
23 mars 2025 - Des Palestiniens s'efforcent de collecter de la nourriture dans des sacs en plastique et des casseroles à Tekiyat al-Saada, une cuisine solidaire, le 20 mars, à Khan Yunis, pour les repas de l'iftar pendant le mois sacré du ramadan. Alors qu'Israël continue de bloquer l'entrée de nourriture et d'aide humanitaire à Gaza depuis le 2 mars, la situation à Gaza est des plus préoccupantes, ont déclaré des sources de l'UNRWA - Photo : Doaa Albaz / Activestills
Par Adnan Hmidan
Gaza n’est pas seulement un endroit bombardé fréquemment, dont nous pouvons voir des images aux infos ou sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui Gaza est aussi un test de conscience pour chaque individu, une histoire écrite par tous ceux qui choisissent de participer à la lutte pour la justice contre l’oppression. A chaque maison détruite, des lignes tragiques sont écrites, et à chaque enfant fait martyre, des actes d’héroïsme se gravent dans notre mémoire. Ainsi comment écrivons-nous notre histoire en soutien à Gaza ?
Nous contenterons-nous d’être de simples spectateurs des massacres ? Nous laisserons-nous aller à pleurer quelques temps, pour oublier ensuite, comme beaucoup le font ? Ou bien serons-nous de ceux qui ne se contentent pas de mots mais défendent fermement ce qui est juste, de toute leur force, et écriront leur nom en lettres majuscules dans les pages des livres d’histoire comme ceux qui ont choisi de prendre part au changement pour le bien.
Certains pensent peut-être que leur rôle est insignifiant, qu’ils n’ont pas le pouvoir d’avoir un impact, mais ce n’est pas un cliché de dire que l’injustice ne persiste que lorsque les bonnes personnes se taisent.
La vérité peut être plus puissante que n’importe qu’elle arme. Par ailleurs, se taire ne veut pas dire rester neutre. Et c’est feu Desmond Tutu, militant anti-apartheid, qui disait, « Si vous restez neutre dans des situations d’injustice, vous avez choisi le camp de l’oppresseur ? »
Vous êtes alors complice de l’injustice.
Si nous n’avons pas les moyens de prendre part à la solution, abstenons-nous au moins de répandre des mensonges ou de justifier l’oppression. Si nous ne pouvons pas soutenir physiquement les opprimés, alors nous devrions au moins contribuer à mettre fin à l’injustice avec nos mots.
Ne soyons pas ceux qui propagent des récits trompeurs qui présentent l’agresseur en victime, et la victime en agresseur. Ne soyons pas ceux qui répandent des mensonges qui dénaturent la vérité. Soyons aux côtés des opprimés, même si la seule chose que nous ayons à offrir est la vérité.
La guerre contre les Palestiniens à Gaza n’est pas qu’un conflit militaire, c’est une guerre contre la conscientisation, la mémoire et la vérité elle-même. Le but ultime de l’agresseur est d’effacer toutes les trois. Ce qui est ciblé aujourd’hui, ce n’est pas seulement la terre mais le droit à la vie et à la dignité.
La bataille ne se limite pas au champ de bataille, mais s’étend au domaine des idées, de la conscience et des positions.
Écrire notre histoire en soutien à Gaza ne veut pas dire que nous sommes seulement désolés pour les victimes du génocide perpétré par Israël en attendant les inévitables moments qui apporteront de nouveaux chagrins. Cela veut dire prendre la responsabilité de dire la vérité , d’être la voix des opprimés et ne pas permettre que des discours mensongers ne soient pas réfutés.
Soutenir Gaza c’est dire la vérité, même si cela nous coûte cher, car la vérité n’a pas besoin de permission pour être dite.
Soutenir Gaza c’est combattre les contrevérités et les mensonges, c’est refuser d’accepter que les assassins passent pour les victimes ou que l’élimination d’innocents et la destruction de leurs maisons passent pour justifiées.
Soutenir Gaza signifie maitriser notre langue ; dire ce qui est juste ou bien se taire.
Soutenir Gaza signifie maintenir sa cause en vie dans nos cœurs et nos esprits, et ne pas permettre qu’elle tombe dans l’oubli comme le veulent les ennemis sionistes, car ils ont parié sur l’idée que« les vieux mourront et que les jeunes oublieront».
A chaque instant il nous est demandé de quel côté nous sommes dans ce conflit. Serons-nous de ceux qui regardent le massacre se dérouler puis reprennent leur vie quotidienne comme si rien de ce qui nous touche ne s’était produit ? Ou bien serons-nous de ceux qui insistent que Gaza n’est pas seule dans sa lutte, et que nous faisons partie de son peuple et que sa cause est aussi la nôtre ?
Nous ne pouvons tous être des héros sur le terrain, mais nous pouvons faire en sorte que nos paroles et nos actes soient à la hauteur du défi de voir la vérité l’emporter sur le mensonge. Nous devons écrire notre histoire avec des mots forts et des actes justes, en ne gardant pas le silence et en n’essayant pas de justifier l’oppression.
Les tyrans parient sur l’espoir que tout le monde oubliera, mais nous, nous plaçons notre confiance dans le fait que la Vérité ne meurt pas, à moins que nous ne l’abandonnions.
Auteur : Adnan Hmidan
* Adnan Hmidan est présentateur, consultant et formateur. Sesarticles sont régulièrement publiés dans Middle East Monitor.
20 mars 2025 – Middle East Monitor – Traduction: Chronique de Palestine – MJB
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