoff a déclaré que le Hamas avait refusé la proposition. En réalité, ce n’est pas ainsi que nous devrions présenter les choses.
« Nous devrions plutôt dire que le Hamas voulait s’en tenir à l’accord signé il y a plusieurs semaines et que c’étaient Israël et les États-Unis qui essayaient de changer les règles du jeu. »
Auteur : Al-Jazeera
* Lancée en 1996, Al Jazeera Arabic a été la première chaîne d'information indépendante du monde arabe à se consacrer à la diffusion d'informations complètes et de débats en direct. Al Jazeera English, qui a été lancée en 2006, fait partie d'un réseau en pleine expansion comprenant plus de 10 chaînes et divisions. Al Jazeera est un organisme d'information indépendant financé en partie par le gouvernement qatari.
18 mars 2025 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine
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