
12 avril 2025 - Des Palestiniens blessés sont transportés d'urgence à l'hôpital baptiste, avec les corps des personnes tuées, après qu'une borne de recharge téléphonique a été prise pour cible dans le centre de la ville de Gaza. Les bombardements israéliens incessants se poursuivent, y compris dans la dite « zone de sécurité » du camp de tentes d'Al-Mawasi. Les quelques hôpitaux restants connaissent une grave pénurie de médicaments et de fournitures médicales, qui n'ont pas été réapprovisionnés depuis une quarantaine de jours en raison du blocus complet de la bande de Gaza par Israël - Photo : Yousef Zaanoun / Activestills
Par EuroMed Monitor
L’horrible massacre perpétré par les forces israéliennes dans le quartier d’Al-Shuja’iyya, à l’est de la ville de Gaza, marque une nette escalade dans le génocide en cours et un déni flagrant du droit à la vie du peuple palestinien dans la bande de Gaza. Cette attaque représente une tentative explicite et délibérée d’effacer complètement la présence palestinienne à Gaza.
L’équipe de terrain d’Euro-Med Monitor a constaté qu’à environ 9h28 le mercredi 9 avril 2025, des avions de guerre israéliens ont lancé de multiples frappes aériennes utilisant des bombes très destructrices sur un quartier résidentiel densément peuplé de la rue Bagdad dans le quartier d’Al-Shuja’iyya.
L’attaque a entraîné la destruction complète d’une dizaine de maisons, dont les habitants étaient encore à l’intérieur, causant la mort de plus de 35 civils et en blessant plus de 50 autres.
Des rapports préliminaires indiquent que des dizaines de personnes restent coincées sous les décombres. Bien que les équipes de protection civile aient pu sauver quelques personnes à l’aide d’outils de base, les opérations de sauvetage ont dû être suspendues dans la soirée en raison des dangers extrêmes auxquels sont confrontés les secouristes dans la zone ciblée.
L’équipe d’Euro-Med Monitor a également recueilli des appels de détresse de personnes piégées sous les décombres, appelant à l’aide et orientant les sauveteurs vers leur emplacement.
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Malgré le besoin urgent d’équipements lourds pour déblayer les décombres et atteindre les survivants, les efforts de sauvetage reposaient entièrement sur des méthodes primitives et des outils manuels. Certaines victimes sont mortes de suffocation ou de blessures non soignées en raison des retards dans les opérations de sauvetage.
En plus de ce massacre, des avions de guerre israéliens ont bombardé une autre maison dans le même quartier, tuant cinq autres civils et en blessant plusieurs autres.
Cette attaque s’inscrit dans le cadre d’un assaut plus large contre Al-Shuja’iyya, qui a débuté à l’aube du jeudi précédent par la détonation d’un robot chargé d’explosifs, suivie d’un bombardement aérien généralisé et d’ordres de déplacement forcé. L’assaut se poursuit.
Des sources militaires israéliennes ont tenté de justifier le massacre en affirmant qu’il visait un « commandant militaire du Hamas » – un discours récurrent utilisé pour justifier le massacre délibéré de civils dans le cadre d’une campagne plus large de génocide à Gaza.
Israël répète constamment la même affirmation chaque fois que l’opinion publique mondiale se retourne contre ses actions – en prétendant qu’il visait des « militants » – pour justifier les attaques contre les civils.
Cependant, il ne fournit aucune preuve vérifiable et ne permet pas à des organismes indépendants d’évaluer la validité de ces affirmations.
Ces affirmations ne dispensent pas Israël des obligations qui lui incombent en vertu du droit international, notamment le devoir de mener des enquêtes efficaces, de demander des comptes aux auteurs de ces actes et d’accorder réparation aux victimes.
Cela ne dispense pas non plus les autres États de leurs responsabilités légales en matière d’enquête, de responsabilisation et de justice pour les victimes.
L’acceptation automatique des revendications non étayées d’Israël lui donne en fait un chèque en blanc pour continuer à cibler des civils sous un faux prétexte juridique, ce qui nuit à l’intégrité et à l’efficacité du système juridique international.
Même si un combattant était présent ou passait dans la zone, cela ne justifierait pas les massacres brutaux et n’exonérerait pas Israël de ses obligations juridiques contraignantes en vertu du droit humanitaire international.
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Ces obligations comprennent l’adhésion aux principes d’humanité, de distinction, de nécessité militaire, de proportionnalité et de précaution, qui doivent tous être respectés dans la planification et l’exécution de toute opération militaire, sans exception. Cela inclut les décisions concernant les méthodes et les moyens de guerre, qui doivent être conçus pour minimiser les pertes et les dommages civils.
Les détails du massacre – en particulier l’ampleur des destructions et le nombre élevé de victimes civiles – ne laissent aucun doute sur le fait que les forces israéliennes ont ignoré de manière flagrante les principes fondamentaux du droit humanitaire international.
L’attaque a visé une zone civile densément peuplée, touchant principalement des enfants, en utilisant des armes extrêmement destructrices. Elle a été exécutée sans distinction entre les cibles militaires et civiles, et sans prendre les précautions nécessaires pour prévenir ou minimiser les dommages aux civils.
L’ensemble de ces circonstances indique clairement que l’attaque a été coordonnée et délibérément dirigée contre des civils, ce qui confirme le caractère illégal de l’opération et la qualifie de crime international grave justifiant des poursuites et l’obligation de rendre des comptes.
Le massacre des Palestiniens a été normalisé, ne suscitant que le silence, comme si Israël pouvait ouvertement et sans crainte de répercussions morales ou juridiques ôter la vie à des civils palestiniens. Cette sombre réalité semble avoir été implicitement acceptée par la communauté internationale.
La tolérance de la communauté internationale à l’égard de cette série de crimes n’est pas seulement un échec moral – elle constitue un manquement grave aux obligations juridiques des États et de la communauté internationale.
Cette tolérance transforme effectivement le massacre des Palestiniens d’un acte criminel en une politique exécutée publiquement. Dans ce contexte, le silence mondial équivaut à un échec direct de l’obligation légale de prévenir et de punir le génocide, comme le prévoit la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Les méthodes d’assassinat d’Israël reflètent une politique claire et délibérée visant à éradiquer les civils palestiniens dans l’ensemble de la bande de Gaza.
Elle répand la terreur, prive les gens d’un abri et même d’une stabilité momentanée, oblige à des déplacements répétés et impose des conditions de vie mortelles.
Cette situation est encore aggravée par les bombardements continus dans la bande de Gaza, y compris les attaques contre les zones désignées comme « zones humanitaires » et la destruction ciblée des abris, dont beaucoup sont situés dans les installations de l’UNRWA.
Tous les pays, à la fois individuellement et collectivement, doivent remplir leurs obligations légales et agir de toute urgence pour mettre fin au génocide dans la bande de Gaza sous toutes ses formes. Ils doivent prendre toutes les mesures pratiques pour protéger les civils palestiniens.
Euro-Med Monitor souligne la nécessité de veiller à ce qu’Israël respecte le droit international et les arrêts de la Cour internationale de justice et de garantir qu’il rende des comptes pour les crimes qu’il a commis contre le peuple palestinien.
En outre, les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale à l’encontre du Premier ministre et du ministre de la Défense israéliens doivent être exécutés dans les plus brefs délais, et la Cour doit être autorisée à les traduire devant la justice internationale.
La communauté internationale doit immédiatement imposer des sanctions économiques, diplomatiques et militaires à Israël en réponse à ses violations graves et systématiques du droit international.
Ces sanctions devraient inclure l’interdiction d’exporter et d’importer des armes impliquant Israël, la suspension de tout soutien ou coopération politique, financière et militaire, le gel des avoirs financiers appartenant à des individus responsables de crimes contre les Palestiniens et l’imposition d’interdictions de voyager à ces individus.
En outre, tous les privilèges commerciaux et accords bilatéraux qui confèrent à Israël des avantages économiques lui permettant de poursuivre ses actions à Gaza doivent être suspendus sans délai.
Enfin, tous les États et entités concernés doivent demander des comptes aux gouvernements complices – au premier rang desquels les États-Unis – ainsi qu’aux autres nations qui apportent à Israël un soutien direct ou indirect dans l’accomplissement de ses crimes.
Toute forme d’assistance ou de collaboration avec les secteurs militaire, du renseignement, politique, juridique, financier ou médiatique d’Israël contribue à la poursuite des atrocités commises à l’encontre du peuple palestinien.
Auteur : EuroMed Monitor
* L'Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme est une organisation indépendante à but non lucratif dirigée par des jeunes qui défend les droits humains de toutes les personnes à travers l'Europe et la région MENA, en particulier celles qui vivent sous occupation, en proie à la guerre ou à des troubles politiques et/ou ont été déplacés en raison de persécutions ou de conflits armés.
10 avril 2025 – EuroMed-Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Éléa Asselineau
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