« Nous allons envoyer à l’étranger des romanciers et des écrivains connus, des compagnies théâtrales, des expositions (…) On montrera ainsi un plus joli visage d’Israël, pour ne plus être perçus dans un contexte de guerre. » Arye Mekel, vice-directeur général de la DCSA au ministère des affaires étrangères israélien, en 2009 à la fin de la guerre contre Gaza.
Déconstruction de l’opération de propagande israélienne : objectif atteint !
Si en finançant et promouvant à l’étranger le spectacle et l’auteur de We love arabs, l’État israélien espérait une fois de plus instrumentaliser la culture pour donner de lui une image séduisante en vue de faire oublier l’apartheid, les persécutions, les milliers de martyrs et les 6500 prisonniers politiques palestiniens, l’opération israélienne à Montpellier est un fiasco complet !
Théâtre barricadé, toutes voies d’accès étroitement surveillées, quadrillage policier d’exception, check-point policier à distance de l’accès à la salle de spectacle avec liste noire de spectateurs-trices interdits-tes d’entrée (bien que munis-es de leur billets), peloton de police, avec casques et boucliers pour harceler et parquer une centaine de manifestants-tes non-violents-tes dont les 2/3 du quartier venus-es avec leurs enfants, voilà le spectacle visible à l’extérieur du théâtre pendant que se déroulait dans le théâtre, à huis clos, le spectacle soutenu par Israël avec la protection de l’État français, la complicité de la municipalité et de la direction du théâtre.
En à peine quatre mois de sensibilisation pour le boycott de ce spectacle auprès des habitants-tes du quartier populaire de La Paillade, grâce à leur mobilisation, BDS France Montpellier a atteint son objectif : Déconstruire l’opération de la Hasbara (propagande) israélienne et la « normalisation ».
Le spectacle s’est déroulé sous haute protection policière, avec une police exclusivement tournée contre la population du quartier. Très majoritairement issue de l’immigration coloniale la population a, durant ces derniers mois, exprimé massivement et de diverses façons (pétition, commerçants, manifestations, réseaux sociaux…) son opposition à la présence d’un État colonial et raciste en ses murs, sous quelque forme que ce soit (fruits et légumes, produits culturels, sportifs etc.).
Elle a ainsi concrètement contribué à la construction de la Zone Libre d’Apartheid Israélien (ZLAI) de ce quartier.
Non à l’israélisation de La Paillade !
La venue du spectacle soutenu par Israël a provoqué « l’israélisation » du théâtre Jean Vilar et du quartier alentour. Israélisation signifie l’exportation des schémas sécuritaires israéliens appliqués aux palestiniens (considérés globalement comme une population « terroriste » puisqu’elle résiste, y compris de façon non-violente à la colonisation et l’apartheid israélien) à la population des quartiers populaires, voire à toute la société civile. Il s’agit de la généralisation du quadrillage policier, la banalisation de la surveillance privée et du contrôle policier des populations civiles et les atteintes à la liberté d’expression et aux droits démocratiques.
Ainsi les manifestants qui se sont ouvertement déclarés non-violents, qui ont affirmé qu’ils n’avaient aucune intention d’entrer de force dans le théâtre, ni d’empêcher les spectateurs-trices de rentrer n’ont pu manifester devant le théâtre comme ils le souhaitaient. Ils ont été chassés violemment d’un trottoir où ils ne causaient aucune gêne et ne courraient aucun risque pour être entassés et parqués comme du bétail dans un espace plus restreint à seules fins que la police fasse démonstration de sa force, de sa supériorité et de son contrôle arbitraire et humiliant de la situation.
Par ailleurs une liste noire établie sans doute par les renseignements généraux a été établie et utilisée pour empêcher l’accès au spectacle de « certains militants connus-es ». Ainsi trois militantes et un militant BDS France Montpellier se sont vus refuser l’entrée du théâtre au prétexte « qu’ils étaient susceptibles de causer des troubles à l’ordre public » (voir vidéo ci-après). Chacun-e appréciera ici la conception à géométrie variable du « Dialogue » tant prôné par certains-es qu’ils-elles appliquent à l’État d’apartheid mais pas aux militants antiracistes BDS.
Une rencontre réussie et chargée d’émotion avec les invités palestiniens
Si nous avons découvert un Bassem Tamimi, tendu, fatigué et préoccupé par la situation de sa fille et de sa femme qu’il n’avait pas pu voir depuis leur emprisonnement en décembre 2017 et inquiet dans l’attente du verdict du jugement (que nous connaitrons le lendemain : 8 mois de prison pour sa fille et sa femme) il n’a en rien perdu de sa combattivité et il nous a appelé à intensifier le BDS.
Nous regrettons de ne pouvoir retranscrire l’intégralité de l’intervention de Haidar EID, professeur de littérature à Gaza et coordinateur BDS pour la Bande de Gaza. Mais nous espérons que cet extrait vous donnera l’envie de lire ses publications, toujours pertinentes sur l’analyse des situations et les propositions et perspectives pour le mouvement BDS.
Un grand merci à tous-tes les présents en nombre ou représentés : AFPS de Nîmes, BDS France 30, NPA, CMF, CCIPPP34, CIMADE L.R, APLR, UJFP, FUIQP34, MAN…à la FERC-CGT pour son soutien à l’initiative et aux nouveaux et nouvelles habitants-tes du quartier qui ont rejoint la Campagne BDS France Montpellier!
24 mars 2018 – BDS 34