Gaza : sous des prétextes nauséabonds, les Israéliens affichent une barberie sans limites

19 mars 2025 - Des enfants palestiniens contemplent le site où une tente pour les Palestiniens déplacés a été touchée par une frappe aérienne israélienne dans la zone de Mawasi, une zone prétendument désignée comme « zone humanitaire », à l'ouest de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. Les frappes ont tué une Palestinienne enceinte et ses enfants, et en ont grièvement blessé d'autres. Après le massacre commis il y a deux nuits, au cours duquel des centaines de Palestiniens ont été tués, les forces coloniales israéliennes ont continué à bombarder pendant la nuit, tuant au moins 24 Palestiniens dans toute la bande de Gaza - Photo : Doaa Albaz / Activestills

Par Qassam Muaddi

Israël se sentait acculé à la veille de son retour aux bombardements parce que le Hamas allait forcer Netanyahu à honorer l’accord de cessez-le-feu qu’il avait signé. Confronté à ses propres défis politiques internes, le seul choix de Netanyahu était de faire exploser l’accord.

Israël a annoncé la reprise de son assaut militaire sur la bande de Gaza tôt mardi matin. La première vague de frappes aériennes a tué plus de 400 Palestiniens, dont 130 enfants, et en a blessé plus de 500, selon le ministère de la Santé de Gaza.

La Société palestinienne du Croissant-Rouge a déclaré que plusieurs familles avaient été complètement décimées lors de l’assaut.

La nouvelle offensive visait également des personnalités clés des autorités administratives civiles de Gaza, dans le cadre d’une nouvelle stratégie visant à saper la capacité du Hamas à gouverner à Gaza en ciblant « non seulement les dirigeants militaires du Hamas, mais aussi ses dirigeants civils », selon une source israélienne interne qui s’est adressée à Haaretz mardi.

Dans un communiqué, le bureau des médias du gouvernement de Gaza a déploré la mort du coordinateur de l’action gouvernementale à Gaza, Isam Da’alis, du vice-ministre de la Justice, Mahmoud Hatteh, du vice-ministre de l’Intérieur, Ahmad Abu Watfeh, et du chef des services de sécurité, Bahjat Abu Sultan.

Mais qu’est-ce qui explique le moment choisi par Israël pour relancer ses attaques et la décision de Netanyahu de reprendre le génocide alors que des pressions internes s’exerçaient pour maintenir le cessez-le-feu afin d’obtenir la libération d’un plus grand nombre de prisonniers israéliens ?

Les circonstances entourant les discussions sur le cessez-le-feu en cours la semaine dernière apportent quelques réponses.

Sortir d’une impasse

La reprise des attaques israéliennes sur Gaza intervient près de deux mois après la signature d’un accord de cessez-le-feu avec le Hamas, négocié par l’Égypte, le Qatar et les États-Unis.

L’offensive fait également suite à plus d’un mois de tentatives infructueuses pour passer à la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu, qui vise à inclure des pourparlers sur la fin de la guerre et le début de la reconstruction de Gaza en échange de la libération de tous les captifs israéliens restants.

Pendant des semaines, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évité de lancer la deuxième phase de l’accord et a continué à faire pression pour une prolongation de la première phase, dans le but de libérer le plus grand nombre possible de prisonniers israéliens sans s’engager à mettre fin à la guerre à Gaza.

Puis, début mars, Israël a bouclé le passage de Rafah et bloqué l’entrée de toute aide humanitaire à Gaza. L’impact de la fermeture a été immédiat, les prix des marchandises ayant triplé dans toute la bande de Gaza et les boulangeries ayant fermé, tandis que des organisations internationales comme l’UNRWA limitaient le montant de l’aide fournie aux civils.

Les sept hôpitaux encore partiellement opérationnels à Gaza ont averti qu’ils cesseraient bientôt de fonctionner en raison du manque de carburant pour alimenter leurs générateurs. Selon l’ONU, la faim commence à menacer à nouveau la population dévastée de Gaza.

Ces mesures israéliennes, qui violaient les termes du cessez-le-feu, ont été considérées comme une tentative de la part d’Israël de faire pression sur le Hamas pour qu’il fasse des concessions sur ses conditions concernant la fin de la guerre, à savoir renoncer au contrôle de la bande de Gaza et revenir sur sa condition d’un retrait complet d’Israël de Gaza, en particulier du couloir de Philadelphi le long de la frontière égyptienne.

Netanyahu avait répété tout au long de la première phase du cessez-le-feu qu’il n’accepterait aucun rôle du Hamas ou de l’Autorité palestinienne dans la gestion de Gaza après la guerre. Cela rendait toute discussion d’après-guerre avec le Hamas inutile.

L’envoyé de Trump dans la région, Steve Witkoff, a également affirmé le 26 février que le maintien du Hamas à la tête de la bande de Gaza était « une ligne rouge » tant pour Israël que pour les États-Unis.

Même lorsque l’autre envoyé spécial de l’administration américaine, Adam Boehler, a annoncé que le Hamas était prêt à discuter non seulement de l’abandon du pouvoir, mais aussi du désarmement (une affirmation que le Hamas n’a jamais confirmée), Israël a jugé inacceptables les pourparlers directs de Boehler avec les représentants du Hamas.

En bref, Israël a usé de tous les stratagèmes possibles pour tenter de reporter la mise en œuvre du cessez-le-feu dans toutes ses phases.

Mais le Hamas a mis des bâtons dans les roues en annonçant la semaine dernière qu’il était prêt à libérer le prisonnier israélo-américain Edan Alexander et les dépouilles de quatre autres prisonniers israéliens décédés en échange d’« une feuille de route claire pour les négociations sur la deuxième phase ».

Netanyahu était outré, car le Hamas tenait Israël à l’accord de cessez-le-feu qu’il avait volontairement signé. Acculé, Netanyahu a accusé le Hamas de « manipulation » et de « guerre psychologique », insistant sur le fait que le Hamas « reste ferme dans son refus et n’a pas bougé d’un pouce ».

La seule façon de sortir de l’impasse était de faire exploser l’accord dans son intégralité.

Mais il y a aussi des raisons politiques internes qui sous-tendent la nouvelle attaque d’Israël.

Netanyahu et ses seconds couteaux

Un autre aspect de la décision de Netanyahu de retourner au génocide concerne sa bataille interne avec le système juridique et politique israélien, ainsi que sa constellation d’alliances d’extrême droite et leurs demandes de reprise des hostilités.

Les fascistes alliés de Netanyahou, qui composaient son cabinet jusqu’au cessez-le-feu, considèrent que ce dernier est une capitulation inacceptable devant le Hamas et qui doit être annulée.

L’allié clé de Netanyahou, le ministre des Finances de la ligne la plus extrême, Bezalel Smotrich, est resté dans la coalition gouvernementale malgré son opposition au cessez-le-feu afin d’assurer la stabilité du gouvernement. Le prix de consolation a été la nouvelle attaque contre la Cisjordanie, baptisée « Opération Mur de Fer ».

Mais Smotrich a également déclaré à plusieurs reprises que Netanyahu lui avait promis de reprendre la guerre, s’attendant à une attaque encore plus dure et plus cruelle contre la population de Gaza qui entraînerait son déplacement massif.

Netanyahu n’a jamais nié avoir fait de telles promesses, mais même les familles des captifs israéliens ont accusé à plusieurs reprises Netanyahu d’être plus fidèle à ses promesses envers Smotrich qu’à la vie de leurs proches captifs à Gaza.

L’autre figure clé de l’extrême-droite religieuse israélienne, Itamar Ben-Gvir, avait quitté le gouvernement après la signature de l’accord de cessez-le-feu. Mardi, après qu’Israël a officiellement annoncé la reprise de la guerre, Ben-Gvir a accepté de revenir au cabinet de Netanyahu.

Tous ces événements se sont produits alors que Netanyahu continue de renforcer son propre contrôle sur les organes décisionnels d’Israël. Après la démission de l’ancien chef d’état-major de l’armée, Herzl Halevi, Netanyahu a nommé Eyal Zamir, décrit par les médias israéliens comme proche de Netanyahu, comme prochain chef de l’armée.

Netanyahu a également limogé le chef des services de renseignement intérieur, Ronen Barr, un jour avant la reprise de la guerre. Bar a refusé la destitution, ce qui a ajouté à la crise politique actuelle en Israël.

Cette crise politique comporte plusieurs facettes.

Tout d’abord, les dirigeants israéliens ne parviennent pas à s’entendre sur la formation d’une commission d’enquête sur les défaillances en matière de sécurité lors des attaques du 7 octobre.

Les opposants de Netanyahu l’accusent de tenter de manipuler sa formation pour se soustraire à l’enquête, tandis que Netanyahu accuse ses opposants de vouloir utiliser la commission pour l’attaquer politiquement.

Deuxièmement, Netanyahou lui-même fait l’objet de multiples accusations de corruption et d’un procès en cours qui continue d’être reporté en raison de la guerre.

Mardi, une nouvelle audience prévue pour Netanyahu au tribunal israélien pour ses affaires de corruption a été suspendue en raison du retour au génocide.

Des intérêts convergents

Pour les États-Unis, et en particulier pour l’administration Trump, le programme au Moyen-Orient a toujours semblé plus important que la guerre d’Israël contre Gaza et les jeux politiques de Netanyahu. Trump s’était engagé à mettre fin à la guerre et à passer à des accords de normalisation entre Israël et les pays arabes, en particulier l’Arabie saoudite.

Cela ne semblait plus tenable si Trump s’obstinait à vouloir « posséder Gaza » et à la transformer en « Riviera » après l’expulsion de sa population. Steve Witkoff a rencontré les ministres des Affaires étrangères arabes à Doha la semaine dernière, acceptant apparemment de prendre le plan arabe de reconstruction de Gaza sans déplacement de la population comme « base » des plans de reconstruction.

Cependant, cette vision plus large du Moyen-Orient par les États-Unis pourrait être elle-même une raison derrière la reprise de la guerre génocidaire par Israël.

Un jour avant le retour des bombardements israéliens, les États-Unis ont lancé une série de frappes contre le Yémen, où le mouvement Ansar Allah (communément appelé les « Houthis ») avait également repris ses attaques contre les navires israéliens et américains en mer Rouge en réponse au blocage par Israël de l’aide humanitaire à Gaza.

Lundi, Trump a directement accusé l’Iran d’être responsable des actions d’Ansar Allah, promettant que Téhéran « en subira les conséquences ».

Alors que les tentatives de redessiner la carte géopolitique du Moyen-Orient se poursuivent, Israël insistant pour maintenir son occupation récente de nouveaux territoires syriens et de positions militaires dans le sud du Liban, les États-Unis font maintenant une démonstration de force contre l’Iran.

L’appui de Washington à la nouvelle campagne de bombardements d’Israël doit être compris dans ce même contexte.

Après plus d’un an et demi d’attaques israéliennes généralisées contre leur vie, les Palestiniens de Gaza se retrouvent pris au milieu de ces intérêts croisés. Cela se produit à nouveau dans un silence assourdissant de la prétendue communauté internationale, pour qui la vie des Palestiniens continue d’être considérée comme négligeable.

18 mars 2025 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine

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